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Un algorithme permet d'identifier les terroristes qui font le V de la victoire

Largeur, longueur et écartement des doigts, couleur de la peau : les djihadistes pourraient se faire gauler pour avoir réalisé un geste ridicule.

Le V de la victoire, réalisé avec l'index et le majeur et généralement brandi devant l'objectif d'un appareil photo, fait partie de ces quelques signes universels, au même titre que le doigt d'honneur, l'index sur la tempe ou le poing tourné devant le nez pour signifier l'ébriété. Tombé progressivement en désuétude depuis les années 80 chez tous les individus majeurs et sains d'esprit, il est aujourd'hui le signe distinctif des lycéens du monde entier, des jeunes asiatiques surexcitées en cosplay et, étrangement, des combattants de l'Etat islamique, Al-Qaida, d'Al-Nosra et autres agents du chaos au Moyen-Orient. Le V de la victoire, utilisé à outrance par les djihadistes, est devenu une composante essentielle de l'esthétique terroriste, au même titre que la cagoule, la kalash, la tenue de camouflage et le pick-up Toyota couleur sable. Et si l'identification de ces combattants est rendue difficile par leurs uniformes et leurs visages invisibles, un nouvel algorithme d'identification pourrait changer la donne en s'appuyant sur ce fameux signe de main.

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Le site du MIT Technology Review révélait la semaine dernière qu'un étudiant de l'université Mu'tah de Jordanie, Ahmad Hassanat, a développé un système de reconnaissance capable d'identifier un individu grâce aux différentes caractéristiques contenues dans ce simple signe d'affirmation d'une prétendue coolitude : largeur, longueur et écartement des doigts, couleur de la peau… à l'échelle biométrique, le signe V est déjà une mine d'informations. Suffisant pour identifier le même individu sur différentes photos, sans avoir jamais vu son visage, même si le domaine est encore expérimental. Si la biométrie géométrique de la main, qui se base sur 90 caractéristiques liées au volume de celle-ci, est une technique d'identification connue depuis les années 70 et utilisée depuis trente ans pour sécuriser les coffre-forts ou les laboratoires secrets dans tous les blockbusters d'action, «identifier quelqu'un avec une simple partie de la main est une tâche compliquée qui n'a, à notre connaissance, jamais été expérimentée », a néanmoins reconnu Hassanat.

Largeur, longueur et écartement des doigts, couleur de la peau… à l'échelle biométrique, le signe V est déjà une mine d'informations.

Pour tester son algorithme, l'équipe a d'abord demandé à 50 personnes de produire le signe V avec leur main droite, devant un mur noir, avant de le photographier sous divers angles, pour obtenir une base de données initiale de 500 images à partir desquelles l'algorithme allait se mettre au boulot. Une fois les deux tiers de ces images fournis à la machine, reste encore à décider du nombre de caractéristiques que celle-ci devra extraire. Étant donné que la majorité des photos diffusées par les djihadistes le sont en basse résolution, Hassanat et son équipe ont décidé de n'apprendre à leur machine qu'à reconnaître et évaluer le simple triangle formé par l'espace entre le majeur et l'index lors du V. En combinant cette capacité à « une série de mesures statistiques » créées à partir du troisième tiers de la base de données, écrit Technology Review, les chercheurs ont réussi à isoler 16 caractéristiques biométriques différentes pour l'identification. Une fois testée, la méthode a permis l'identification de sujets avec une précision allant de 40 à 93%.

Comme l'écrit le magazine scientifique, la méthode est donc encore trop imprécise pour être appliquée. Mais Hassanat et son équipe sont convaincus qu'en travaillant sur des échelles plus larges, ils parviendront à affiner leur résultats et inclure, par exemple, la largeur et la longueur des doigts dans l'analyse. Couplée à d'autres systèmes d'identification, comme la voix ou les yeux, le dispositif biométrique d'Hassanat pourrait réellement faire une différence dans la lutte contre le terrorisme. Et les combattants de l'EI regretteront alors amèrement d'avoir osé faire ce ridicule signe de victoire en posant devant leurs photographes.