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Crime

Un club de bikers a refusé d’intégrer le terroriste de Sydney parce qu’il était délirant

Le preneur d’otages de Sydney, Man Haron Monis a essayé de rejoindre le club de motards australiens « Rebels Motorcycle Club ». Sa candidature a été rejetée parce que la bande l’a jugé délirant et peu fiable.
Image via Roy Lister/Flickr

Il semble que Man Haron Monis, « cheikh » autoproclamé, a essayé de rejoindre le célèbre gang de bikers l'année qui a précédé sa prise d'otage au café Lindt. Prise d'otage durant laquelle il a déclaré allégeance à l'organisation État islamique.

VICE News s'est entretenu avec l'Australien Michael Kennedy, qui a notamment été détective au sein de la brigade de l'État de Nouvelle-Galles-du-Sud, spécialisée dans la lutte contre le crime organisé, et ancien membre du bureau de renseignement criminel. D'après lui, Monis a été rejeté à cause de son comportement.

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« Il était candidat pour faire partie des Rebels l'an dernier, mais il n'est jamais devenu membre. D'après mes informations, le gang en a eu assez de ses singeries, et s'est aperçu qu'on ne pouvait pas lui faire confiance parce qu'il n'était pas rationnel. Ils lui ont donc demandé de partir, » a dit Kennedy, qui est désormais à la tête du programme de criminologie de l'Université de Western Sydney.

Connus sous le nom de « Bikie Gangs », les clubs de motards australiens sont encore aujourd'hui des figures importantes du crime en Australie. La commission du crime australienne (ACC) les décrit comme « le composant le plus identifiable du paysage criminel australien. »

D'après l'ACC, les motards hors-la-loi « jouent un rôle dominant dans la production australienne de stimulants de type amphétamines, et sont aussi très impliqués dans d'autres trafics de drogue, des affaires de garages clandestins et de trafic d'armes. »

« Il y a des membres de gangs impliqués dans toutes sortes de crimes graves, » a expliqué à VICE News le professeur Mark Lauchs, un expert en criminologie de l'université de technologie du Queensland, spécialisé dans ce genre de groupes. « Ils sont pris très au sérieux par les autorités. Dans certaines régions, les gangs de motards sont la priorité en termes de lutte contre le crime organisé. »

Mais d'après Lauchs, Monis n'aurait eu de fait aucune chance d'entrer chez les Rebels.

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« Pour être candidat, il faut être introduit par quelqu'un et faire ses preuves. Vous êtes véritablement traité comme un esclave. Monis a pu demander à rejoindre le gang et ils ont dit « non », mais je n'imagine pas qu'ils aient pu prendre sa candidature au sérieux, » explique Lauchs.

« Il ne correspond pas au profil ; il s'est créé un personnage de religieux, il n'aurait pas fait la fête, et, autant que je sache, il ne conduisait pas de moto. Il ne savait clairement rien d'eux. »

« Les gens rejoignent les 'Bikie Gangs' parce qu'ils cherchent une sorte de soutien et de fraternité, » poursuit Lauchs, « donc je comprends que ça ait pu attirer Monis, parce que c'était un solitaire. D'après moi, Monis aurait pu vouloir rejoindre le groupe pour ces aspects, pas pour le crime organisé. »

Les Rebels représentent 25 pour cent de tous les membres de Bikie Gangs en Australie. Les forces de l'ordre les ont régulièrement poursuivis ces dernières années.

Une cellule, répondant au nom de code Attero, a été mise en place en 2012 pour cibler le gang. Les douze premiers mois, ils ont arrêté 330 personnes et ouvert plus de 500 dossiers.

Monis avait un passé criminel avant la prise d'otage, on sait qu'il souffrait de troubles mentaux. Il aurait participé au meurtre de son ex-femme, Noleen Hayson Pal. Il était aussi sous le coup d'une enquête de justice pour une cinquantaine d'affaires d'agressions sexuelles, dont la plus ancienne remonte à 2002. Entre 2007 et 2009, des procès lui ont été intentés après qu'il a écrit des lettres d'injures aux familles de soldats australiens tués en Afghanistan.

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Monis a également écrit des communiqués délirants adressés au président américain Barack Obama, au Premier ministre australien Tony Abbot et à d'autres responsables de premier rang.

« Ce mec avait de sérieux problèmes mentaux. On ne peut le cerner parce qu'il se comportait différemment chaque jour, » a déclaré Kennedy. « Ce n'était pas un djihadiste, c'était juste une personnalité narcissique qui voulait attirer l'attention. Se poser la question de savoir si l'organisation État islamique approuve ses actes n'est pas pertinent. Il n'y a aucun rapport. »

D'après lui, sa tentative de rejoindre les Rebels était un signe de la volonté désespéré de Monis de faire partie d'un groupe. Il aurait adopté n'importe quelle personnalité qui l'aurait fait passer pour un radical. « C'est une autre preuve qu'il était vraiment perdu, et qu'il voulait être accepté, et qu'il aurait suivi n'importe quoi. »

Monis a obtenu l'asile en Australie en 2000 après s'être présenté comme un espion iranien de haut rang. Il a obtenu la citoyenneté australienne en 2004.

Les membres du gouvernement fédéral australien et le gouvernement de l'État du New South Wales doivent boucler d'ici fin janvier une enquête sur Monis.

Trois personnes, dont Monis, sont mortes dans la prise d'otage qui a duré 16 heures le 15 décembre dernier, pendant laquelle 17 personnes ont été retenues dans un café Lind.

De récents rapports indiquent que l'une des victimes, Katrina Dawson, a été tuée par le ricochet d'une balle de police alors qu'elle protégeait une autre otage, enceinte, durant l'assaut qui a mis fin au siège.

Le 29 janvier, le médecin légiste Michael Barnes fera un rapport sur la façon dont les gens sont morts, et indiquera comment certaines de ces morts auraient pu être évitées.

Suivez Max Rann sur Twitter: @RannMax

Image via Flickr