Se soulager au bureau : quelques principes élémentaires

Boeketje met xc-borstels

Selon le site de l’ONU, « nous sommes en train de transformer notre environnement en un égout à ciel ouvert ». Pas cool. Mais sachez que vous qui chiez sans complexe tous les matins avez la chance de faire partie des 37,5% de privilégiés ayant accès à des W.C. décents. D’après une étude menée auprès de 4775 personnes, un être humain normalement constitué va à la selle entre 3 et 21 fois par semaine. Plus précisément, la production hebdomadaire se situe entre 500 et 1,100 grammes de caca. Beaucoup se trouvent donc dans l’obligation d’évacuer quelques-uns de ces grammes au boulot. Selon un rapport d’une marque suédoise, 11% des salariés utilisent les toilettes du bureau pour se calmer, 5% y mangent, 7% y chialent, 3% en profitent pour faire une sieste et 81% utilisent les toilettes pour, eh bien, aller aux toilettes.

C’est tout pour les chiffres de merde.

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Sur le lieu de travail, les buveurs de café sont sans aucun doute les plus enclins à déféquer. En plus d’offrir une haleine de chacal, ce fameux « petit café avant la réu’ » transforme automatiquement n’importe quel côlon en piste de luge à grande vitesse. Deux groupes démographiques émergent face à cette envie pressante : Les Timides de l’Anus (où gainage, rétention de pets et serrage de cul sont les maîtres-mots) et les Rectums Libérés. Les premiers vont tout mettre en œuvre pour éviter d’avoir à aller se soulager (ce qui peut, dans certains cas extrêmes, mener à un tartinage de siège de bureau), les seconds par contre n’éprouvent aucune gêne et prennent même plaisir à claironner dans l’open-space qu’ils sont en route pour aller poser une pêche. Ce sont bien souvent les stand-up artistes ratés de la boîte, les mêmes qui sont tout excités pour la journée du pull de Noël et décapsulent une bière chaque vendredi à 15h59.

Après plusieurs années en agence, des toilettes, j’en ai vu passer. Et je peux vous dire que c’est le musée de horreurs. Bien trop souvent, l’endroit ressemble à des W.C. publics en cas d’épidémie de gastro. On en vient à se demander si nos collègues ont été élevés par une meute de putois. Traces de freinage, flaques de pisse, tampons non emballés dans la poubelle, poils de cul tire-bouchonnés sur la lunette, effluves nauséabondes. Vous voyez de quoi je parle. Et que dire de cette Culture de la Merde : les paris sur l’auteur de l’Étron Géant Anonyme de 2016 sont toujours ouverts et la légende du chieur fou continue d’être racontée avec force détails aux nouveaux stagiaires.

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Afin d’éviter ce caca-trauma, voici quelques petits conseils pour s’alléger les entrailles au bureau sans heurter la sensibilité de vos collègues.

1. Vérifiez que cette putain de porte est bien verrouillée
Personne n’a envie d’être surpris la mâchoire crispée et les mains sur le ventre en pleine poussée libératrice. Et personne n’a envie de surprendre son collègue, ou pire, son supérieur, dans une position certes humaine, mais qui n’en reste pas moins humiliante.

2. Confectionnez des amortisseurs en papier toilette
Rien de plus humiliant également que d’entendre résonner un ‘plouf’ tristounet après avoir délivré la bête. Tapisser la cuvette d’un petit fond de papier toilette assurera une belle réception et vous évitera les sonorités horrifiantes et autres éclaboussures désagréables. Il s’agit d’une règle stratégique de base. Vos crottes vous seront d’ailleurs reconnaissantes d’être réceptionnées en douceur par ce petit nid douillet confectionné avec amour.

3. Ne laissez aucune trace de patinage
Je vous l’accorde, il s’agit sans doute de l’objet le plus dégueulasse que la planète puisse porter. Cependant, malgré son air d’instrument de torture, la brosse à chiotte n’a pas été déposée dans le coin de la toilette par hasard : FROTTEZ VOS TRACES DE MERDE. Toutes. Sans exception. Et ce même si sortir la brosse de son socle provoque une sensation équivalente à regarder quelqu’un manger son propre vomi. Votre mère ne vous a donc rien appris ?

4. Anticipez l’humiliation olfactive
Surtout si vous passez sur le trône le lendemain du good-bye drink de Benoît. Au cas où l’office manager n’a pas pensé à installer un vaporisateur Airwick, une allumette peut éventuellement limiter les dégâts. Quand vous quittez les lieux incriminés, laissez la porte ouverte pour aérer. Pas sympa de léguer un sauna arôme crotte à vos collègues, même si vous les détestez. Un autre subterfuge consiste à tirer la chasse à peine le golden nugget déposé pour que les effluves n’aient pas le temps de se propager outre-mesure.

5. Regardez derrière vous
Le minimum syndical est de toujours vérifier les lieux avant de quitter le navire. Si par le plus grand des malheurs, une boulette récalcitrante a résisté à la première chasse, n’y allez pas de main morte. Recommencez l’opération. Rien de pire que de laisser un petit paquet flottant au suivant. N’oubliez jamais : MERCI DE LAISSER CET ENDROIT DANS LE MÊME ÉTAT QUE VOUS L’AVEZ TROUVÉ.

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6. Essuyez la clenche
Si par une quelconque manière, vous avez réussi l’exploit de mettre de l’eau (ou tout autre fluide corporel) sur la clenche de la porte, essuyez la. C’est dégoûtant. Grossier. Ignoble. Infâme.

7. Laissez smartphone et autres divertissements sur votre bureau
Au plus vite au mieux. Si vous aimez vous éterniser dans les toilettes de votre taf, vous avez sensiblement un problème psychologique. Emporter un magazine ou votre iPhone lors de votre trajet aux toilettes revient à crier à l’entreprise entière REGARDEZ-MOI BIEN LES GARS, JE VAIS CHIER.

8. Esquives à proscrire
Bien sûr, nous avons tous été tentés d’utiliser des subterfuges plus ou moins désespérés pour faire croire que nous sommes dénués d’intestins et n’avons donc jamais besoin d’aller couler un bronze entre 9 et 18h. Parmi ceux-ci, partir avec des dossiers sous le bras est sans doute l’une des plus ridicules, suivi de la visite aux toilettes d’un autre département. Personnellement, si je vois un mec de la compta sortir des toilettes de notre étage d’un air faussement détendu, c’est grillé : mission caca007 mise à jour.
Mais la palme du ridicule revient à ressortir offusqué de la toilette en vous pinçant le nez afin de faire comprendre au collègue qui veut y entrer que ce n’est pas vous qui avez repeint la porcelaine. La situation est déjà bien assez mortifiante comme ça, pas besoin d’en rajouter.

9. Assumez
Quand il faut y aller, faut y aller. Rien de plus désagréable qu’un ventre ballonné et bavard qui vous empêche de finir ce powerpoint. Gardez à l’esprit que tout est question de timing, de discrétion et de respect, mais n’ayez pas honte de votre corps et de ce dont il se déleste.
Et puis comme le dit si bien Ophélie Sphincter, tout le monde le fait.

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