J’ai pris un café avec un gars qui a payé 6000 $ pour apprendre à cruiser des filles

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J’ai pris un café avec un gars qui a payé 6000 $ pour apprendre à cruiser des filles

Juliano Lepore, c’est un gars de 25 ans de Montréal qui a étudié en relations humaines à Concordia et travaille maintenant dans un café.

Il est bien normal, vraiment gentil et cute en plus – pour vrai, avec sa moustache, il ressemble un peu à Freddie Mercury. Au café, il est charmant, à l'aise. Mais dans la vie, Juliano à toute la misère du monde à interagir avec les filles, et ses histoires ne fonctionnent jamais.

C'est une histoire commune à bien du monde, gars, filles, et autres déclinaisons de genre.

Mais Juliano, lui, il a décidé qu'il en avait sa claque d'accumuler les échecs. En octobre, il a claqué 6000 $ pour suivre un séminaire à Los Angeles avec les coachs d'Art of Charm. C'est une entreprise qui a débuté il y a une dizaine d'années. AoC a enregistré des centaines de balados qui expliquent toutes les facettes de la séduction et du développement personnel, et offre également un service de mentorat.

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Pendant cinq jours, Juliano a suivi leurs enseignements dans le but avoué d'apprendre à interagir avec les filles. Il était accompagné de trois autres gars, qui voulaient en savoir plus sur les relations interpersonnelles en général.

Je lui ai parlé pour savoir ce qu'on apprend là-bas et à quel point ça vaut la peine.

À quoi ça sert, AoC?
Le but, c'est d'augmenter ta valeur personnelle, d'être plus authentique. On a des couches, des barrières qu'on s'impose mentalement, et il faut les briser. C'est aussi d'apprendre que le rejet, l'échec sont des choses qui arrivent durant ce processus. Un grand nombre d'entre nous n'agit pas comme on le veut, parce qu'on a peur de le faire.

Qui étais-tu avant?
J'étais beaucoup plus nerveux et autocritique. Quand je faisais une erreur, je me disais toujours que c'était de ma faute. Ça me déprimait un peu.

Quel genre d'erreurs? Comme quand tu crées un malaise et que tu le rejoues constamment dans ta tête en te disant que t'es vraiment un idiot?
Exactement ça. J'étais obsédé à l'idée de faire les choses de la bonne manière. Quand ça ne fonctionnait pas, j'étais vraiment méchant envers moi-même. C'était vraiment malsain. Mon problème récurrent, c'était mon rapport aux femmes. Mais même avec mes amis… J'étais toujours dans ma tête à me victimiser, au lieu d'être à l'écoute et d'être empathique. C'était inconscient, j'étais trop préoccupé par moi-même. J'étais égoïste.

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Comment allait ta vie amoureuse?
Je datais pas beaucoup. J'ai eu une blonde pendant quatre mois, que j'avais rencontrée au travail. J'ai daté deux autres filles ensuite. Et après, c'était juste une compilation d'échecs. Je me disais que quelque chose n'allait pas chez moi et qu'il fallait que je comprenne quoi. Ça me rendait anxieux, j'avais peur d'être rejeté, comme tout le monde. Je savais pas quoi leur dire, je voulais pas avoir l'air stupide. Je pouvais pas passer ma vie à me sentir comme ça.

Qu'est-ce que tu pensais qui n'allait pas chez toi?
J'étais pas assez… masculin? Mes amis utilisaient les mots «  killer instinct ». Ils disaient : « Juliano, t'as pas de killer instinct ». J'essaie toujours de comprendre ce que c'est, mais je pense qu'ils voulaient dire « Sois plus sûr de toi, sois plus agressif ». « T'es trop gentil », c'est ce que mes amis me disaient toujours. « Si tu veux la fille, faut que tu sois plus un trou de cul. »

Tu penses que ça marche, ça?
Non. J'ai essayé, et c'était pas nice. J'étais pas à l'aise. Ils me guidaient selon ce qu'ils connaissaient. Beaucoup de gens ne savent pas comment donner des conseils.

Et comment tu t'es dit « let's go , je vais aller à AoC ».
En avril dernier, j'étais à fond dans les conseils de dating en ligne. J'ai lu sur comment parler aux filles, aux étrangers, sur plusieurs sources, des articles, YouTube. J'ai même lu un texte sur « comment texter pour ensuite baiser ». Du clickbait.

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J'essayais de me pousser pendant les activités sociales, au centre commercial, au café, dans le bus… J'essayais d'approcher des femmes et d'apprendre. Après encore plus d'échecs, j'en ai eu assez. Je me suis dit que j'avais vraiment besoin d'être guidé, parce que j'apprenais rien par moi-même. Je suis tombé sur le podcast d'AoC sur Spotify. J'ai appliqué cet été pour l'automne.

Et tu dis que tu as payé 6000 $ pour aller là. C'est cher. 
Oui, c'est un peu cher. C'était 8000 $ canadiens, mais j'ai négocié. Et oui, il y a moins cher… mais tu vas pas à L.A.! Je le perçois comme un investissement en moi-même, dans mon futur, pour être une meilleure personne. Il n'y a aucun risque, quand tu le vois comme ça.

Tes amis, ta famille, comment ils ont réagi?
Ma famille le sait pas, je ne leur ai pas dit. Ils comprendraient pas. Ils sont très traditionnels, très méticuleux avec l'argent. Ils vont l'apprendre s'ils cherchent mon nom sur Google. Sinon, j'ai un ami qui était vraiment contre. Il a dit que c'était des gens qui essaient de tirer avantage des gars qui n'ont pas confiance en eux. Ça m'a un peu blessé, mais je sais qu'il l'a dit parce qu'il se soucie de mon bien-être. Mais c'était pas vraiment le soutien que j'espérais.

Parle-moi d'AoC. Comment ça marche?
On avait un coach qui vivait avec nous dans la maison et deux autres coachs qui venaient ici et là. Il y avait des cours sur place, de 10 h à 16 h, et après on sortait dehors avec deux coachs pour tester nos apprentissages sur le terrain. C'était vraiment le fun. Ils répétaient beaucoup qu'on était des « scientifiques sociaux », qu'on était là pour expérimenter, rater et tester toutes les choses qui sortent de l'ordinaire.

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Et ça ressemble à quoi, les enseignements?
C'était différent à chaque jour. Le premier jour, on a couvert la conversation, ses dynamiques en cinq étapes, dans le but de développer des connexions véritables. Ça commence avec l'introduction – genre juste un salut, ça marche. Ensuite, le banter [blagues, plaisanteries, badinage, NDLR]. C'est le flirt. Ça doit couvrir trois catégories : drôle, provocateur et sexy.

C'est pas facile ça.
C'est difficile, mais il faut le pratiquer. À un certain point, tu arrêtes d'y penser.

Ils vous ont donné des exemples?
On avait une liste pour nous aider. Je l'ai ici. Art of Charm Banter Cheat Sheet. C'est vraiment des pick-up lines. Quand tu figes, tu peux t'en servir pour relancer la conversation. Celles qui sont surlignées en vert, ce sont tes préférées?
C'est celles que j'ai essayées. Et ça marche! Mais ils disaient que la chose la plus importante, c'est pas ce que tu dis, c'est comment tu le dis.

Donc t'as dit « Stop treating me like a sex object ». Où ça t'a mené?
À un rire! Elle a vraiment trouvé ça drôle. C'était un défi. On devait en choisir et aller les dire aux gens en sortant le soir. C'est laquelle ta préférée?
« Did you save this seat for me? » J'aime ça. Tu peux le faire au bar, pour approcher une fille au bar qui est seule. C'est drôle…

Et c'est pas creepy?
Ouais! Mais ils jouaient sur notre peur. Ils nous encourageaient à prendre les plus ridicules et à aller les tester.

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Ça s'est passé comment, la première fois que t'as abordé une fille avec ça?
C'étaient deux filles. Je me suis dit que j'allais dire quelque chose de niaiseux. Je vais les voir, je dis « Je vous ai vues de là-bas, étiez-vous en train de me mater? » Et elles sont comme « non ». Et j'ai juste dit « OK bye » et je suis parti. C'est pas allé comme prévu.
Non! [Rire]

Tu te sers encore de la cheat sheet ?
Non, j'essaie de me pratiquer à développer ma propre approche.

Vous aviez d'autres trucs pour la conversation?
[Il sort une feuille explicative.] Il y a ce conseil ici que j'aime beaucoup. Mettons qu'il y a un silence embarrassant. Tu peux le souligner, genre en disant : « Je pratique mes silences embarrassants. » Ça brise la tension, parce que les deux, on est mal à l'aise et que c'est une façon drôle de remédier à ça. Et on peut recommencer à rire. C'est correct de se sentir vulnérable. Faut juste s'approprier la situation, être confiant en présentant notre vulnérabilité.

Mais est-ce que tu écoutes vraiment quand quelqu'un te parle? Je veux dire, ta liste de conseils ici est longue et c'est vraiment beaucoup de choses auxquelles penser en même temps. Es-tu toujours en train de calculer ce que tu dis?
C'est une lame à double tranchant. C'est dans ta tête, oui. Mais il faut plutôt que tu te crées une mentalité différente qui va changer ton approche et ton attitude. Ça prend de la pratique. Ils nous ont donné ça, qui est très utile.

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[Il sort une autre feuille.] C'est des exemples de distorsions cognitives. La pensée « tout ou rien », l'analyse excessive… Ce sont tous des vrais termes psychologiques. Il y a aussi grossir, dramatiser. C'est quand quelque chose de mal arrive : tu vas penser que c'est une catastrophe, rendre ça pire que c'est. Ou encore si tu échoues, tu te dis que tu vas toujours être un échec. Ce sont des distorsions, parce que quand on y pense, elles ne font aucun sens.

Quoi d'autre avez-vous fait?
On a fait beaucoup d'impro. C'était pas des exercices de dating, juste de l'impro de base, avec des improvisateurs professionnels invités par AoC. L'impro, c'est une bonne façon d'aller vers les étrangers et de pas avoir peur de ce que tu vas dire. Ça a un effet plus large sur toi; ça t'aide à avoir de la répartie et à te défaire de tes barrières mentales.

Il y avait d'autres choses au programme?
On a challengé nos distorsions. Une fois, on est allés sur le Hollywood Boulevard. Notre but, c'était d'aller voir des étrangers au hasard, leur parler pendant une minute et leur demander de signer la feuille en preuve. Fallait parler à tout le monde qu'on trouvait intimidant. Ça, c'est mon papier. Je l'ai gardé parce que je l'ai vraiment aimé. Ça, c'est les signatures. J'en ai neuf!

Fallait leur demander ce qu'ils avaient pensé de toi et ensuite compiler. J'ai eu sept « confiant », cinq « intelligent », trois « drôle », un « spectaculaire », un « poli » et plein d'autres. C'est pour voir que t'es meilleur que tu le crois, au lieu de voir le négatif. Tout est positif! Oh, j'ai aussi eu un numéro de téléphone! Et je pensais qu'elle était out of my league.

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Tu l'as appelée?
Ouais, on a parlé. Mais bon, elle vit à L.A… Mais c'était cool!

Et les autres sorties terrain, comment ça s'est passé?
On est allés une fois au bar, une fois downtown durant la journée, une autre fois c'était au club. C'était trois des cinq jours où on était là. On travaillait beaucoup les approches. Notre première sortie, il fallait parler à 30 personnes.

Quoi! Je voudrais mourir.
C'était vraiment stressant. Mais aborder les gens, c'est comme un muscle, comme aller au gym. Au début, tes muscles seront pas coopératifs. Ça fait mal. Mais plus tu y vas, plus c'est facile.

Et c'est quoi la chose la plus folle que t'as faite, à AoC?
J'ai dansé avec une MILF! Le but de notre dernière sortie, c'était de tenter le contact physique. Vraiment beaucoup de gars sont nerveux à l'idée de toucher et c'est vraiment important. Rien de creepy, là! Juste de parler à la fille et de voir comment elle réagit à toucher l'épaule et, si tu descends ta main, si elle est à l'aise, d'aller vers une place plus sexuelle. Mais c'est pas un viol ou du harcèlement! Le plus sexuel, c'était comme le bas du dos. C'était juste pour voir si tu l'intéresses, dans le fond, c'est tout. Et c'est une manière de montrer tes vraies intentions. Donc, le but de la soirée, c'était de danser avec une fille, peut-être même frencher. Il fallait pousser le contact physique.

Je suis curieuse… qu'est-ce qu'ils vous disaient par rapport au consentement?
Ils nous disaient de pas rendre la fille inconfortable. Si elle est pas intéressée ou si elle t'ignore, va-t'en. Dis merci, bonne soirée, mais n'insiste pas.

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Si elle te dit non quand tu essaies de l'aborder, tu peux essayer de continuer. Mais c'est seulement en terme d'introduction, du genre « Veux-tu un verre » et qu'elle te dit non, mais elle sourit. Peut-être qu'elle est en train de te niaiser un peu. Mais pas insister pour disons la main dans le bas du dos, ça c'est non. Le but, c'est d'essayer de te donner une chance de continuer, même si les choses vont pas tout à fait comme prévu. C'est jamais de la pousser, elle. C'est de te pousser, toi. Si elle te dit fuck off, par contre, tu dégages.

T'avais pas peur que ça soit perçu comme du harcèlement?
C'est le pire! Oui, j'avais peur! Je veux pas être rejeté et en plus être libellé comme un harceleur. En tous cas… Cette soirée-là, la nuit était presque finie, j'avais parlé à plein de filles et fallait que j'atteigne le prochain niveau. Je suis allé voir une fille à qui j'avais déjà parlé au début de la soirée. Je lui ai demandé si elle voulait danser, elle a dit oui, on a dansé pendant une vingtaine de minutes et on a parlé. On a grindé. C'était cool! C'était exactement ça mon but. Je voulais juste voir jusqu'où je pouvais aller. J'y vais étape par étape.

T'avais jamais fait ça avant?
Non, pas souvent. D'habitude j'étais plus saoul. Le faire sobre, c'était plus gratifiant.

Et tu as juste dansé?
Ouais, ça a fini là. J'étais content de m'être poussé jusque-là.

J'ai lu beaucoup des conseils d'un coach d'AoC dans un AMA Reddit, et ça sonnait un peu… douchebag à mes yeux. Qu'est-ce que tu penses de ça?
Non, c'est pas des douches du tout. Ce sont les gens les plus gentils que j'ai jamais rencontrés. Et tout ce qu'on faisait, c'était pas pour le sexe, hein. Ils disent que de parler à une fille juste pour avoir du sexe, ça vaut rien. Ils en ont parlé beaucoup. Tu vas vers une fille parce que tu es intéressé par elle, que tu veux apprendre à la connaître en tant que personne.

Est-ce qu'il y a un des gars qui est… allé plus loin avec une fille durant le séminaire?
Un gars l'a fait, mais il connaissait déjà la fille, ils ont gradué ensemble et elle habitait à L.A. Et c'est un body-builder, il a un corps de dieu. [Rires]

Et comment va ta vie amoureuse depuis ton retour?
La dernière fois que je suis allé en date, c'était en janvier. C'est pas si pire.  Quand j'ai fini, j'étais obsédé, je me disais : « Maintenant, j'ai le pouvoir! Je sais comment faire! » J'avais beaucoup d'attentes, comme avoir une blonde. Je voulais tout trop vite et c'était pas réaliste. Je suis allé à plusieurs dates qui n'ont pas marché, ça me menait toujours nulle part. Je me diminuais à cause de ça.

J'essaie maintenant de penser différemment. Je me concentre sur la manière dont je me considère. Si je pense que j'ai fait quelque chose de mal, j'essaie d'avoir de la compassion pour moi, de me parler comme si je parlais à mon meilleur ami. Je me donne une chance. Je travaille aussi à donner sans espérer en retour : complimenter, tenir la porte à un inconnu, envoyer un texto gentil à un ami…

Et ça valait 6000 $, tout ça?
Oui. Vraiment. Mais juste parce que tu fais une semaine en bootcamp, ça va pas changer ta vie. C'est pas comme ça que ça marche. Ils ont vraiment insisté sur le processus, qu'il faut apprendre à aimer. La seule manière de changer, c'est en changeant ta perception de toi-même. C'est long. Ça peut prendre des mois, avoir ce que tu veux.