Vald, chapitre III

FYI.

This story is over 5 years old.

Music

Vald, chapitre III

« Agartha », Cyril Hanouna, Damso, Jean Giono, le second degré, les femmes, les pyramides : comme chaque année depuis ses débuts, on a fait un point avec Vald.

Les premiers chiffres de vente d'Agartha, le troisième album de Vald, sont tombés et le bonhomme a l'air plutôt satisfait du résultat, même si etre numéro 1 en global et digital, ça ne veut pas forcément dire grand-chose en 2017. Le rappeur d'Aulnay-sous-Bois, qui a enfin un titre qui tourne en radio avec « Ma meilleure amie » et se prépare à partir en tournée le mois prochain, a un peu changé depuis notre première rencontre, mais ça reste le même sale gosse content d'avoir réussi sa blague quand il touche sa cible. On en a profité pour faire le bilan de son évolution depuis 3 ans, revenir sur le côté dépressif-rigolo qui plane sur Agartha, sur son rapport aux drogues, à la célébrité, à son propre style et à ses limites, sans oublier un questionnaire sur-mesure à la fin dans lequel on revient sur ses dernières apparitions télé.

Publicité

Noisey : Lors de notre première rencontre , tu disais que tu voulais bosser ton flow, que c'était ta lacune principale, t'es satisfait depuis ?
Vald : Maintenant ça swingue logique, ça sonne plus évident : ta-ta, ta-ta ! A force de faire des morceaux. Parfois je tombe sur un artiste et je l'étudie, « comment il a réussi ça ce con », j'essaie de reproduire. Je suis tombé sur un truc qui parlait des graffeurs, qui expliquait l'art du pompage : s'ils ne voient aucun autre graff, ils ne peuvent pas évoluer. C'est vraiment le fait de reproduire en ajoutant des modifications qui fait tout le truc. C'est chanmé, j'adore cette idée. C'est hip-hop.

Tu n'as pas peur que, sur certains morceaux, ça ne respire pas assez ?
Un peu, mais finalement il y a très peu de morceaux comme ça. L'album est très planant, laid-back, je reprends les batteries au dernier moment, en m'en battant les couilles. Il n'y a que « Mégadose » de chargé, et « Eurotrap », sinon tout est fluide, espacé, je trouve.

« Comment faire du rap sans être dissident ? » C'est ta version du « qui prétend faire du rap sans prendre position » de Calbo ?
Exactement, mais c'est pas assez, « prendre position », ça peut être une position tout à fait nulle : « moi je suis pour la paix, l'amour, je comprends pas la guerre ». C'est vraiment des positions de merde [rires]. Suffit pas de prendre position, faut s'opposer. C'est ça être dissident, être contre ce que tout le monde pense, un peu à côté de la plaque.

Publicité

Les allusions aux meufs reviennent plus qu'avant, et sont plus sérieuses, c'est voulu ?
Ah je me suis ouvert aux femmes, je suis plus puceau, ça y est [rires]. Avant j'en parlais de manière rigolote, cocasse. C'était plus folichon, porno, genre « ouais j'la baise dans les chiottes, j'te coupe la ****** à l'****** ! » [Nous avons choisi de biper ce passage compte-tenu de la polémique anti-féministe qui touche le rappeur]. Maintenant c'est plus pour de vrai, effectivement.

« Je bouffe d'autres chattes mais je n'ai pas d'appétit » : tu as bipé chatte pour laisser le côté un peu mignon ?
C'est précisément ça. J'avais pas d'autres tournure pour exprimer la même idée, tout le monde me disait nan, laisse-le. J'étais pas d'accord du tout, censurez-moi cette merde les mecs.

« Tout niquer en solo j'en ai jamais rêvé » : c'est un truc qui te pose problème ?
Je suis parfois entouré de gens qui n'ont pas la même notoriété et même s'ils proposent de l'art incroyable, les autres s'intéressent en priorité à Vald. C'est quelque chose qui me gêne en fait, ça m'intéresse vraiment pas de tout niquer tout seul, je trouve ça très triste.

Le fil rouge dans l'album, c'est le côté dépressif qui préfère en rire qu'en pleurer. Tu connais la série Bojack Horseman ?
Non.

Un des personnages dit « pour être heureux, il ne faut surtout pas chercher à comprendre ce monde, mais juste s'occuper avec des trucs futiles, et un jour avec de la chance, on sera mort »
Je suis d'accord avec cette philosophie, bien vu. Dans « Libellule » je te parle d'un mec qui est dans l'apparence pour faire oublier ce qu'il y a derrière, et dans le deuxième couplet, il est carrément en train de te dire « ouah, ma vie c'est de la merde ». C'est carrément ça. Ne cherchons pas le bonheur, acceptons cette merde. Y'a ce côté aussi dans le rap français où les gens qui expliquent leur tristesse, bah on estime que c'est ça le vrai rap. Mais c'est très négatif en fait. Faut avancer, en rigoler, être hystérique. On dépasse ça soit par l'hystérie, soit par l'amour [rires].

Publicité

« Lézard Man », outre le côté reptilien, c'est une référence à Soul Calibur ?
Franchement ça aurait pu être possible, méga référence. Mais c'est le côté reptilien, symbole du mal absolu.

Tu es toujours à fond dans l'esthétique des théories du complot.
J'adore. C'est ma passion, je vais pas le cacher, je ne regarde que des vidéos comme ça. Peut-être qu'à force d'en parler, des gens sérieux se pencheront dessus. C'est ma volonté secrète. J'en parle vraiment comme d'un truc qu'on ignore, je préfère, plutôt que de ne pas en parler ou d'en parler super négativement « oh vous dites n'importe quoi avec vos pyramides ». Ça va.

Le morceau « Ma meilleure amie » est une personnification de la drogue, c'est marrant parce qu'il y a des années Sinik avait fait la même chose, sauf que ça s'appelait « Mon pire ennemi ».
Mais non ! Sinik = premier degré, Vald = second degré. C'est positif et triste en même temps, c'est un peu le membre de la famille qui te pourrit la vie. Peut-être qu'on en prend plus qu'avant aussi, malheureusement. Je ne veux pas faire une ode à la prise de drogues. Ça fait partie de mon paysage mais ça s'arrête là. Étrangement, il y a beaucoup de gens qui le prennent comme un morceau friendzone, c'est génial. Faut le vouloir. « Ca suinte de mes pores, je sens son odeur derrière ma porte », si le mec pense vraiment à son amie, c'est chaud ! Ou alors elle sent vraiment la transpi… Je suis très content que les gens comprennent tout et n'importe quoi, c'est une richesse.

Publicité

Les changements d'instru dans un même morceau, ça t'est venu d'où ?
C'est en voyant les autres le faire : « Summer Sixteen » de Drake, des trucs de A$AP Rocky, l'album de Tyler The Creator, sur tous les morceaux tu as limite 2-3 prods à chaque fois. C'est intéressant, dynamique, ça surprend.

L'album est un peu plus cohérent que les deux NQNT.
J'ai voulu centraliser. Avant, je sortais en sachant que j'avais un temps de retard. Un morceau comme « Kid Cudi » c'est tellement actuel, tellement 21 Savage. Peut-être que ma vision est plus claire aussi. Avant j'avais peut-être des morceaux qui se contredisaient. £A la fin on s'est rendus compte que c'était effectivement plus cohérent. Y'a quand même toujours un côté compile je trouve, mais vu qu'on sait où je veux en venir, quand je fais « Eurotrap » et « Petite chatte », c'est considéré comme normal.

Il y a aussi des clins d'œil d'un morceau à l'autre, comme la phrase « tu connais l'adresse : 93 » qui devient « tu connais l'adresse, c'est pas le 93 » dans « Mégadose ».
Je suis d'accord, lourd que tu le remarques, ça tue. Je vais pouvoir expliciter un peu pour la phrase « c'est pas le 93 » : c'est une erreur de penser que « la dose qui te dresse » vient des banlieues. C'est vraiment pour dire que contrairement à ce que tu penserais, que la drogue est ce qui t'abrutit le plus et que ce sont les banlieues qui en sont responsables, c'est une énorme connerie. C'est une analyse géopolitique erronée. Ça vient plus d'au-dessus que d'en-dessous. Je sais pas si c'est du rap engagé… Y'a ce côté « je regarde les choses pour de vrai » on va dire.

Publicité

C'est aussi la première fois que tu parles de ta lassitude sur « Si j'arrêtais »..
Un peu une volonté d'en finir avec le personnage Vald, mais ça va au-delà de ça. Au jour le jour, j'ai beaucoup de mal avec ça, être moi-même… J'admire les gens qui arrivent à être juste eux-mêmes, ils arrivent à être chiants, pas drôles. Dès que j'entre dans une discussion, je ne peux pas être naturel. Ça n'a pas de sens, on veut créer du spectacle, de l'entertainment. On va pas parler de manière chiante aux gens.

Et puis quand tu fais le con, il y a toujours des débiles profonds pour dire « derrière ça, il y a du génie »
« …Il est pas juste con, il le fait exprès ! » [rires] C'est clair.

Tu t'es fondu dans l'univers de Damso pour votre feat, on a limite l'impression que tu le parodies quand t'arrives.
Tout à fait. Dès qu'on rappe [il prend une grosse voix avec un débit saccadé] faut-parler-comme-ça-et-c'est-pour-de-vrai, ça te renvoie tout de suite à une caricature. Je me suis rapproché du côté « pour de vrai » de Damso, mais Damso, son premier degré est marrant, parce qu'il en a conscience.

Il le saupoudre de second degré, comme le mec avec le sel sur la viande.
Comment s'appelle ce mec, c'est une légende. T'imagines, maintenant même des découpeurs de viande deviennent des stars, c'est trop fort. Le fait de mettre du sel c'est devenu un gimmick.

Tu reprends ces trucs de belge anglophone, comme supprimer les articles « les jambes ouvertes comme rappeur en déclin ».
Alors ça j'adore, c'est vraiment un gain de temps. T'as raison, c'est totalement anglophone, c'est très trap, c'est sauvage, on enlève carrément les mots.

Publicité

Tu m'avais dit que l'ingé n'en pouvait plus de tes voix aiguës forcées, sur l'album tu t'es pas du tout calmé à ce niveau.
À part« Petite chatte », où j'ai une voix du nez tout le long, « Strip » c'est une voix vénère… Mais c'est vrai que ça reste bien n'importe quoi. Mais c'était un voyage pour l'ingé, il est pas du tout là-dedans d'habitude. Il s'est habitué, il kiffe maintenant. J'ai utilisé l'autotune mais en le respectant un peu plus qu'avant.

« Strip » est un gros défouloir horrorcore, ça devient récurrent avec « Elle me regarde » et « Infanticide ».
C'est vrai que je trouve ça indispensable, j'en faisais beaucoup avant, instinctivement, j'avais que des références de films d'horreur, de snuff movies, maintenant je trouve ça un peu dur, mais il en faut un. Comment je l'aborde ? Avec beaucoup de joie. « Totem » c'est métaphysique, c'est quasi des conseils de vie, t'as le choix d'être bon ou mauvais. On aide les gens. « Strip » c'est surtout le regard du pauvre qui découvre le luxe et qui comprend pas, d'où on paie 20 balles l'entrée, 80 la danse ? Et même le dialogue, il est réel… C'était vraiment le poto, il racontait sa vie, il me dégoûtait ! [rires] Une strip-teaseuse danse et toi t'es là « alors je m'appelle machin, j'ai 22 ans » Putain, la vache. Finalement je suis rentré dans ce truc avec beaucoup de morale et j'en suis sorti avec une meilleure vision du monde. Un peu obscur de voir une meuf enceinte au milieu de tout ce monde qui picole, qui fume… Mais bon, turn up quand même.

Publicité

« Dernier verre» sonne vraiment comme un blues de fin de soirée, tu l'as enregistré comme ça ?
C'est vraiment la fin. C'est pas un morceau que j'écoute pour kiffer. C'est le moment de la soirée où tu dis au revoir aux gens. Ce côté très doux, très triste, où il se passe pas grand-chose, c'est quelque chose que j'aime à petite dose. Y'a qu'un seul son comme ça, en dernier. Je voulais en faire un ghost-track à la base.

Bravo pour la phrase où tu compares un anus pendant la levrette à l'œil de Sauron.
Ouais ! [rires] Lourd de ouf. On le voit, il se ferme, il s'ouvre, et on dit pas le mot anus. Tu l'as relevé, c'est génial. Dédicace à Dolor, avec qui on a développé ce merveilleux concept.

La phrase « en fait je m'emmerde : je crois que c'est ça l'enfer »…
…j'ai vu un article qui faisait des pages et des pages sur cette phrase. Une masturbation géniale.

S'ils n'ont pas parlé du Roi sans divertissement de Giono, ce sont des petits joueurs.
Non ! [rires] Ils me l'ont pas sorti. Mais ils en ont fait des paragraphes. C'est quoi Giono ?

L'homme est un roi sans divertissement dans le sens où il peut faire des tas de trucs mais qu'au final il s'emmerde, et cet ennui le mène au mal. Et le héros se bute à la fin en fumant un bâton de dynamite.
C'est génial, je suis d'accord avec cette référence. Je prends toutes tes références aujourd'hui, elles tuent à chaque fois.

L'influence de DJ Weedim et du Souye Gang, on la sent plus qu'avant.
À mort. C'est des gens que j'ai rencontrés, peu importe ce qu'on pense de leur musique, leur façon de consommer la musique a changé ma vie. Ils savent tout oublier pour se plonger dans le son, sans chercher à capter les paroles. £A certaines soirées j'étais là « oh, non, mets pas ça », je me retrouvais à être un pauvre con. Et j'ai évolué. Ils intellectualisent rien, ça sort, ça sort. Et turn up. Weedim est une méga influence, il me fait découvrir plein de trucs, il me dit ce qui est bien ou pas… Après je suis parfois réfractaire, il me fait chier comme pas possible avec ses 50 tapes de Gucci Mane sorties de nulle part mais y'a vraiment des trucs incroyables, c'est une richesse. Y'a pas beaucoup de DJ's comme lui en France.

Publicité

On va passer au questionnaire spécial troll.
Alleeeeeeeeeez !

Tu as un pronostic pour la Coupe d'Afrique des nations ?
[Eclat de rire] Oh la vache… Non, aucun… je maîtrise pas… non, putain. Je n'ai même pas de réponse drôle à apporter, je suis juste choqué. PLS [rires]

Ton apparition dans « 93 empire » a engendré des commentaires assez stupides, t'es fier de toi ?
Personne n'a compris. Ils ont fait des photo-montages avec un corn-flake blanc dans des corn-flakes noirs, en disant « Vald dans le clip 93 Empire ». Les bâtards ! [rires] Le côté communauté, c'est monstrueux. Mais y'a rien de grave, faut prendre du recul sur tout ça. Et comme nous, en tant qu'êtres humains normaux, on connaît personne qui laisse des commentaires sur Youtube, c'est forcément une nouvelle race. Et je pense que les jeunes qui grandissent avec ça, ils ont du recul aussi. Même Fianso et Kalash Criminel qui viennent à mon Planète Rap, les gens en pouvaient plus « non mais c'est n'importe quoi, vous donnez du crédit à ces bouffons quoi ! » [rires] Les gens ils ont bien mal, gros bisou à Fianso. J'adore parce qu'il me voit comme ça « ah t'es caillera de ouf » et je me retrouve à être un horrible boulet dans des soirées avec lui [rires].

En parlant de lui il m'a sorti « t'as déjà essayé de faire de l'ironie dans le rap ? Vald compte sur l'intelligence des gens, c'est dur… »
[Rires] Il a raison ! Je suis sur un marketing complexe, même moi, je me dis qu'il faut que je passe au premier degré. Mais ça me plaît d'utiliser le second degré, de trouver des bons mots… Je vais un peu quitter ça, sans le quitter, je sais pas, je sais plus.

Publicité

Le morceau « Blanc » qui énumère les clichés a été inspiré par le questionnaire du rappeur blanc ?
Tout à fait. J'ai relu notre interview, chaque question correspond à une line [rires]. Pendant longtemps on s'est fait castrer, on va pas se le cacher. On n'avait pas le droit d'être fiers. En même temps c'est négatif d'être fier de sa couleur de peau. Si des gens prennent ça pour un truc de suprémaciste chelou, je sais pas quoi leur dire… Je rappe « nique ta madre si ton seul combat c'est ta couleur de peau ». C'est agaçant les gens qui sont dans l'egotrip, la fête et dont l'unique engagement c'est « le racisme c'est mal ». C'est presque de l'anti-jeu.

Tu t'es amusé à parodier Killuminaty et Loic Reviews, là où les autres rappeurs les ignorent.
Killuminaty c'est la famille maintenant, c'est légendaire. Ils m'ont totalement compris et on s'envoie des messages, ils me filent des liens « tiens regarde ça » c'est la folie. Et Loic, je m'étais pris le phénomène et c'était une idée marrante pour parler du clip. Pourquoi s'en plaindre ? Parce que le mec a pas de légitimité et que son avis n'a aucune valeur ? Au contraire, ça nous permet de rigoler en le regardant [rires]. C'est très bien. J'encourage tout le monde à faire de l'oseille sur Youtube, ça va pas durer éternellement.

« Continue de faire semblant de m'écouter même si tu ne piges pas », tu penses que toute une partie de ton public ne te comprend toujours pas ?
Faisons des sondages : comprenez-vous ce que vous achetez ? J'ai envie de dire 20 % mais la vérité c'est que j'en sais rien. S'ils comprennent de travers, qu'ils captent que dalle à ce que je fais et où je veux aller… tant mieux, si ça les touche. Restons positifs. Quand je dis « je suis pas la bête de foire de Captchamag », c'est parce que vous kiffez prendre les petits mecs un peu chelous du net, donc c'est pour dire à la fois je ne suis plus un rookie et je suis plus qu'une simple curiosité. Ca aurait été mieux de dire « la bête de foire de Yérim Sar » mais au niveau des syllabes c'était compliqué.

Publicité

« Je me suis pas réincarné pour bouillave à Pattaya » : ça t'amuse de clasher Seth Gueko ?
[Rires] Je… ahah putain, non. Mais disons que ce n'est pas un bon projet de vie, de vivre pour que tes vacances se résument à baiser des putes à Pattaya. C'est pas assez bien.

En plus, tu lui reprends des rimes : « la tête dans le uczer mais c'est pas le mien » et la mention de Panacloc.
Sans déconner ? Mais non… Il dit quoi ?

« Moi et mon flingue on est ventriloque comme Jean-Marc et Jeff Panacloc » et « Chaque matin j'ai la tête dans l'cul mais c'est pas l'mien »
Ah meeeeeeerde… Incroyable. Putain c'est pas du tout fait exprès…

Ça doit être ton ADN de rappeur blanc qui a lui-même ravivé la filiation.
[Il prend une voix exagérément sérieuse] Oui, c'est une grande inspiration, Seth, toute sa discographie. Le vrai truc c'est que je ne connais pas Seth Gueko. Je connais le morceau où y'a Booba dans le clip. Moi c'est très Alkpote, très peu Seth Gueko, mais ne soyons pas négatifs. C'est une coïncidence ces rimes-là. J'en suis… très triste.

En parlant d'Al-K, il y a eu une période où même en interview tu reprenais sa façon de parler, tu t'en es rendu compte ?
Franchement je sais pas, mais y'a un truc que j'admire chez lui, c'est qu'il ne sourcille pas, il ne rigole pas. Il te la donne ta réponse « voilà, mon ptit bébé ». Il a une ce-for le gars, je dois le singer sans faire exprès. Moins dans le rap, parce que c'est devenu très freestyle, très Gucci ce qu'il fait, moi je travaille pas de la même manière.

Si Hillary avait gagné, tu serais allé en tailleur et perruque au Grand Journal ?
Je sais ap, excellente question, mais nous, on a voulu faire un tableau, s'inspirer de Lady Gaga, avoir Trump qui turn up à l'ONU entouré de lézards… Ouais, je serais venu en Hillary si elle avait gagné.

Par contre tu n'avais pas l'air très à l'aise à Touche pas à mon poste
J'étais parfaitement gêné, une gêne profonde et intense. C'est une autre strate, dans une clique, ils se connaissent, ils se font des blagues tous les soirs. Moi je fais du rap un peu vulgaire, et Cyril c'est un amour, super gentil, mais il me dit rien du tout sur le plateau. Il présente un morceau en précisant qu'on peut pas l'écouter, puis « Il a pas l'air méchant, il ressemble à Eminem, tu t'appelles Valentin, on t'appellera M&M's », voilà. C'est cool… Non c'était vraiment pas terrible, mais c'était super sympa de sa part, on aurait aimé rester plus longtemps pour s'exprimer un peu plus, mais il a dit qu'il me réinviterait, donc génial.

Ça ne va pas être incroyablement gênant de rapper le second couplet de « Je t'aime » avec AD sur scène ?
Je vais le regarder, carrément, ça va être intense. Ça va être complètement homosexuel ces concerts, faut venir. Je vais me décaler pour lui faire face. Ce genre de mise en scène nulle. C'est de l'amour.

Quand Sofiane est devenu viral grâce à un p'tit qui hurle une insulte à base de Sprite alors que toi, t'essaies à chaque fois de buzzer avec des clips-concepts, ça t'a rendu jaloux ?
Je me suis senti violé. Mais en vrai c'est normal ce qui arrive à Fianso, c'est la preuve que le travail paie. Maintenant il baise tout, on le respecte, c'est la coqueluche des quartiers. En vrai je lui avais réservé un couplet sur « Megadose », mais au final, on s'est retrouvés sur le morceau « Dragon ». La trap nous réunit, « Je roule un dragon, et je roule un dragon », c'est tout con. Mais je suis content, on a fait des millions de vues sur PornHub, c'est beau. En fait j'aimerais me rapprocher du marketing commun mais c'est compliqué : je suis très peu porté sur la mode, les vêtements, même ma coupe de cheveux est un problème. Rien ne me vient naturellement. Il faut que je m'y mette, parce que ça ralentit mon expansion. Mais les gens qui restent sont vraiment ceux qui me comprennent et qui… [il s'aperçoit que son kebab est arrivé] Oh vous l'avez déjà ouvert, mais vous êtes incroyables ! Ça c'est Universal, chapeau. Et Noisey offre des bonbons pendant les interviews, ba-baw ! [Tout est vrai].

(Photo : Melchior Tersen)

Yérim distribue aussi des bonbons sur Twitter.