Pourquoi j’ai toujours refusé de me faire tatouer

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Pourquoi j’ai toujours refusé de me faire tatouer

On a demandé à nos collaborateurs pourquoi ils refusaient obstinément de s'inscrire un truc inutile et stupide sur le corps.

Toutes les illustrations sont de Pierre Thyss

Cet article a été initialement publié le 16 septembre 2015. Il vous est présenté par MTV, qui diffuse la série Black Ink Crew tous les lundis à 22h25. Cliquez ici pour plus d'informations. Jeunes gens, il est temps de se rendre à l'évidence : quand même Le Monde dit de votre génération qu'elle est infernale, c'est que vous l'êtes. Au moins un peu. Au moins assez pour dire que c'est à cause de vous que le concept de tatouage ne veut plus rien dire. Comme Slate l'a justement résumé en début d'année : « le tatouage n'est plus l'apanage des mauvais garçons et des filles de mauvaise vie », mais celui des jeunes gens très portés sur la mode, le commerce, les soirées et leurs dérivés, c'est-à-dire : à peu près n'importe quel génie.

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Selon le très serviable Wikipédia, le tatouage remonterait à des milliers d'années et aurait d'abord servi à exposer physiquement ses convictions religieuses et spirituelles, mais pas seulement, puisque la précieuse banque de données en ligne révèle aussi que l'on se tatouait déjà pour des raisons purement « esthétiques ». Il est donc inquiétant de constater que les êtres humains s'injectent de l'encre sous la peau exactement pour les mêmes raisons aujourd'hui. Si l'on considère que les anciens étaient aussi souvent alcoolisés lors de ces décisions – leur vie étant, sans Internet, fatalement chiante –, on en vient à spéculer que rien, absolument rien n'a changé dans cette culture depuis que l'Homme a décidé de sortir de sa grotte pour gagner sans scrupule son combat contre la nature.

Aussi, on peut comprendre que ressembler à un criminel russe ou à une grand-mère de Bosnie-Herzégovine déplaise à certaines personnes. Parmi elles, on a constaté qu'une bonne partie de nos collègues de bureau possédaient encore un corps vierge, exempt de toute marque. Ce qui, à l'heure où quelque 20 % des 25-34 ans Français sont affublés d'un ou de plusieurs tatouages, est à interpréter comme une prouesse.

On a donc fait le tour du bureau afin d'en savoir plus sur leurs convictions intimes, la fierté qu'ils tirent de leur virginité, ce qu'ils pensent des gens tatoués et la raison pour laquelle ils ne se feront jamais inscrire le nom de leur ex-meuf ni un enseignement maori quelque part sur le corps.

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C'EST CHER
Quand j'avais 17-18 ans, j'étais toujours hyper énervé contre mes potes qui n'avaient « pas de thunes » pour faire des trucs alors qu'ils claquaient 150 euros par mois en clopes. Maintenant, c'est les tatouages. J'ai envie de hurler quand je vois des pauvres tatoués. C'est pour ça que je ne me suis encore jamais posé la question d'entrer chez un tatoueur : j'ai jamais eu la thune pour l'envisager. Mais ça ne me cause aucune sorte de honte, j'en ai franchement rien à foutre. Et j'aurais un peu pitié de quelqu'un qui me ferait une remarque à ce sujet. Même si je méprise tout autant les gens qui affichent désormais leur absence de tatouages comme une posture.

Au demeurant, je n'exclus pas du tout d'avoir un tatouage à un certain moment de ma vie – c'est même un projet. Mais un projet intime, puisque je n'en ai discuté qu'avec deux amis extrêmement doués qui se lancent dans le tatouage, et dont j'admire le travail d'illustration. Il n'y a que par eux que je me ferai tatouer, et uniquement si on est sûrs de notre coup. Étant proche de la culture metal, j'aimerais que mon tatouage reflète l'absurdité de la comédie humaine ainsi que l'étendue infinie de la noirceur de mon âme, à peine pénétrée par de faibles rayons de lumière lorsque Bordeaux bat Nantes ou que la caissière – tatouée – du Franprix me rend un euro en trop. C'est pourquoi j'envisage de me faire tatouer un sandwich Sodebo.
–––SÉBASTIEN CHAVIGNER, EDITOR VICE SPORTS

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ÇA DURE LONGTEMPS
Plus jeune, j'étais hyper intéressée par la culture du tatouage, et je trouvais ça honnêtement cool – j'ai même dû penser que c'était « thérapeutique » – de pouvoir effectuer des modifications sur le corps qu'on nous avait arbitrairement assigné à la naissance. Une forme d'appropriation de son enveloppe corporelle. J'en suis aujourd'hui revenue.

Car la vérité, c'est que j'ai toujours été plus attirée par les piercings. C'est plus rapide et ce n'est pas un engagement à vie. Pourquoi se faire cramer la peau d'une partie du corps pas du tout stratégique quand on peut avoir deux anneaux dans le nez, traumatiser des poignées de vieux dans les transports en commun et afficher sa crise d'adolescent au monde qui vous entoure pendant seulement une paire d'années ? Aussi, je suis sûre que tous ces mecs et meufs « piqués » le regretteront un jour – par exemple, au moment où ils se rendront compte que Type O Negative n'est pas un si bon groupe que ça sorti de « My Girlfriend's Girlfriend », ou quand le port du triangle isocèle sera tombé en désuétude. D'ailleurs, c'est déjà le cas.

Si vraiment je devais me faire tatouer, ce serait volontairement un truc très débile, qui me ferait directement passer dans la catégorie des personnes qui ont brûlé la vie par les deux bouts. Pas un point-virgule stylisé sur la hanche. Donc, sans hésiter, ce serait un tatouage inspiré de Gucci Mane, dans le même esprit et au même endroit que la glace qu'il arbore fièrement sur la joue. Mais ai-je tant envie que ça de dire définitivement « non » à la vie ?
–––SARAH MANDOIS, NOISEY

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Les tatouages « parce que le dessin me plaît », bah chacun son truc, mais on en reparlera dans 30 ans quand vos enfants se foutront de votre gueule.

C'EST POUR LES GENS CHIANTS
Le tatouage m'est toujours passé au-dessus de la tête. Je vois ça comme du tuning corporel, je trouve ça beauf et sans intérêt.

Les mecs qui se font tatouer aujourd'hui sont des gens comme vous et moi. Pas plus rebelles ou outcasts que d'autres. D'ailleurs, l'argument qui veut que « dans certains pays, tu peux faire n'importe quel job avec des tatouages » confirme bien que le tatouage est devenu une pratique similaire à n'importe quel autre réflexe de consommateur. « Je me fais des tatouages pour marquer ma différence vis-à-vis de la "masse" mais je veux quand même réussir ma vie professionnelle et être inséré à la société. »

Ce que j'ai toujours trouvé intéressant en revanche, ce sont les tatouages liés à des traditions ancestrales, au bagne, aux gangs, dans ses formes les plus extrêmes – style les skinheads des 1970's qui se faisaient des croix sur le front –, soit l'inverse de la pratique esthétique actuelle qui n'a rien de subversif. Quant aux tatouages « parce que le dessin me plaît », bah chacun son truc, mais on en reparlera dans 30 ans quand vos enfants se foutront de votre gueule.
–––ROD GLACIAL, ASSOCIATE EDITOR NOISEY

C'EST POUR LES MENTEURS
J'aime bien les gens tatoués. Ce sont des gens avec lesquels je discute, je travaille, je bois des coups, en gros, que je côtoie depuis de nombreuses années, avant même parfois qu'ils ne décident de se marquer à vie un slogan, un dessin ou un extrait de tranche de vie sur le bras. Le truc, c'est qu'à chaque fois que je discute, travaille, bois des coups avec eux, en gros, que je les côtoie, je ne peux m'empêcher de penser que leur démarche est ridicule, vaine, empiriquement inutile (aucun d'eux n'a jamais songé à intégrer un gang et encore moins un gang de motards) et environ 95 % du temps, mensongère. En effet, qui pourrait penser que derrière ces mecs parfaitement intégrés socialement se dissimule un authentique voyou ? Même une conseillère d'éducation grille leur canular à 300 kilomètres.

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Néanmoins, il est possible que ce soit un moyen de dire la vérité sur eux au reste du monde, une vérité pas belle à voir et objectivement difficile à révéler, plus en tout cas que les poncifs qu'ils arborent sans retenue par l'intermédiaire d'un jet d'encre et d'une aiguille. C'est-à-dire quelque chose qui reviendrait peu ou prou à « je veux ressembler à tous les gens que je connais », ce qui est compréhensible et constitue par ailleurs l'une des bases de l'intégration à un groupe donné (ici : les jeunes intéressés par l'idée de culture et/ou de vélo). Si c'est cet aspect de leur vérité que les tatoués cherchent à révéler, leur protestation sourde contre la dictature de l'originalité, alors bravo.

Quant à moi, je crois que je ne me ferai jamais tatouer, pour les raisons exposées ci-dessus, et pour d'autres – notamment le fait que devoir garder cette « part de soi » à jamais, c'est pas seulement romantique, c'est surtout incroyablement chiant.
–––JULIEN MOREL, EDITOR-IN-CHIEF VICE FRANCE

C'EST GROSSIER
Jusqu'ici, ma vie a plus ou moins été ponctuée d'envies stupides refoulées 30 secondes après avoir germé dans mon cerveau. C'est pour cette raison que je ne me suis jamais teint les cheveux en blond platine, orné le nombril d'un piercing salamandre ou tatoué un ruban sur le poignet pour l'éternité – en gros, toute envie influencée par le style qui caractérisait mon ex-idole Alyssa Milano à la fin des années 1990.

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Mais ça ne m'a jamais trop empêché de trouver ça joli sur les autres. J'irai même jusqu'à affirmer que j'aime la plupart des tatouages de mes amis, sachant que certains ont été suffisamment audacieux pour se faire décorer le corps de Dieux mexicains, de papillons violets et autres inscriptions intello-cryptiques qu'ils regrettent probablement déjà. Mais quand je parle de tatouages à une personne qui en possède, j'ai toujours cette impression terrible d'être une mère qui fait semblant de s'intéresser aux selfie-sticks ou une de ces personnes qui passent leur temps à affirmer « je vois ce que tu veux dire » au nom de l'ouverture d'esprit.

Pour ma part, j'ai été mille fois amenée à me retrouver avec une quantité conséquente d'alcool dans le sang et une aiguille motorisée dans mon périmètre proche, sans jamais franchir le cap pour autant – et je pense pouvoir finalement reconnaître que je ne me tatouerai jamais.
–––JULIE LE BARON, ONLINE EDITOR VICE FRANCE

C'EST MIEUX SUR LES MEUFS
Je suis fasciné par ce cheminement de pensée qui consiste à se dire : « tiens, je vais me graver un dessin sur le corps ». Ça me fascine d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un dauphin ou d'une tulipe sur les adducteurs. Je croise parfois des gros cons avec des tatouages ultra prétentieux, mis en avant par un débardeur et accommodés d'une barbe, de piercings et d'une casquette. C'est comme s'ils voulaient dire à tout le monde : je suis néocuistot dans un kebab qui fait des keftas au foie gras quelque part au sud de Pigalle.

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Mais bien sûr, il y a des tatouages qui défoncent. Une de mes meilleures potes par exemple, est tatouée presque partout et compte bien se tatouer le corps en entier avec, selon ses dires, « des métaphores de sa vie » dans les mois qui arrivent. Je trouve ça classe. Globalement, je suis un peu fétichiste des meufs tatouées et me suis souvent retrouvé à naviguer sur Suicidegirls.com.

Quoi qu'il en soit, je suis sûr à 99 % que je ne me ferai jamais tatouer. Mais je flippe un petit peu du tatouage dans un état second : j'ai un pote défoncé, un soir, qui s'est fait tatouer une étoile avec le prénom de sa meuf d'époque au niveau du cœur, incrustée dans les initiales de la ville où ils étaient alors installés : New York. Le tatouage n'est pas moche en soi, mais ridicule. D'autant qu'il n'est plus avec cette fille. Je ne pense pas que ça m'arrive un jour mais bon, prudence avec l'alcool.
–––BERTRAND THIBERT, ADVERTISING OPERATIONS MANAGER VICE

C'EST POUR LES FRIMEURS
Je déteste les mecs qui se font tatouer pour avoir quelque chose à raconter. Tu sais, ceux qui l'ont fait en espérant qu'on leur demande : « ah ces tatouages alors, ça représente quoi pour toi ? » Et de là le mec s'invente une espèce de spiritualité acquise dans un voyage périlleux et initiatique, ou bien une grave blessure personnelle alors qu'il était juste parti à l'étranger boire des bières. C'est trop chiant, au secours ! J'ai limite plus de respect pour ceux qui se font tatouer les dates de naissance de leurs enfants.

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Après, je n'ai rien contre les gens qui se sentent sincèrement plus « eux-mêmes » en se faisant un tatouage ; je ne vois pas pourquoi ils n'en auraient pas le droit. Dans ce cas, je trouve ça drôle quand c'est moche et sympa quand c'est joli.
–––JULIEN REYNAUD, SALES MANAGER VICE

C'EST MIEUX SUR MES POTES
Je ne m'intéresse absolument pas aux tatouages. Mais vu de loin, j'ai quand même la fâcheuse impression que c'est un truc de gros beauf pour 87 % des gens. Le pire étant les gars qui sont vendeurs chez The Kooples et qui ont des tatouages partout comme s'ils avaient passé 20 ans dans une taule au Venezuela alors qu'ils vont manger chez leur mère tous les dimanches midis.

Évidemment, pas mal de mes potes sont tatoués. Pour la plupart, ils ont choisi de se faire graver dans la peau des trucs totalement idiots. J'ai un pote qui faisait un reportage sur le salon du tatouage et qui s'est dit : « c'est le jour de me faire tatouer », mais qui ne savait quoi se faire. Il s'est finalement fait tatouer le mot RIEN sur le triceps. Un autre se tatoue lui-même des trucs sur les bras, des petits dessins comme on ferait sur un cahier de brouillons. J'ai un autre ami que j'ai accompagné se faire tatouer quand il vivait à Austin, aux États-Unis. Il s'est fait une tête de mort, ambiance mexicaine, qui est vraiment réussie. Par contre je l'ai vu souffrir comme jamais dans ce petit salon de tatouage d'un quartier glauque ; il faisait une chaleur moite et il subissait. Malgré tout il était super content. Il me disait que c'était une « expérience ».

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Si j'étais obligé de me faire tatouer, je me ferais ans doute une larme au coin de l'œil. Mais j'ai peur que ça tranche avec ma tête de babtou fragile. Ou sinon un truc sur les pieds. C'est tellement laid un pied que le camoufler avec un tatouage d'une loutre ou d'un louveteau n'est pas totalement déraisonnable.
–––PIERRE LONGERAY, ASSOCIATE EDITOR VICE NEWS

Esthétiquement parlant, je trouve ça cool, mais ça reste surtout un effet de mode. Il y a dix ans, j'aimais beaucoup me faire des pics avec du gel.

ÇA DEMANDE DE L'INVESTISSEMENT
J'ai fait un lycée catho puis une école réputée où les gens marqués à l'encre étaient une rare minorité. À chaque fois que j'y rencontrais quelqu'un de tatoué, deux réactions étaient envisageables. Soit la personne en question devenait symbole de subversion et d'exotisme à mes yeux et en conséquence, je la trouvais terriblement attirante. Deuxième option, je me disais que c'était encore un de ces cons en crise d'adolescence qui se tatouent un triangle ou une étoile sur l'avant-bras, sachant qu'ils devront soigneusement le cacher de leurs darons sous peine d'être déshérités d'une petite fortune.

Mais surtout, je crois que je n'ai jamais franchi la porte d'un salon de tatouages par paresse. Je prends ça trop sérieusement. J'associe le fait de se tatouer à un long processus de réflexion : il faut décider ce qu'on veut, pouvoir dessiner le motif, choisir une partie du corps, etc.

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Mon meilleur pote s'est fait tatouer un trait droit sur l'épaule, sans raison particulière, sans dessin ni réflexion préalables, en quelques heures et pour une poignée de billets. J'adore sa nonchalance, le fait qu'il ait fait ça par pulsion, juste parce qu'il en avait envie à ce moment-là. Parce que c'est un motif abstrait et sans signification, il ne provoque aucun regret. La question esthétique n'entre même pas en jeu : c'est juste un putain de trait noir, presque invisible, le plus souvent caché sous son t-shirt.
–––CLARA HERNANZ, MUNCHIES

C'EST FATIGANT
Ce qui m'a dissuadé définitivement de me faire tatouer, c'est le développement exponentiel du tatouage en milieu urbain ces dernières années, et ce désormais dès le plus jeune âge. Il y a eu les salons pour bronzer sous UV, les clopes électroniques – je mets les tattoos shops dans le même panier.

On laisse penser qu'il s'agit d'un simple usage de son libre arbitre, que ça aide à se forger une personnalité, mais je pense surtout que ça te fait dépenser de l'argent et rentrer dans un nouveau moule, en fonction de tes choix de tatouages – les « tribaux », les « rockab' », etc. Plus prosaïquement, ça coûte une blinde, ça peut engendrer des complications de santé, et tout le monde aura l'air aussi con à 50 balais avec ses tatouages tout passés, de couleur ou de mode. Lorsque toutes les personnes de 14 à 50 ans seront « inkées », elles se sentiront à nouveau enfermées dans la norme à laquelle elles essayaient tant d'échapper au moment de se faire marquer.

J'aime bien les tatouages codifiés d'Europe de l'Est, les histoires de gangsters qui s'y rattachent, ça pourrait presque être amusant si ce n'était pas aussi dangereux. Mais genre, voir aujourd'hui tous les entertainers américains tatoués à la race, ce qui fait qu'on ne distingue plus Wiz Khalifa de Tyga, de Lil' Wayne ni même de Justin Bieber, c'est fatigant… Pareil avec les footeux qui cherchent à se démarquer avec une manche de tatouage alors que ce sont les mecs les plus corporate du monde.

En bref, je regrette presque l'époque où les tatouages étaient seulement l'affaire de marginaux ou de durs à cuire : les punks, les marins, les voyous.
–––JÉRÔME POPINEAU, OFFICE MANAGER

C'EST UNE SORTE D'EXHIBITIONNISME MALSAIN
J'aime l'idée de tatouage en tant qu'objet culturel, sociologique. Par là, j'entends un truc qui fait partie de ta culture, de ton identité et de ton appartenance à un groupe. Par exemple, les tatouages yakuzas ou maoris. Ils sont impressionnants et il y a comme l'idée d'un rite de passage derrière.

En revanche les trucs qui ont une « signification personnelle », je trouve ça méga naze. Se tatouer le nom de sa copine, la date de naissance de son gamin, le nom d'un être cher qu'on a perdu, etc. C'est une sorte d'exhibitionnisme malsain. Si la personne, la date, ou quoi que ce soit d'autre est quelque chose/quelqu'un de si important pour toi, c'est à toi d'extérioriser ce sentiment à travers ta relation avec ladite personne, pas à un mec avec une aiguille et de l'encre.

J'ai vécu en Angleterre trois ans et là-bas une personne sur six est tatouée. Les gens de mon âge ont presque tous un truc ou des sleeves. Esthétiquement parlant, je trouve ça cool, mais ça reste surtout un effet de mode. Il y a dix ans, j'aimais beaucoup me faire des pics avec du gel ; heureusement que ça s'enlève.

Je n'exclus absolument pas le fait de me faire tatouer dans le futur. Je pense juste que j'aurais beaucoup de mal à trouver quelque chose d'assez convaincant pour que je puisse passer à l'acte. Honnêtement, j'estime la probabilité que je me fasse tatouer un jour à environ 20 %. Et je n'ai aucun message à faire passer aux non-tatoués qui seraient sur le point de passer à l'acte. On ne va pas demander à un puceau comment baiser sa femme, hein.
–––ROBIN CANNONE, VICE