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Faut-il acheter ses vêtements en ligne pendant une pandémie ?

collage: kleding online kopen tijdens corona

Scroller Instagram cette semaine, c’est comme se promener dans une foire aux bestiaux. Les influenceurs mode proposent leurs éternels codes de réduction. Les marques baissent leurs prix plus bas que jamais. Il y a au moins une constante pendant la pandémie : le capitalisme règne toujours en maître. Les blogueurs, annonceurs publicitaires et entreprises de fast fashion ont plus que jamais soif de notre attention et de notre argent.

Pour ceux qui s’ennuient et sont confinés à la maison avec un revenu, il peut être tentant de commander tous les articles imaginables sur Wish et compagnie. J’entends l’appel, pas vous ? Celui qui dit : nous sommes malades et fatigués du coronavirus, alors commandons des fringues qui nous mettent du baume au cœur.

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Mais ce n’est pas si simple. Devrions-nous vraiment acheter des articles non essentiels en ligne ? En cette période de crise, le shopping en ligne est-il dangereux pour nous et pour les autres ? Et est-il éthique et justifiable ? Commençons par l’aspect sanitaire. Le coronavirus est une maladie respiratoire qui se propage par des gouttelettes en suspension dans l’air. Lorsqu’une personne infectée tousse ou éternue, les gouttelettes contenant le virus peuvent se poser sur le visage de quelqu’un ou être inhalées. Mais on peut également attraper le Covid-19 si on se touche le visage après avoir été en contact avec une surface ou un objet infecté.

Une nouvelle étude, publiée dans le New England Journal of Medicine, s’attarde sur la durée de vie du virus sur divers matériaux. Les chercheurs ont découvert que le virus peut rester viable et infectieux jusqu’à 24 heures sur du carton et jusqu’à 72 heures sur du plastique. Mais on ne sait pas encore combien de temps ce virus vit sur différents textiles, comme les vêtements. Il n’a pas été correctement testé, à l’exception d’une étude du Journal of Hospital Infection qui a montré qu’il restait contagieux pendant deux jours sur une blouse jetable.

« Ce qui est problématique avec les livreurs, dans le contexte du coronavirus, c’est qu’ils n’ont pas souscrit à ce risque » – Carissa Véliz, professeure à Oxford

À moins que la personne qui manipule l’un de ces matériaux ne soit malade, le risque réel d’infection est faible, ont conclu les experts dans un article du New York Times consacré à l’étude. Ce léger risque augmente si le livreur a toussé ou éternué sur votre colis ou l’a manipulé avec des mains contaminées. Il est important de se rappeler que ce virus ne se transmet pas par la peau, mais par les yeux, le nez et la bouche. Si vous êtes inquiet, vous pouvez essuyer les colis avec des lingettes désinfectantes et vous laver les mains, explique un porte-parole de l’agence Public Health England (PHE). « Le livreur peut déposer le colis sur votre palier. Il n’y a aucune raison pour que vous ayez une interaction avec lui. Si vous faites partie d’un groupe vulnérable, assurez-vous de maintenir une distance d’au moins deux mètres – cela vous permet quand même de répondre à la porte », poursuit le porte-parole de PHE.

Ces mesures, bien entendu, ont tendance à protéger le client au détriment du livreur. Mais nous devrions également placer la sécurité des livreurs, des magasiniers et de leurs familles au centre de nos préoccupations. En se déplaçant, ils courent un risque bien plus élevé d’attraper le virus que ceux qui peuvent télétravailler. Ces personnes sont souvent des travailleurs indépendants, ils ont moins de sécurité financière qu’un salarié s’ils ne travaillent pas. « Dans une pandémie, l’une des priorités les plus importantes est de diminuer le risque de contagion. Pour cela, il faut avoir le moins de contacts possible avec le moins de personnes possibles, et le plus rarement possible », explique le docteur Carissa Véliz, professeure à Oxford et spécialisée dans l’éthique pratique.

Si vous avez absolument besoin de quelque chose, le niveau de contact sera plus réduit si vous commandez que si vous achetez en magasin, mais ce besoin devient beaucoup moins facile à justifier lorsqu’il s’agit de nouvelles baskets et de sacs à main. « Ce qui est problématique avec les livreurs, dans le contexte du coronavirus, c’est qu’ils n’ont pas souscrit à ce risque, explique Véliz. Cela rend leur situation très différente de celle des professionnels de la santé, par exemple, qui effectuent des métiers à risque. »

En fin de compte, c’est aux consommateurs qu’il appartient d’examiner les pratiques commerciales d’une entreprise et d’exiger d’en savoir plus avant d’acheter chez eux pendant la pandémie. Selon Véliz, si vous décidez de boycotter une entreprise pour des raisons éthiques, assurez-vous que l’entreprise le sait : tweetez-les, envoyez-leur un mail et dites-leur ce qu’ils font de mal.

En raison du confinement, les personnes coincées chez elles pourraient être plus enclines que jamais à acheter pour se sortir de l’ennui. Les entreprises de fast fashion multiplient actuellement les promotions et baissent les prix malgré le flou qui entoure les informations de sécurité et les plans de protection de la santé de leur personnel.

Il est inquiétant de constater que le personnel de Boohoo a d’abord été invité à venir travailler comme d’habitude malgré le confinement, relève le Telegraph. « Boohoo a conseillé à ses employés de respecter la règle des deux mètres de distance. Seulement, cela est impossible à réaliser en raison de la nature du travail », dit un employé. Selon un porte-parole de Boohoo, la grande majorité du personnel travaille désormais à domicile.

ASOS a lancé un hashtag #AtHomeWithASOS et propose jusqu’à 50% de réduction sur les articles de la nouvelle saison. Selon la société, les affaires tournent normalement, dans le respect des
« directives du gouvernement britannique et de Public Health England ». Dans un communiqué, le PDG d’ASOS a affirmé que la société protège la sécurité de ses employés, mais n’a pas précisé pas si cela implique une flexibilité en matière d’indemnités de maladie ou la possibilité pour les personnes vulnérables aux coronavirus de travailler automatiquement à domicile.

Topshop n’a pas souhaité répondre à nos demandes d’entretien sur la sécurité de ses employés et de ses clients, mais continue de mettre en ligne des nouveaux produits avec des légendes pertinentes (« Même nos sacs à main restent à la maison en ce moment »). Le site affiche jusqu’à 30 % de réduction et des frais de livraison réduits.

Il est clair que les questions éthiques liées à la fast fashion – comme les conditions de travail et le gaspillage – s’appliquent toujours, même si nous sommes en pleine pandémie. Elles ne font que s’ajouter à une série de problèmes supplémentaires.

Les entreprises de fast fashion sont très différentes des sites de vente de biens, comme Depop et eBay. Sur ces sites, la plupart des vendeurs particuliers emballent leurs propres colis et vendent des articles faits à la main ou d’occasion. Les deux plateformes ont été mises à jour avec des informations pertinentes sur les coronavirus pour les vendeurs et les acheteurs.

Le chef des opérations de Depop, Dominic Rose, nous a dit que des changements (décrits ici dans leur intégralité) ont été apportés depuis l’annonce du confinement : « Nous conseillons vivement à tous les vendeurs d’utiliser des services de collecte et de livraison sans contact, car c’est le seul moyen d’expédier en toute sécurité et tout en restant chez soi. » « Notre plateforme fonctionne comme d’habitude pour les vendeurs, mais nous mettons constamment à jour nos mesures en fonction de l’évolution de la situation », dit un porte-parole d’eBay.

Si vous vous sentez toujours partagé, faites une liste. Ai-je vraiment besoin de cet article et en aurai-je besoin après la fin de la pandémie ? Cet article est-il nécessaire pour ma santé physique ou mentale pendant le confinement ? Pourrais-je l’acheter auprès d’une entreprise locale indépendante plutôt qu’auprès d’une grande société ? Faites preuve de discernement et respectez vos propres normes.

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