Le plastique est un fléau pour la planète, et au centre de ce désastre environnemental, il y a un petit soldat du carnage qui se tient fièrement debout : la paille en plastique.
Celle qui décore les cocktails, celle qu’on plonge dans un verre de Coke diète en carton, celle que ta collègue glisse dans une canette parce qu’elle refuse de poser ses lèvres sur son San Pellegrino, celle qu’on replace judicieusement avant de prendre un frappuccino en photo, celle qu’on plie en deux dans un verre de limonade par jour de canicule, celle qui se transforme en sarbacane le temps d’écœurer son petit frère.
Videos by VICE
Cette paille-là, cette maudite paille inutile, on la compte parmi les 10 déchets les plus ramassés sur les plages. Les Canadiens l’utilisent – et la jettent – 57 millions de fois par jour. Chez nos voisins américains, ce serait presque 10 fois plus, soit 500 millions de pailles utilisées une fois puis jetées quotidiennement, rapporte la Fondation David Suzuki.
Et breaking news : les pailles, ça ne se recycle pas très facilement, et ce n’est pas biodégradable. C’est pourquoi de nombreux groupes environnementalistes demandent qu’on éradique le problème à la source : dire adieu aux pailles.
Un mouvement qui prend de l’ampleur
Ça commence à avoir un effet sur certains restaurateurs, qui peu à peu retirent les pailles du menu.
« Ah ben tableau! On peut boire sans avoir recours à un petit tunnel à jus! Il suffit de poser ses lèvres sur le bord du verre! » s’est peut-être exclamé un commerçant dans un éclair de génie.
Pas plus compliqué que ça.
Quelques restaurants et bars de la province l’ont compris. Le festival Rockfest aussi a décidé de bannir les pailles cette année, pour n’en garder que des biodégradables. Même chose au Festibière de Gatineau, au Bluesfest d’Ottawa et à L’Outaouais en fête.
Depuis mai, les McDonald’s du Royaume-Uni entament un virage sans pailles en plastique. Une partie des 1300 McDos britanniques sont passés à la paille en papier, et encore, les clients doivent demander cette paille, qui se trouve derrière le comptoir. Cette nouvelle mesure suit l’annonce faite par le Royaume-Uni en avril, dans laquelle Londres a fait connaître son intention d’interdire la vente de pailles en plastique à la grandeur du pays.
Au Canada, A&W aussi veut suivre la tendance : la chaîne de restauration rapide a annoncé la semaine dernière le retrait des pailles en plastique de ses 925 restaurants. On compte les remplacer par des pailles en papier.
Et on apprend aujourd’hui que c’est au tour de McDonald’s en France de faire pareille manœuvre.
« McDonald’s France confirme la tenue d’un test en France visant à identifier et vérifier plusieurs alternatives pérennes aux pailles en plastique adaptées aux attentes de nos clients », nous a-t-on indiqué dans un courriel laconique, ne contenant pas plus de détails.
Plusieurs médias français rapportent que le test devrait commencer la semaine prochaine. On proposerait deux possibilités : une paille en papier ou un gobelet adapté à l’absence de paille. McDonald’s déterminera la meilleure solution de rechange, pour ensuite l’implanter dans tous ses restos français.
Et ce n’est pas fini, c’est rien qu’un début
Ce n’est pas tout, de bannir les pailles, surtout si c’est pour la remplacer par la paille en papier.
Ça revient quand même à gaspiller une ressource naturelle, déplore Loujain Kurdi, porte-parole de la campagne Océans & Plastiques de Greenpeace Canada, en entrevue à Radio-Canada. Il faudrait que le papier soit au moins certifié ressource durable. « Le recyclage ne va pas régler le problème, il faut vraiment s’attaquer au problème à la source », dit-elle.
Pour plus d’articles comme celui-ci, inscrivez-vous à notre infolettre.
Le combat n’est pas gagné d’avance. Surtout que c’est encore une majorité de restaurants, bars, dépanneurs et tutti quanti qui offrent toujours des pailles en plastique. Même une majorité des McDonald’s l’utilise encore – on rappelle que le géant du burger a beau faire des efforts dans deux pays, il n’a pas de plan anti-pailles pour ses 37 000 restaurants dans le monde.
Oh, et il y a toutes ces autres cochonneries qui ruinent encore les océans : sacs, ustensiles, bouteilles, emballages, mégots de cigarettes, gobelets de cafés, plats pour emporter et autres fruits de l’ingéniosité humaine…
Let’s go, l’humanité.
Justine de l’Église est sur Twitter.