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VICE News

Des milliardaires libertariens veulent faire de « Waterworld » une réalité

En début d'année, le Seasteading Institute a passé un accord avec la Polynésie française pour y installer son premier prototype d'île flottante.

Construire un paradis libertarien et techno-utopique au beau milieu de l’océan est le type d’idée que l’on retrouve plutôt dans un film de science-fiction ou qui fait l’objet d’une vanne dans la série Silicon Valley. Mais il semblerait que la réalité puisse bientôt dépasser la fiction.

Ce plan est soutenu par un groupe d’idéalistes libertariens, qui disent pouvoir résoudre les maux de la société en s’installant dans des communautés posées au milieu de l’océan. Là-bas, ils pensent être immunisés contre les deux principales menaces visant l’espèce humaine au XXIe siècle, à savoir, la montée des eaux et le manque d’innovation du gouvernement, selon Joe Quirk, le président du Seasteading Institute.

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« Le seasteading [Ndlr, le fait de construire des habitations permanentes sur la mer] permet de résoudre ces deux problèmes, explique Quirk à VICE News. Pour moi, c’est mieux que d’aller sur Mars. »

Au début de l’année, le Seasteading Institute est parvenu à un accord avec la Polynésie française pour construire un prototype d’île flottante (un « seastead ») dans un lagon protégé, afin de prouver la viabilité de leur idée. Ils espèrent que leur prototype, composé notamment d’un restaurant subaquatique, sera prêt en 2020.

Mais le projet ne résume pas à manger à côté des poissons – il s’agit de construire une véritable utopie.

Celle-ci s’inspire notamment du festival Burning Man, où Quirk a rencontré Patri Friedman, un pionnier du seasteading et petit-fils de l’économiste Milton Friedman. Les deux hommes ont ensuite écrit un manifeste pour leur site Web, dans lequel les « aquapreneurs » expliquent comment les « îles flottantes » vont permettre de s'attaquer à huit défis – les « Huit Grands Impératifs Moraux » du seasteading, à savoir :

  • « Enrichir les pauvres », parce que les petites nations insulaires auraient tendance à être plus riches et davantage capables de restructurer leur gouvernement quand elles deviennent indépendantes.

  • « Guérir les malades », parce que la bureaucratie gouvernementale aurait entravé la recherche médicale. Ce qui ne sera pas le cas sur leurs paradis flottants.

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  • « Nourrir ceux dans le besoin », en cultivant les algues qui vont se développer de plus en plus à cause du changement climatique, et grâce au carbone absorbé par les océans.

  • « Nettoyer l’atmosphère », en cultivant des algues qui absorbent le carbone, et deviendront une nouvelle source d’énergie dans la nouvelle « économie bleue ».

  • « Permettre aux gens de vivre en harmonie avec la nature », grâce à des villes construites avec des technologies inspirées des plantes qui utilisent l’eau comme source d’énergie.

  • « Alimenter le monde en énergie », grâce à la « conversion de l’énergie thermique des mers », un mécanisme peu connu utilisé pour produire de l’énergie en utilisant la différence de température entre l’eau présente en surface, et celle des fonds marins.

  • « Arrêter les guerres », en libérant l’humanité du « monopole du gouvernement » et permettant aux gens de choisir le type de gouvernance qu’ils souhaitent.

Le huitième « impératif moral » est ce qu’ils appellent le « Projet de recherche de mariculture des vélelles », un enclos flottant pour élever des poissons. Ce projet permettra, espèrent-ils, de « nourrir 9 milliards de personnes avec des sashimis savoureux », le tout sans empreinte carbone.

L’idée des paradis flottants commence à faire son chemin chez les ultra-riches. Peter Thiel faisait partie des investisseurs fondateurs du Seasteading Institute, à hauteur de 1,7 million de dollars. (En 2011, Thiel a quitté l’aventure, d’après Business Insider, et Quirk indique qu’il n’est pas impliqué dans le projet polynésien, bien que deux employés de la Thiel Foundation soient toujours présents au board du Seasteading Institute).

Ils espèrent financer le projet grâce à une ICO (initial coin offering), une méthode de levée de fonds qui implique la création d’une nouvelle crypto-monnaie, dont le nombre d’unités est préalablement fixé – tout cela en dehors du système financier traditionnel.

Les « seasteaders » sont prêts à « décentraliser la gouvernance, mais aussi la finance », assure Quirk.

« Si les sociétés flottaient et pouvaient être transportées, la gouvernance pourrait évoluer, dit Quirk. La gouvernance deviendrait une technologie qui pourrait progresser aussi rapidement que les téléphones grâce auxquels nous échangeons en ce moment même. »

« Pour moi, les seasteads sont comme des iPhones qui flottent. Vous téléchargez votre app gouvernance, et vous choisissez comment structurer la société. »