Depuis plusieurs années, les Forces armées canadiennes ont l’habitude d’envoyer une délégation, surnommée « Team Canada », jouer contre des soldats stationnés à l’étranger une partie amicale de hockey. Cette délégation est formée de VIP, dont d’anciens joueurs de la LNH, des olympiens et des artistes.
Si cette mission caritative a avant tout pour but de remonter le moral des troupes, elle a au fil des années pris des allures de débauche. C’est en partie ce que révèle un rapport déposé ce jeudi matin, dans lequel les décisions prises par les employés et les invités ainsi que la nécessité même de la mission sont remises en question.
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Ce rapport se concentre surtout sur des débordements dans la mission menée en décembre 2017, alors qu’un vol militaire qui transportait les VIP entre Ottawa et la Lettonie a pris des allures de soirée débridée, lui valant le surnom de « party flight ». Selon le rapport, l’équipage du vol s’est senti forcé de tolérer le comportement des invités, qui étaient pour la plupart en état d’ébriété et fortement turbulents, et des incidents allant même jusqu’à une présumée agression sexuelle.
D’après le rapport du contre-amiral Luc Cassivi, l’équipage militaire avait l’interdiction d’approcher les invités spéciaux, sauf lorsque venait le temps de les servir. L’enquête a montré que la chaîne de commandement des Forces canadiennes « avait fait directement pression sur l’Escadron de transport 437 afin de s’assurer qu’un traitement préférentiel exceptionnel serait accordé aux VIP pour toutes leurs demandes ».
« Ça a mal viré avec l’alcool, lors de ce voyage », a expliqué au Star le général Jonathan Vance, chef d’état-major de la Défense, mercredi. « Au cœur de tout ça, il y avait la perception de l’escadron qu’ils étaient tous des VIP et qu’en tant que VIP, ils pouvaient tout se permettre. Ce n’est pas ma définition de VIP. »
On apprend notamment dans le rapport que les invités de Team Canada, pour la plupart des civils, ont été exemptés de contrôle de sécurité à l’aéroport d’Ottawa et que certains sont montés dans l’avion avec des verres dans la main et déjà soûls. Un passager serait même monté avec une bouteille d’alcool de 40 oz. L’alcool n’est pas habituellement permis dans les vols officiels de l’armée, mais le général Vance l’avait approuvé pour les vols de Team Canada.
Une fois dans l’avion, le party qui avait commencé dans le centre de réception officiel du gouvernement à l’aéroport s’est poursuivi. Les membres d’un groupe qui fait des reprises de succès rock des années 60 et 70 ont été assis à l’arrière du Polaris CC-150. Des amplis ont été installés dans les allées de l’appareil, ce qui contrevient aux règles de sécurité. Des glacières remplies d’alcool étaient aussi dispersées dans l’avion. D’après des témoins, deux invités étaient si ivres qu’ils ont uriné dans leur pantalon, sur leur siège, tandis qu’une vidéo montre des invités dansant dans l’appareil ou en train de chiquer du tabac, ce qui est aussi interdit par les Forces armées.
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L’enquête sur cette mission de soutien moral a été ouverte après que l’image publique des forces armées en ait pris un coup, lorsque de l’information sur la débauche dans le vol a fuité et que l’ancien joueur de hockey Tiger Williams a été accusé par une des agentes de bord militaire d’une agression sexuelle commise lors de vol. Le 7 février dernier, la police militaire a formellement accusé Williams d’agression et d’agression sexuelle.
« Team Canada n’existe plus dans sa forme actuelle, c’est terminé, je dois clore ce chapitre », a déclaré le général Vance hier, ajoutant que son équipe cherchait une meilleure approche pour les activités de soutien moral à venir, lors desquelles la consommation d’alcool sera maintenant interdite.