Première apparition publique du nouveau roi de Thaïlande

Le nouveau roi de Thaïlande vient d'être couronné et a fait sa première apparition publique ce vendredi, après avoir accédé au trône suite à la mort de son père, le roi Bhumibol Adulyadej, très apprécié par les Thaïlandais.

Le roi Maha Vajiralongkorn Bodindradebayavarangkun — dont le nom veut dire « orné de joyaux ou d'éclairs » — a fait apparition dans le Grand Palace de Bangkok 50 jours après la mort de son père. La télévision nationale a diffusé l'événement et a permis à beaucoup de Thaïlandais de voir pour la première fois le nouveau souverain de 64 ans, qui reste discret sur sa vie privée.

Pourtant en dehors du pays, le train de vie luxueux du roi a été largement diffusé dans les médias.

Les médias thaïlandais, eux, n'ont pas eu le loisir de couvrir la vie du nouveau roi à cause des sévères lois de lèse-majesté du pays, qui interdisent aux citoyens de parler ouvertement de tout détail de la vie du nouveau roi. Toute personne incriminée pour ces crimes peut être condamnée à jusqu'à 15 ans de prison ferme.

Une jeunesse à l'étranger

Né en 1952, le nouveau roi avait commencé ses études à l'intérieur même du palace royal. Il reconnaît lui-même avoir été choyé à cette période. Cela n'a donc pas été simple de vivre avec d'autres jeunes lorsqu'il est allé à l'école. Dès l'âge de 13 ans, le nouveau souverain a fréquenté deux écoles en Grande-Bretagne avant de passer un an à Sydney, en Australie.

The front cover of the Friday edition of The Nation newspaper: 'Long Live the King' — Richard Barrow (@RichardBarrow)1 décembre 2016

Après avoir fini le lycée, le roi a passé les quatre années suivantes au Royal Military College, à Canberra.

Il a ensuite continué son entraînement militaire aux États-Unis, en Angleterre, en Australie et chez lui, où il est devenu un officier dans les forces armées thaïlandaises. Il a une formation de pilote et il a l'habitude de piloter son propre Boeing 737 lors de ses déplacements à l'étranger.

Une réputation de coureur de jupons

Les spéculations sur le train de vie du roi sont interdites dans le pays, mais cela n'a pas empêché ceux qui sont à l'étranger de le critiquer. « Le prince héritier a depuis des années acquis la réputation d'être un type au sang chaud, un coureur de jupons, et un mauvais décideur », a dit en 2014 Joshua Kurlantzick, du think tank américain Council on Foreign Relations.

Voici quelques incidents que Kurlantzick a pris le soin de documenter :

• Il a utilisé ses propres avions pour bloquer la visite à Bangkok d'un Premier ministre japonais, par dépit.
• Il a organisé une soirée d'anniversaire luxueuse pour son caniche Foo Foo (qu'il a nommé au rang de maréchal en chef de l'armée de l'air). Une vidéo de la soirée avait fuité sur Internet, où l'on voit son épouse seins nus.
• Il était aussi rentré à Bangkok plus vite que prévu d'une visite au Japon après quelques petits soucis protocolaires avec l'investisseur le plus important de Thaïlande.

Trois mariages, trois divorces

Du moins à l'étranger, le nouveau roi a la réputation d'être un homme à femmes et le nombre de fois où il s'est marié semble le confirmer. Même sa mère avait dit, en 1981, qu'il avait « un certain côté Don Juan ».

Au total, il s'est marié et a divorcé trois fois. Il a sept enfants, mais a déshérité quatre fils et une fille.

Il s'est marié pour la première fois, en 1977, à sa cousine, la princesse Soamsawali. Sa première fille — princesse Bajarakitiyabha — est née un an plus tard. À cette époque, il avait déjà entamé une relation avec Yuvadhida Polpraserth, une actrice en devenir, et a eu cinq enfants avec elle au cours des huit années suivantes. Il a finalement divorcé de la princesse Soamsawali en 1933, pour se marier avec sa maîtresse l'année suivante.

Ce mariage n'a duré que quelques années. En 1997, il a coupé tout contact avec elle, interdisant à son ex-femme et à leurs cinq enfants de pénétrer en Thaïlande. Ils vivent actuellement aux États-Unis.

En 2001, il s'est marié pour la troisième fois. Cette fois-ci, avec Srirasmi, avec laquelle il a eu un autre fils en 2005 : le prince Dipangkorn. Neuf ans plus tard, Srirasmi a été déchue de son titre royal et neuf membres de sa famille ont été arrêtés pour lèse-majesté, accusés d'avoir abusé de leurs liens avec le prince héritier.

Selon des rumeurs, le nouveau roi a entamé une relation avec une ancienne hôtesse de l'air thaïlandaise, qu'il a d'ailleurs nommée chef de sa garde personnelle.

Une fortune estimée entre 30 et 40 milliards de dollars

Le nouveau roi n'est certes qu'un monarque garant de la constitution. Toutefois, il détient encore de très grands pouvoirs. Son père s'est constitué une large fortune, estimée entre 30 et 40 milliards de dollars [entre 28,2 et 37,6 milliards d'euros, environ]. Le palace à lui seul est la source de 300 millions de dollars [environ 282 millions d'euros] en revenus dépourvus de taxe, par an. Le roi est également à la tête de son propre régiment de la Garde Royale, qui est composée de 5 000 soldats, environ.

Malgré les allégations d'un train de vie tapageur, le fait que le roi ait accepté la couronne garantit une certaine stabilité, du moins. « Oubliez l'intrigue à la Game of Thrones. Avec cette nouvelle constitution et après la succession royale, les conditions pour une stabilité institutionnelle sont remplies, » a dit Tim Condon, économiste en chef pour l'Asie chez ING, à Singapour. « Ce manque de stabilité depuis 2013 est responsable selon nous des mauvaises performances économiques. Le retour de la confiance est donc vécu comme un moment charnière. »

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