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fruits de mer

Il y a une guerre des pétoncles dans la Manche, et elle devient violente

Dans les images des affrontements entre pêcheurs de pétoncles français et britanniques, on voit des pêcheurs se lancer des pierres et des bateaux qui se tamponnent.
Photo par FRED TANNEAU/AFP/Getty Images.

Ce texte a d'abord été publié sur Munchies.

Les Français aiment leur coquille Saint-Jacques et leurs pétoncles, et d’ailleurs ils se sont donné des règles pour éviter qu’une surpêche réduise à néant les populations au large de leurs côtes. En particulier, cette pêche n’est permise que du 1er octobre au 15 mai, laissant l’été aux mollusques pour se multiplier. Toutefois, les pêcheurs britanniques ne sont soumis à aucune règle de ce genre, et, depuis 15 ans, cette inégalité a créé des tensions qui occasionnellement dégénèrent en affrontements violents.

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Tôt mardi matin, cinq bateaux de pêche britanniques qui se trouvaient tout juste à l’extérieur de la zone protégée d’une vingtaine de kilomètres au large des côtes françaises ont été encerclés par une quarantaine de bateaux français qui ont tenté de les intimider pour les repousser hors de la Manche. Personne n’a été blessé, mais dans les images, on voit des bateaux français tamponner des bateaux britanniques et des pêcheurs leur lancer des pierres.

Dans une vidéo publiée sur Facebook par un capitaine français, on voit un bateau britannique duquel s’échappe de la fumée.

« Ces bateaux se trouvaient dans une zone où ils sont autorisés à pêcher », a déclaré un porte-parole du gouvernement britannique au journal The Guardian. Et c’est tout à fait vrai, mais les Français rétorquent que ce qui est légal n’est pas nécessairement juste.

« Pour les Anglais, c’est un bar ouvert : ils pêchent quand ils veulent, où ils veulent et autant qu’ils veulent », a dit à la BBC le président du Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins de Bretagne, Dimitri Rogoff. « Nous ne voulons pas les empêcher de pêcher, mais ils pourraient au moins attendre le 1er octobre pour que nous puissions partager. La coquille Saint-Jacques est un produit phare de la Normandie, une ressource essentielle et un sujet très sensible. »

D’ailleurs, des escarmouches similaires ont eu lieu en 2012 et auparavant en 2002.

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« Les Français ont été très agressifs, et leur comportement était ridicule », a dit le propriétaire d’un bateau de pêche de pétoncles au Telegraph en 2002, après que son bateau a été attaqué par des crabiers français. Selon ces derniers, il y avait un accord informel en vertu duquel les Britanniques devaient éviter la zone. « En tout cas, il est ridicule d’avoir un accord informel et de n’en parler à personne », a-t-il ajouté.

Dix ans plus tard, un bateau britannique a demandé l’aide de la garde côtière du Royaume-Uni et de la Royal Navy après une embuscade semblable au large des côtes françaises, mais c’est plutôt un navire de guerre français qui a été envoyé. « On était des proies faciles », a dit le capitaine du bateau britannique au Guardian. « Quelqu’un aurait pu perdre la vie. »

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Dans les dernières années, un accord informel limitant la taille des bateaux de pêche britanniques autorisés dans la Manche a permis de maintenir la paix. Mais cet accord semble avoir été déchiré cette année.

L’été prochain, les différends pourraient être d’un autre ordre si le Royaume-Uni concrétise sa sortie de l’Union européenne : c’est leur adhérence qui les autorisait à accéder aux eaux internationales de la Manche. Les opposants au Brexit auraient d’ailleurs dû s’en servir comme argument.