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Culture

J'ai porté un gilet fluorescent pour entrer partout gratuitement

Comment un simple gilet peut vous faire rentrer au cinéma, au zoo et même à un concert de Coldplay sans dépenser le moindre fric.
Toutes les photos sont de Sean Foster.

Notre monde est un espace bien hiérarchisé. Les gens importants ont accès à des endroits uniques. La populace, elle, doit se délaisser d'un paquet de fric pour toucher du doigt un tel luxe. Sinon, elle se contente de regarder de loin, à travers une barrière. Sauf qu'il y a une astuce pour mettre à mal cette répartition. Pour rentrer sans payer, vous devez simplement prétendre être une personne importante, et les gens avec des gilets de sécurité sont des gens importants – dans la mesure où ils règlent des problèmes bien trop terre à terre pour les riches. Quand vous voyez un mec avec un gilet jaune fluo enjamber une barrière ou passer tout droit devant un videur, vous supposez qu'il est là pour réparer quelque chose. C'est la raison pour laquelle un gilet fluo vous sera utile toute votre vie.

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Du moins, c'est ce que mon pote Sean et moi-même avons toujours pensé. Dans la photo ci-dessus, Sean est le gars à qui l'on verse de l'alcool directement dans la gorge. C'est cette nuit-là que l'on a décidé de tester notre théorie selon laquelle les gilets de sécurité auraient le pouvoir de métamorphoser un type lambda. Dès le lendemain, on s'est rendu dans un magasin spécialisé afin d'acheter lesdits gilets ainsi que des faux talkies-walkies. C'était le début d'une belle aventure.

On a débuté en douceur. Où vont les adolescents lorsqu'ils essayent de rentrer gratuitement ? Au cinéma. Vêtus de nos gilets fluo, Sean et moi sommes passés devant le gars du comptoir de l'entrée et sommes rentrés dans la première salle sur notre chemin. Un véritable jeu d'enfants.

Le seul point négatif : on a dû mater le film qui passait, à savoir Joyeux Bordel ! Étrangement, le film n'était pas si nul que ça. Sa gratuité avait sans doute quelque chose à voir avec ça. Il était temps de s'attaquer à quelque chose de plus difficile.

Le zoo nous paraissait être une mission beaucoup plus ardue. On a flâné pendant 15 minutes à l'entrée. On roulait des cigarettes et on fumait pour masquer notre appréhension. Aucun de nous deux ne pensait que ça pouvait marcher. Sans exagérer, marcher devant les guichets ressemblait au débarquement de Normandie.

Lorsque le moment est venu, on était tétanisés. Finalement, on a fini par doubler la file tout naturellement. Sur le chemin, Sean a même lancé un « bonne journée » au vendeur de tickets. On n'arrivait pas à y croire. Une fois à l'intérieur, on s'est mis rire comme des collégiennes. On n'arrêtait pas de balancer des « comment ça va ? » aux employés du zoo. Les familles sont elles aussi tombées dans le panneau puisqu'elles n'arrêtaient pas de nous demander à quelle heure fermait le zoo ou quelle était la direction pour aller voir les singes.

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Me voici, la mine déconfite, assis à côté de l'enclos des lémuriens. Les lémuriens sont mes animaux préférés mais l'enclos était fermé pour une raison inconnue. Une famille est venue me voir. Ils pensaient que je travaillais ici et m'ont donc demandé si l'enclos allait rouvrir. Je leur ai dit que je m'occupais de tout ça et j'ai dégainé mon faux talkie-walkie pour « régler le problème ».

Les uniformes ont cela de magique qu'ils inspirent immédiatement confiance aux personnes un peu naïves – c'est-à-dire à la plupart des gens. Les gens font confiance aux uniformes– comme l'expérience de Milgram l'a prouvé.

Plus la journée passait, plus Sean et moi étions à l'aise avec nos gilets de sécurité. J'avais même fini par oublier que je le portais. Comme je ne suis pas du genre à me reposer sur mes lauriers, j'ai décidé qu'il était temps de partir.

On a essayé de monter à bord de ce bus pour touristes, mais le chauffeur ne s'est pas laissé avoir. En fait, ce bus est sans doute le truc le plus sécurisé de tout Melbourne.

On a donc pris un Uber pour revenir en ville. On s'est retrouvé au beau milieu d'une foule importante. Sean s'est souvenu que Coldplay donnait un concert ce soir-là. Parfait. En arrivant au stade, on a abandonné nos gilets jaunes pour enfiler des gilets orange – afin de nous confondre avec les autres membres de la sécurité. Sur l'image ci-dessus, vous pouvez juger de la qualité du déguisement.

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Pour être totalement honnête avec vous, rentrer dans le stade n'a pas été facile. On a dû se présenter à plusieurs entrées différentes et revenir plusieurs fois sur nos pas, mais on était relativement calmes par rapport à l'enjeu. À notre grande surprise, tout s'est plutôt bien passé. Au final, on a réussi à rentrer.

Une fois à l'intérieur, Sean a envoyé un message à un pote qu'il connaissait sur place pour lui dire de nous rejoindre. Il a évidemment trouvé notre idée de gilet complètement ridicule. Il nous a dit qu'il allait tenter de nous choper des pass provisoires. À ce moment-là, notre histoire s'éloigne un peu du simple gilet de sécurité mais on peut tout de même affirmer que sans lui, on n'aurait jamais pu voir Coldplay.

Je n'ai jamais été un grand fan de Coldplay, en fait. Sauf que ce jour-là, en matant gratuitement le groupe de Chris Martin grâce à un vulgaire gilet, tout a changé.

Dans l'ensemble, cette expérience a confirmé ce que j'avais toujours pensé. Je remercie le gilet de sécurité de m'avoir fait rentrer gratuitement dans trois lieux différents.

Si je peux vous donner un conseil, ce serait le suivant : achetez-vous un gilet fluo. C'est tout ce dont vous aurez besoin dans la vie.

Dave est sur Instagram et Twitter.

Sean est sur Instagram.