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De la difficulté de filmer le pouvoir à l'ère de la communication politique

Entre le documentariste politique et son sujet, la distance est parfois difficile à trouver – la plupart des réalisateurs craignant de tomber dans la communication.

La scène ouvre le documentaire Édouard Philippe, mon pote de droite, diffusé le 16 mai sur France 3, au lendemain de la nomination du nouveau Premier ministre. On y voit Édouard Philippe, un Coca à la main, plutôt à l'aise dans son bureau de la mairie du Havre. « Je ne sais pas si je t'ai dit, mais je me suis mis à la boxe en juillet… et j'adore », sourit-il. Puis il s'avance vers Laurent Cibien, son ami réalisateur : « Tu filmes là ? Ah merde ! » Entre le documentariste politique et son sujet, la distance est parfois difficile à trouver – la plupart des réalisateurs craignant de tomber dans la communication.

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« Mon point de départ, c'était de ne pas faire un film partisan », assure Yann L'Hénoret, réalisateur du documentaire Emmanuel Macron : les coulisses d'une victoire, diffusé sur TF1 le lendemain de l'élection du nouveau président. « Je ne voulais pas être complice. Le public ne devait avoir aucun soupçon là-dessus. » Loupé. Le soir de la diffusion du documentaire, les accusations de connivence pleuvent sur Twitter. Les oreilles de Yann L'Hénoret sifflent. « J'entends les critiques. Mais pourquoi personne n'a suivi Hamon, Le Pen ou Fillon ? Le rêve, ça aurait été que chaque candidat soit suivi. Le lendemain du second tour, on aurait mêlé les histoires en une et recréé les scènes vécues par les candidats selon leur point de vue. Démocratiquement, ça aurait été intéressant. »

Laurent Cibien, ami d'enfance d'Édouard Philippe, assume un parti pris totalement subjectif. « Je préfère ne pas vivre sur une fausse objectivité, tranche-t-il. Cela fait des années que je filme Édouard, il s'est habitué. Il me parle au-delà de la caméra. » Leurs échanges sont familiers. Sans filtre. En annonçant tout de suite la couleur, Cibien invite le spectateur à prendre ses distances. « On peut être subjectif et tendre à l'objectivité », affirme-t-il.

Patrick Rotman, réalisateur du film Le Pouvoir, retraçant les premiers mois de François Hollande à l'Élysée, est du même avis. « Je crois davantage en l'honnêteté, c'est-à-dire, ne pas tordre les faits ou faire un montage à la serpe pour faire dire ce qu'on veut à quelqu'un. Pour moi, l'objectivité n'existe pas. »

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