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AQMI

Le dernier otage français authentifié dans une vidéo

L’Élysée a certifié cette nuit que c'est bien Serge Lazarevic, enlevé en 2011 au Mali par Aqmi, qui figure dans ce document diffusé par ses ravisseurs.
capture d'écran de la vidéo présentant l'otage Serge Lazarevic

« Dans le passé vous avez libéré tous les Français, je suis le dernier. J'espère ne pas être le huitième sur la liste des Français tués dans le Sahel. » Très amaigri, la voix cassée et presque inaudible, Serge Lazarevic s'adresse directement à François Hollande dans cette vidéo de 3 minutes et 13 secondes publiée ce lundi sur Internet par Al-Andalus, canal de communication habituel de Al-Quaida au Maghreb islamique (AQMI).

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Cette nuit dans un communiqué, l'Élysée a confirmé l'authenticité de la vidéo : « Le président de la République a été informé par les services compétents de l'authenticité de la vidéo concernant Serge Lazarevic. Elle constitue une preuve de vie récente qui était attendue depuis longtemps. »

La présidence française indique ensuite qu'elle cherche à maintenir toute forme de dialogue permettant de libérer le dernier otage français connu. Serge Lazarevic a été enlevé le 24 novembre 2011 dans le nord du Mali. Une bande armée, composée de membres d'Aqmi au Mali ou de criminels kidnappant pour le compte de l'organisation terroriste, avait fait irruption dans un hôtel pour en ressortir avec deux Français présentés comme des géologues en mission dans la région, Philippe Verdon et Serge Lazarevic. Le passé de Philippe Verdon, proche d'un mercenaire dans les années 2000, avait d'abord intéressé les médias qui ont creusé sans succès la piste des services secrets ou d'une mission mercenaire pour expliquer la raison de leur présence dans la région. Officiellement, les deux hommes qui se connaissaient bien, étaient partis pour étudier la faisabilité d'un projet de cimenterie.

Le 19 mars 2013, Aqmi revendiquait l'exécution de Philippe Verdon, en réaction à l'intervention de la France au Mali, l'opération Serval qui est devenue l'opération Barkhane au milieu de l'été 2014. Une intervention militaire qui a pour but d'affaiblir les groupes islamistes terroristes présents dans le nord du Mali, et plus largement dans toute la région du Sahel.

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Dans la vidéo publiée ce lundi, c'est cette fois l'intervention française en Irak qui est présentée par Lazarevic comme un facteur aggravant ses conditions de détention.

« Je sens que ma vie est en danger depuis l'intervention française en Irak, » dit-il l'otage dans la vidéo.

Serge Lazarevic apparaît à l'avant de ce qui semble être un pick-up 4x4, côté passager. La caméra est placée à raz du fauteuil du conducteur. L'extérieur de l'habitacle est masqué par un drapeau et une lumière qui surexpose la fenêtre arrière et le pare-brise. L'otage semble lire un texte qu'il découvre, le regard détourné légèrement de l'objectif, la voix essoufflée peine à trouver les bonnes intonations entre les phrases. L'otage semble affaibli par rapport à la précédente vidéo de lui diffusée en juin dernier.

Vidéo présentant l'otage Serge Lazarevic, diffusée en juin dernier

« Je suis très malade. J'ai mal aux reins. Je souffre d'une hypertension très haute, d'asthme, d'un ulcère et de mon genou, » détaille Serge Lazarevic sans dater son intervention. La vidéo enchaîne ensuite avec une seconde partie consacrée à un autre otage détenu par le groupe, un homme qui se présente comme le néerlandais Sjaak Rijke, enlevé lui aussi au Mali le lendemain du kidnapping de Lazarevic. Sjaak Rijke dit que l'enregistrement, a priori réalisé dans un autre endroit, est fait le 26 septembre.

Dans les deux messages les otages détaillent la détérioration de leur condition physique, adressent des mots à leurs proches et supplient leurs gouvernements de prendre exemple sur Barack Obama en rappelant que son administration avait échangé le sergent Bowe Bergdahl, otage en Afghanistan, contre des détenus talibans.

Actuellement en voyage en Australie, le président Hollande s'est interrogé sur les raisons de cette vidéo. Au-delà de la preuve de vie nouvelle des otages et d'une volonté d'Aqmi de renouveler des appels à un échange des otages contre de l'argent ou des détenus, les avis des experts dans les médias français tournent autour de deux idées : Aqmi souhaite maintenir une certaine exposition médiatique de son groupe face à l'omniprésence de l'organisation terroriste État islamique, mais aussi rappeler sa présence active dans la région au moment où des pourparlers pour la paix au nord Mali se tenaient à Alger.

Suivez Étienne Rouillon sur Twitter @rouillonetienne