Une mère célibataire s’est habillée en homme et a travaillé pendant plus de 40 ans en tant qu’ouvrier ou cireur de chaussure. C’est le moyen qu’elle a trouvé pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Elle vient d’être récompensée par le président de l’Égypte, Abdel Fattah Al-Sissi.
Un jour après que l’Égypte a célébré la fête des mères. Sissi a rendu hommage à Sisa Gaber Abou Daooh au palais présidentiel, dimanche dernier. Il a parlé d’elle comme d’une “mère travailleuse et exemplaire”. Il lui a remis un prix sous la forme d’une somme d’argent, environ 5 900 euros.
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Abou Daooh a enfilé ses vêtements d’hommes à la mort de son mari. À l’époque, elle n’avait que 21 ans, enceinte de six mois de sa fille, Houda. Pendant des dizaines d’années elle a masqué sa véritable identité, tournant le dos au schéma familial classique, devenant celle qui faisait gagner son pain à sa famille. Aujourd’hui âgée de 65 ans, elle a annoncé dimanche qu’elle continuerait de porter une galabeya d’homme — une tunique large qui descend jusqu’aux pieds — et un turban d’homme.
“Je travaillerai habillée en homme jusqu’à ma mort” a dit Abou Daooh à l’AFP.
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Après la mort de son mari, Abou Daooh a pris l’identité d’un homme et s’est rendue sur un chantier pour fabriquer d’abord des briques. Elle a ensuite changé de métier, travaillant dans les rues de la ville de Louxor (Est de l’Égypte) comme cireur de chaussures.
Les femmes sont désormais acceptées dans de nombreux domaines du monde du travail, mais dans les années 1970, lorsque Abou Daooh a dû chercher du travail, les travaux manuels et le fait de subvenir aux besoins de la famille étaient quasi exclusivement l’affaire des hommes.
“J’ai coupé mes cheveux et j’ai mis une tunique et un turban d’homme, des chaussures d’hommes aussi, pour avoir un travail. C’était dur pour moi de trouver des opportunités d’emploi en tant que femme,” raconte Abou Daooh. “Ce n’était pas facile [de devoir s’habiller en homme]. Mais sans cela, les hommes m’auraient harcelée, et ils m’auraient empêché de travailler. Ils auraient tout aussi bien été capables de me harceler.”
Elle a expliqué au Guardian qu’après quelque temps, de nombreuses personnes du coin savaient qu’elle était une femme, et qu’elle “n’essayait pas de garder tout cela secret”. À mesure que son histoire profitait du bouche-à-oreille, le cas d’Abou Daooh est parvenu à la connaissance des autorités locales de Louxor. Elles lui ont également remis leur propre prix, le jour de la fête des grands-mères, mardi de la semaine dernière. Ses efforts ont été salués par le titre de “mère idéale”.
La fille d’Abou Daooh explique que sa mère continue, à 65 ans, de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille.
“Ma mère est celle qui continue de faire vivre la famille,” explique Houda.”Elle se réveille tous les jours à 6 heures du matin et commence à cirer des chaussures à la gare de Louxor. Comme elle commence à vieillir, je lui porte son nécessaire à brosser les chaussures.”
Suivez Liz Fields sur Twitter: @lianzifields