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Culture

Le mec qui ne peignait que les mecs qui perdaient

Richard Lewer ne dessine que des perdants qui pleurent et des sportifs qui s'énervent.
Richard Lewer's Theatre of Sports (2016). All images courtesy of the artist

Richard Lewer, Theatre of Sports (2016). Toutes les images sont publiées avec l’aimable autorisation de l’artiste.

L’artiste australien Richard Lewer aime le sport. Mais contrairement à pas mal d’entre nous, ce qu’il aime le plus ce n’est pas de voire des athlètes se transcender pour accéder à l’exploit salutaire, et arriver à cette victoire qui viendra récompenser des années d’entraînements inhumains. Non, ce qu’aime Richard Lewer c’est de voir des athlètes se transcender pour accéder à l’exploit salutaire, et ne pas y arriver. Richard ne peint que des athlètes qui perdent. Des deuxièmes en pleurs, des tennismen hors de leurs gonds, des blessés défigurés par la douleur, des déceptions en veux-tu en voilà, illustrées dans un style coloré contrastant avec ce qu’il se trame.

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Le projet s’appelle Theatre of Sports et entend exposer la vulnérabilité des sportifs, tous les sportifs. Pendant près de 5 ans, Lewer a collecté des images d’athlètes au plus bas. Nick Kyrgios qui pète un câble et sa raquette, Ronda Rousey l’invaincue vaincue, ou Sally Pearson se blessant aux Jeux Olympiques de Rio.

Nick Kyrgios 

« Comme nation, nous attendons énormément de ces athlètes, on veut qu’ils gagnent à chaque fois et ça nous paraît normal. Moi je suis plus intéressé par leur façon de perdre. » nous explique l’artiste. « La plupart d’entre eux arrivent à s’en remettre et à performer à nouveau. Comment font-ils ? Ces gens perdent et continuent de s’entraîner, d’aimer ce qu’ils font et de gagner. C’est vraiment ça qui m’intéresse sur ce travail, comprendre comment les sportifs se relèvent après une défaite. »

Sally Pearson

En regardant du sport à la télévision, toutes sortes d’émotions peuvent nous atteindre. On peut évidemment être ému par la victoire d’un athlète — et ce, que cette dernière ait été évidente et inattendu — mais on ne va pas se mentir, c’est aussi assez chouette d’attendre la sortie de route, le raté qui fait mal. Une sorte de voyeurisme un peu malsain mais qui confère au sport tout son intérêt. « C’est parfois un peu angoissant. Dans un mois il y aura la finale du foot australien, à coup sûr il y aura des gros plans de l’équipe perdante au sol, pleurant leur défaite. Il faut bien que quelqu’un perdre mais pourquoi s’attarder sur ça à la télé ? »

Ronda Rousey defeated

Les jeux Olympiques de Rio ont eux aussi contribué à la série de Lewer. « Beaucoup de nos athlètes sont les meilleurs en Australie et, évidemment, lorsqu’ils sont face au monde entier, ils ne sont plus les meilleurs, seulement les commentateurs semblent s’en foutre et ne les lâchent pas. »

Tout ce qu’il faut savoir de Richard Lewer se trouve sur son site.