Mais à quoi ressemblait vraiment William Shakespeare ?
Image de Une : Portrait Chandos, attribué à John Taylor, ca. 1600-1610. Huile sur toile, 55,2 x 43,8 cm. © National Portrait Gallery, Londres.

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Mais à quoi ressemblait vraiment William Shakespeare ?

L’un des portraits présumés du poète anglais pourrait dissimuler les traits authentiques de celui dont on connaît finalement peu de choses.

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Si l’œuvre de William Shakespeare est connue de tous, les traits du poète anglais — comme les détails de sa vie — restent, aujourd’hui encore, mystérieux. Il y a bien quelques portraits qui nous sont parvenus mais un seul pourrait avoir été réalisé de son vivant. On y voit Shakespeare de trois-quarts, vêtu sombrement, le haut du crâne dégarni mais la chevelure abondante, une moustache et une barbe en pointe et l’oreille gauche percée d’un fin anneau en or. Il s’agit du tableau dit Portrait Chandos — qui charrie lui aussi son lot d’incertitudes.

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Son auteur, d’abord : un certain John Taylor, dont on sait finalement peu de choses — hormis cette œuvre qu’on lui attribue et une supposée amitié avec Shakespeare, dont il est apparemment le contemporain. La date de réalisation, ensuite : entre 1600 et 1610, soit dans les dernières années du dramaturge, disparu en 1616 à l’âge de 52 ans.

Le Portrait Droeshout, gravure de Martin Droeshout qui orne la couverture du Premier Folio de William Shakespeare, publié en 1623, est considéré comme le portrait attesté du poète anglais. Image via Wikimedia Commons

Si on rapporte également la présence du Portrait Chandos dans les murs du Duke’s Theatre, à Londres, au cours du XVIIe siècle, seul le titre amène un semblant de vérité au milieu de toutes ces approximations : il vient tout simplement du fait que le tableau a appartenu au Duc de Chandos, qui l’aurait acheté en 1789.

Ce dont on est enfin absolument certain — et qui a sans doute participé à la renommée du tableau —, c’est que ça été la première peinture donnée à la National Portrait Gallery lorsqu’elle a été créée en 1856. Enregistré sous le numéro d’inventaire NPG1, le Portrait Chandos pourrait aujourd’hui faire l’objet d’un ravalement de façade, comme le rapportait The Art Newspaper fin août.

Le Portrait Cobbe, d'auteur inconnu, est l'une des autres représentations de William Shakespeare qui est encore sujette à controverse. Image via Wikimedia Commons

Des experts estiment en effet que la toile pourrait dissimuler — sous les diverses couches de peinture et vernis qui attestent des nombreuses toilettes et retouches subies au fil des siècles — un portrait préliminaire donnant une meilleure idée des véritables traits du poète. Cette proposition de restauration, suggérée lors d’un séminaire externe, sera débattue l’an prochain par les conservateurs de la National Portrait Gallery.

Toucher à l’œuvre n’est pas sans risque. D’abord en raison de sa fragilité — quasiment au stade de « relique » selon l’institution londonienne —, qui pourrait altérer irrémédiablement le portrait, sans certitude absolue de trouver dans ses prémices un portrait originel plus fidèle. Mais se pose également la question épineuse du choix des restaurations sur lesquelles revenir — comme la longueur de sa barbe, qu’on sait avoir été rallongée a posteriori.

Si le Portrait Chandos a incontestablement besoin d’un rafraîchissement, et quelle que soit la décision de la National Portrait Gallery, le mystère autour du plus célèbre auteur britannique ne désépaissit pas — et c’est peut-être finalement aussi bien comme ça.

Via The Art Newspaper