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Le CERN possède un véritable "refuge" pour souris d'ordinateur

Vraiment. Non, sérieux : ça existe.

Un abri pour "animaux informatiques". Au CERN. Vraiment. Non, sérieux : ça existe. Physiquement, au sein de l'Organisation Européenne pour la Recherche Nucléaire, où l'on trouve donc aussi bien l'accélérateur de particules le plus puissant du monde et des souris d'ordinateurs à la retraite, logées dans un refuge.

Imaginez donc comment un truc pareil a pu naître. En gros, un mec possédant un humour de type "daron des années 90 fan de jeux de mots" a trouvé super drôle que le mot "souris" désigne à la fois un accessoire informatique très commun et un petit mammifère, et ne s'est pas contenté d'en faire une blague à un collègue ou d'ouvrir Photoshop comme un gros lourd ; il a pris une cage à lapins et l'a remplie de souris d'ordinateurs comme si c'étaient de vraies souris et a mis le tout dans un bâtiment du plus grand laboratoire de physique des particules du monde.

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Et depuis, rien n'a bougé. Le "refuge" est là depuis cinq ans.

J'ai découvert le Refuge pour souris d'ordinateurs du CERN un peu par hasard, au détour d'une recherche "animaux mignons CERN" sur Google effectué lors d'une pause thé, et dès que j'ai vu ça, j'ai su que ça allait être le sommet de ma carrière de blogueuse. Il était de mon devoir de journaliste d'enquêter sur ces images, de savoir ce qui se cachait derrière, et de répondre à la question qui m'était immédiatement venue à l'esprit : WTF ?

Capture d'écran du site du Refuge animalier du CERN

L'homme qui pouvait m'éclairer s'appelle Stefan Lueders, chef de la sécurité informatique au CERN. Car le refuge, voyez-vous, a pour but de sensibiliser les gens aux attaques informatiques. Au départ, c'était un simple poisson d'avril, envoyé dans la newsletter du personnel pour dissuader les gens de cliquer sur des liens dangereux susceptibles de contenir des virus, une menace à laquelle le CERN doit faire face comme n'importe quelle entreprise.

"En termes de sécurité informatique, l'un des plus gros soucis ce sont les gens qui cliquent sur n'importe quel lien, explique Lueders. Ils cliquent sur tout ce qui est bleu, sans savoir ce qui se cache derrière le lien."

(Je tiens à souligner que cette idée est illustrée sur le site du refuge animalier du CERN par une photo représentant quelqu'un qui clique sur un putain de loup déguisé en mouton.)

"L'idée, c'était donc de demander à tous les employés de nous envoyer leur souris, et donc d'arrêter d'utiliser une souris et d'utiliser plutôt leur clavier", ajoute Lueders, qui insiste sur le fait qu'il est beaucoup plus sûr de taper l'adresse d'un site que de cliquer sur un lien (en fait, ils ne voulaient pas vraiment que les gens se débarrassent de leur matériel informatique ; c'est ça la blague).

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Capture d'écran du site du Refuge animalier du CERN

Lueders raconte que la cage a été empruntée à des cochons d'Inde ; elle est bien fournie en paille, en nourriture et en eau. Lueders a fait des photos des souris en train de "se faire des câlins", de "boire" et de "paniquer" (face à la présence soudaine de son chat).

"Elles ne boivent pas beaucoup ; c'est plutôt de l'évaporation", préfère-t-il clarifier.

Mais tout n'a pas toujours été rose pour le refuge pour souris d'ordinateur. En 2012, la tragédie a frappé. Des vents violents ont déraciné un arbre, et dans la pagaille, la cage a été détruite et le refuge a dû fermer, l'équipe de sécurité assurant bien évidemment que "toutes les souris survivantes avaient été rendues à leurs propriétaires" en Comic Sans MS vert fluo.

Le refuge animalier du CERN sous sa forme actuelle. Image: Stefan Lueders

Mais Lueders affirme que la cage a été remplacée et fait désormais partie de la visite officielle. Apparemment, les souris sont plutôt indépendantes. La plupart d'entre elles appartiennent à une ancienne génération de souris - Lueders souligne qu'aucune d'entre elles n'est dénuée de fil - et leur nombre s'accroît quand de nouvelles souris sont données au projet.

Le message est-il passé ? Les souris du CERN cliquent-elles moins souvent qu'avant sur des liens douteux ?

"Pour l'instant, on s'en sort pas mal. Je ne dirais pas que tout est parfait, mais franchement, ça va", dit Lueders.