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Henry Michel regarde Top Chef – S09E05 : L’abat si j’y suis !

Chaque semaine, notre chroniqueur débriefe le dernier épisode de la meilleure émission du PAF, en toute subjectivité.

Neuf étudiants allemands débarquent chez vous dans le cadre d’un échange scolaire. Ils sont polis, propre sur eux, obéissants, mais vous remarquez qu’il est assez dur de les dérider… Vous tentez la tour Eiffel, les châteaux de la Loire, Center Parcs, France Miniature, bref tous nos fleurons français, mais rien n’y fait : ils sont sérieux. Ils veulent bien faire, bon sang, ils jouent leur année et ne sont pas là pour niaiser ! Je viens de vous résumer cette saison 9 de Top Chef.

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Prenons-nous du plaisir ? J’en ai pris très peu dans cet épisode, les amis, et pourtant croyez-moi, l’envie était là. Mais si nous prenons du plaisir, surtout, chez Munchies, c’est celui de vous retrouver pour aborder ensemble les débriefs – et quelques indiscrétions récentes m’ont permis d’apprendre qu’au sein des quelques candidats de cette saison qui suivent mes chroniques, on ne parle pas des « débriefs » mais des « munchies » directement.
– Tu as lu le munchies ?
– Holala non mais le mec il a craqué dans le munchies, j’aimerais bien le voir faire !
– Tiens, qu’aurait-il fait avec tous ces marmots pour cet épisode ?! Et des rognons ? HEIN ?

C’est une TRÈS BONNE question : le temps fort de cet épisode 5 était l’emblématique épreuve des enfants, avec ses trucs dégueus, ses enfants qui courent, leurs questions teubés et leurs petites réactions toujours bien exaspérantes, et les ingrédients choisis étaient de taille à créer bien des problèmes.

C’est donc parti pour le munchies de cette semaine !

Épreuve n°1 – L’abat : n’y va pas

C’est dans une cour d’école que les neuf candidats ont dû s’affronter pour la désormais célèbre « épreuve des enfants » de Top Chef !

En quoi consiste l’épreuve des enfants ? Elle impose aux candidats de faire aimer des plats problématiques à des 2010. Les 2010 sont des coriaces, ils savent déjà absolument tout, ont déjà des gosses, payent des impôts, et ont cette capacité de parler avec les sourcils froncés à la manière de leurs aînés sans perdre une seule fois leur aplomb. Ils n’utilisent plus les smartphones, ils sont les smartphones, ils vous jugent, et pratiquent tous les sports de combat en même temps (ce qui d’un point de vue martial est très inefficace et les fait chuter en permanence – c’est la seule raison pour laquelle les 2010 ne contrôlent pas encore le monde).

L’épreuve se déroule dans une charmante cour d’école se prêtant fort bien à la scénographie d’une épreuve Top Chef. À première vue, on n’est clairement pas à Wakanda mais à Sucy-en-Brie. L’enfant le plus basané du groupe est un roux.

Serait-ce trop demander que de voir, de temps en temps, un peu plus de réalité dans les Français qui sont donnés à voir dans l’émission ? Puteaux, Sucy-en-brie, sont-ils les creusets les plus représentatifs de nos enfants et clients de France ? On a évoqué l’absence effarante de candidates féminines dans cette saison, « reflet de la réalité » des cuisines, mais tout l’intérêt de Top Chef n’est-il pas aujourd’hui, de provoquer également l’intérêt en cuisines, et de montrer de nouveaux reflets aux plus jeunes téléspectateurs ?

Et ne parlons même pas de la diversité chez les candidats – le dernier candidat noir croisé dans Top Chef était Dieuveil Malonga, sorti directement au premier épisode de la saison 5.

Les 2010 de Puteaux et de Sucy-en-Brie

Ces manques d’attention commencent à me fatiguer. Si Top Chef s’enorgueillit d’être le plus grand show culinaire de France, il doit un peu en assumer la robe et montrer de beaux exemples et de beaux symboles. Ces gamins sont adorables, mais en toute honnêteté, ce ne sont pas les gamins que je croise dans mon quotidien.
Suggestion pour l’année prochaine : proposer à vingt enfants qui ne sont jamais allés au restaurant de leur vie un menu gastronomique.

Le chef des enfants : Stéphane Jégo de L’Ami Jean, fin spécialiste du bistrot gastronomique, élève et ami d’Yves Camdeborde qui en a hérité beaucoup des passions et des marottes autour du manger excellent, convivial, et simple. On est pas non plus sur un showman extraordinaire, et les enfants, drivés par un Rotenberg toujours efficace et à l’aise, auraient très bien géré tout seul.

Ce qu’il fallait faire : sublimer l’abat.
Ce que j’aurais fait : sublimer mon groin de cochon, à part un contouring pour affiner un peu le nez, je ne vois pas tellement. L’important est ce que l’on dégage et notre capacité à être en harmonie avec nous-même.

Les abats, petit rappel :
C’est toute la partie mangeable du 5e quartier de la carcasse de l’animal : le cœur, le foie, les reins, les tripes, la bite, les sourcils, les narines, tout.
Il faut distinguer les produits tripiers rouges, vendus quasiment tel quels (cœur, foie, langue, rognons), et les produits tripiers blancs, vendus un petit peu blanchis (tête, pieds, cervelle, ris et fraise).
Je suis particulièrement connaisseur en abats car, sans avoir des parents charcutiers, m’a mère m’en cuisinait régulièrement quand j’étais petit : cervelle, foie, cœur, rognons décoraient la table familiale au moins une fois par semaine, et les rognons restent un de mes plats préférés, comme Camille. Enfin, Camille n’est pas mon plat préféré, mais je partage avec lui cet amour des rognons. Ma mère les servait soit rosés, à la moutarde ou avec un petit fond de viande, mais également bien grillés en persillade, ou en brochette. La cervelle était revenue au beurre noisette.
Cela peut vous paraître repoussant mais on touche ici au fait délicat que chaque carnivore est choqué par les étapes supérieures à son propre degré d’acceptation de carnisme. Dans l’absolu, manger un foie n’est ni plus ni moins repoussant que de mâchonner le muscle d’un jeune veau, et ni plus ni moins repoussant que de manger un steak de chien si cela était pratiqué ici. Alors à moins d’avoir le courage et la force d’être végétarien, la gradation ne joue pas tellement ici, ne jugez pas.
Et sachez-le : dans l’abat, tout est neuf et tout est sauvage. Libre continent sans grillage. Beau comme on n’imagine pas. Ici, même nos rêves sont étroits.

Bonus multimédia :

Tous les abats ont été distribués de manière aléatoire aux binômes et monômes constitués par les coachs :
Cœur de bœuf -> Thibaut et Clément
Cervelle de veau -> Matthew et Adrien
Rognons de Veau -> Camille
Museau de porc -> Vincent
Ris de veau -> Victor
Langue de bœuf -> Tara et Geoffrey

Matthew et Adrien – la cervelle

Leur plat : Sucette de veau en sucré salé et crêpes façon nems
En réalité : Cervelle de veau panée, crêpes de cervelle, sauce mornay, champignons, chutney figues-pommes.

Notes d’épreuve :
– Ce que j’aime dans ce type d’épreuve est le fait que ce qui se joue ici n’est pas tant la connaissance du produit, ici l’abat, que la connaissance des enfants. Et en ce sens, les sucettes sont une très mauvaise idée.
– Ces sucettes n’occultent ni la consistance, ni le goût de la cervelle, qui possède tout pour faire flipper un enfant. Si l’enfant trouve un atome de non conventionnel dans la consistance d’un plat à table, c’est déjà mort dans sa tête. Le goût doit être exceptionnel pour sauver alors la situation.
– Matthew le reconnaît : les enfants, ces êtres tous petits, ne le mettent pas à l’aise. C’était peut-être à Adrien, le daron, de tirer le signal d’alarme de la sucette à la cervelle.
– C’est Michel Sarran qui lancera le premier l’alerte, en avouant sa peur de goûter un truc pareil. Le premier appareil de cervelle crue en bouillie mélangée à de la cervelle cuite lui fait péter un câble. Dans Zelda, le truc aurait été classé direct en plat douteux.

– Matthew agrémente sa préparation de mangue, de pomme et de miel, mais on reste dans une opération de dissimulation, qui perdra toujours face au goût de la cervelle.
– L’idée de l’enrobage de fruit sec était une bonne première piste, mais il aurait fallu jouer l’idée beaucoup plus loin. Si vous n’avez jamais goûté de la cervelle, elle a une consistance très hétérogène selon sa cuisson, mais on a globalement affaire à une sensation de gomme extrêmement molle au goût prononcé d’amande, de noisette, et un retour en bouche de volaille un peu fort.

L’avis des enfants : « ça a un goût, bizarre, tout mollusque, comme si tu mangeais une limace vivante », « c’est spécial hein », « j’ai envie de vomir ! ».
-> Zéro point obtenu !
-> Matthew et Adrien recalés en deuxième épreuve !

Vincent – la tête de cochon

Son plat : chausson de cochon et cannelloni de terre et mer
En réalité : chausson garni de porc avec une compotée de pommes et épices, cannellonis de museau, blettes et langoustine.

Notes d’épreuve :
– Vincent part sur un ingrédient très fort et difficile à adoucir pour des kids, et s’en sort avec les honneurs, en alignant beaucoup de technique et de motivation dans l’épreuve.
– Il a fait ce qu’il fallait je trouve, les épices, le sucré, l’aspect ludique graphiquement. C’était dur à gagner.
– Feuilletage rapide pour de magnifiques petits chaussons bien français et très appétissants.
– Belle séquence Michel Fourniret lorsque les enquêteurs enfants, tournant autour du plan de travail, demandent à Vincent ce qui se cache dans la marmite dissimulant une tête de cochon bouillie.
– « Il va falloir que ça punche, il va falloir que je rocke, il va falloir que ça swingue » OK LES FORBANS

L’avis des enfants : « Les chaussons de cochon holalalala je vais mourir », « comme c’est beau ! », « on dirait des sushis ! », « plat visuellement exceptionnel », « j’aime bien le goût mais y’a un arrière-goût », « j’aime pas du tout le goût », « le chausson c’est très malin, trop de pommes qui emportent ».
-> Zéro point obtenu !
-> Vincent recalé en deuxième épreuve !

Camille – les rognons

Son plat : « Rognons aux douceurs d’enfance » (je ne veux pas savoir quel type de douceur d’enfance peut assaisonner un rognon)
En réalité : rognons, sauce curry moutardée, purée de carottes-oranges sanguines, palet de pomme de terre confits dans la graisse de rognons – cette délicieuse préparation que l’on appelle plus communément graisse normande.

Notes d’épreuve :
– Cas classique de bonne connaissance de l’ingrédient mais totale méconnaissance des enfants. Camille est un pur, il adore les rognons, et ne veut pas les servir autrement que rosés. Autant directement fourrer aux gamins le rognon cru dans leur bouche en chantant des chants militaires.
– La recette de Camille est belle, mais ne prend pas en compte le public. Il aurait peut-être fallu faire aux gamins les rognons à l’antillaise, bien grillés, en brochette, parce que le goût et la consistance du rognon grillé sont super. Victor l’aura compris pour le ris de veau.
À la présentation du rognon simplement nappé par Camille, Etchebest mime littéralement la menace d’un énorme coup de poing dans sa gueule. Cela fait partie du personnage truculent, mais je me suis mis à imaginer le M.O.F aller au bout de son geste, dévisser le jeune candidat s’écroulant sur son plan de travail, et le silence absolu sur le plateau. « Bon, coupez ! ».
– Pour dissimuler ses rognons, Camille crée une jolie carapace de pangolin en pommes finement tranchées, c’est mignon mais la recette ne ressemble plus à rien. Rien de pire qu’un mélange d’idées de compromis.

L’avis des enfants : « trop joli ! », « ça ressemble à une petite maisonnette quand on le voit de loin, c’est très drôle ! » (nimp), « ça sent pas bon », « j’aime pas », « on dirait qu’il est cru, il a pas été fait chauffer », « ce côté difficile à couper ça rebute », « commençons par la cuisson à point pour les enfants ».
-> Zéro point obtenu !
-> Camille recalé en deuxième épreuve !

Victor – le ris de veau

Son plat : « Tacos sauce barbecue, salade de carotte et pop-corn »
En réalité : tacos de polenta, ris de veau rôtis ail thym laurier, sauce barbecue, salade de carottes râpées, pop-corn

Notes d’épreuve :
– Je suis à deux doigts de regretter ne pas avoir filé mon astérisque à Victor, pour les raisons inverses à celles qui m’avaient fait m’en distancier au début de l’émission : il est super humble. Fais pas de bruit, ne fanfaronne pas, envoie ses plats, ne cède pas à l’autosatisfecit d’un rappeur comme Vincent à complimenter tout ce qu’il est en train de faire, et, à la victoire, reste super sobre. Il est assez classe.
– Ris de veau bien croustillants, bien revenus, ça donne envie et c’est une belle idée de les présenter en tacos.
– Cela donne une bonne indication du niveau de calme de cette saison : l’incident majeur de l’émission s’est déroulé quand Victor a laissé ses tuiles de polenta coller à leur support en bois. C’était un peu foufou.

L’avis des enfants : « oooh c le truc le plus beau », « ca sent bon », « faut aussi que l’ingrédient qui nous intéresse il faut qu’on le voye », « c’est délicieux ! », « la tuile était une bonne idée », « vraiment réussi »
-> 3 points par les enfants
-> Tranché par Stéphane Jego
-> Victor qualifié pour Top Chef épisode 6 !

Clément et Thibault – les cœurs de bœuf (magnifique titre potentiel d’une saga de l’été sur TF1)

Leur plat : « Rösti qui vient du cœur »
En réalité : steak haché de cœur de bœuf, rösti de pomme de terre en bagel, frites de polenta

Notes d’épreuve :
– Les gars se sont bien débrouillés : même si le cœur de bœuf n’était pas l’ingrédient le plus dur à gérer, sa consistance potentiellement coriace a été court-circuitée par le steak haché et rendu ludique par une mise en scène bagel/burger. Belle conjonction entre connaissance de l’ingrédient et séduction des enfants. Le plat est moche, mais ce n’était pas le but de l’épreuve de faire du beau.
– Grosse hallu quand les enfants, pendant la préparation, se mettent, dans une absence de logique extraordinaire, à goûter du cœur de bœuf cru. Je vous ai dit que les 2010 étaient redoutables.
– J’ai longtemps médité ce passage, jusqu’à ce que je réalise qu’à cet âge-là on mange en moyenne un kilo de crotte de nez par jour, par ennui, et des croquettes pour chien, par défi. C’était donc, à ce moment-là, de l’ennui et du défi de leur part.
– J’aime quand Hélène Darroze et Michel Sarran s’énervent, cela dénote un vrai investissement de leur part dans la compète. Ici, c’est l’assaisonnement du steak qui est en cause.
– Belle approche psychologique de Clément, utilisant la forme interrogative pour séduire Thibault pouvant parfois s’avérer têtu : « Dis Thibault, tu voudrais pas, si le cœur t’en dit, et si t’as trois secondes hein, ajouter du paprika et la ciboulette hachée que j’ai fortuitement préparée à cet effet ? »

L’avis des enfants : « wooo c super beau ! » , « attends y’a du steaak regaaaarde », « on aurait dit des burgers ! », « c’est trop bon ! », « c’est délicieux », « c’est parfait, parfait, parfait ! », « les frites infectes », « quand tu le goûtes, tu as vraiment le cœur ».
-> 5 points par les enfants
-> Clément et Thibault qualifiés pour Top Chef épisode 6 !

Geoffrey et Tara – la langue de bœuf

Leur plat : « Le tacos qui vous tire la langue »
En réalité : tacos de langue de bœuf, oignons, tomates, poivrons, salade de fruits mangue, ananas, pommes.

Mes notes d’épreuve :
– La recette est le traitement sont sympas, mais je suis déçu de ce duo Tara/Geoffrey que je me faisais un plaisir de voir à l’action. Au lieu de communiquer comme les deux êtres doux qu’ils sont, le courant ne passe pas forcément, et surtout la communication n’est pas terrible.
– Je ne veux pas être mauvaise langue (de bœuf), mais cela fait tout de même plusieurs fois que la communication avec Tara n’est pas terrible dans un binôme.
– Au vu du volume de cette langue, la cuisson nécessite au moins deux heures : Geoffrey veut la tailler un peu pour accélérer, Tara n’a jamais vu de langue cuite en morceaux. En même temps, ce sont des choses très très niches à avoir vu dans sa vie.
– Grâce au soutien mental d’Hélène Darroze, Geoffrey insiste et finit par mettre en application son idée. La langue finit cuite à temps, et le plat est délivré.

L’avis des enfants : « comme c’est beau ! », « mais c’est magnifique ! », « ça a l’air appétissant », « on adore » « c’est bon, délicieux, rien à reprocher : excellent » , « beaucoup de garniture mais très peu de langue de bœuf » , « langue pas assez présente »
-> 3 points par les enfants mais cela ne suffit pas
-> Geoffrey et Tara recalés en deuxième épreuve !

Épreuve 2 : Good God, Lemon !

Le pitch : réaliser un dessert au citron
Le pitch, updaté en cours d’épreuve : réaliser un dessert de cuisinier au citron.

Qu’est-ce qu’un dessert de cuisinier ? C’est une constatation devenue appellation et terminologie. C’est le nom que l’on donne aux desserts réalisés par des cuisiniers qui ne sont pas, à l’origine, pâtissiers – dans lesquels ils mettent à profit leur expertise propre – les cuissons, la mise en valeur d’un produit, le point de gravité du dessert autour de saveurs simples et légères, dans une préparation plutôt graphique, peu sucrée, dressée rapidement dans l’assiette.

Le jury invité :
Jessica Prealpato – chef pâtissière chez Ducasse, au Plaza Athénée.
Benoit Charvet – chef pâtissier chez Gorges Blanc
Julien Dugourd – ancien Michalakien Ducassien, chef pâtissier de l’hôtel de la Chèvre d’Or

Le trio maîtrise le sujet, notons même que Julien Dugourd a pour dessert signature le Citron reconstitué…qu’il aurait présenté à Yannick Alleno au Meurice avant que Cédric Grolet n’y devienne chef pâtissier !
Ezéchiel Zérah pour Atabula a même réalisé une petite enquête fort savoureuse sur les origines du citron reconstitué qui aurait pu devenir un citrongate avec un peu de malice, tant les citrons et autres fruits reconstitués sont devenus à la mode en quelques années. On y croise notamment les différentes techniques utilisées pour le moule de citron, de l’azote à la coque en beurre de cacao, utilisée par Julien Dugourd.

Je ne sais pas pour vous, mais cette épreuve m’a profondément ennuyé.
Le principe du jeu était un peu tordu, la volonté du jury de réclamer de la cuisson est venue couper toutes les initiatives à mi-chemin, démotivant les candidats partis pour réaliser quelque chose de personnel pour certains.
Au final, on a reçu beaucoup de leçons sur le citron, mais le plaisir n’y était pas encore.

Tara

Son dessert : tarte au citron, crémeux citron, crumble chocolat blanc, marmelade de roses
Mes notes d’épreuve :
– Peu de choses à dire, joli dessert, plutôt simple et délicatement parfumé des inspirations libanaises de la candidate avec la marmelade de roses, c’est amusant de voir un bouquet de fleurs s’associer aux autres ingrédients sur le plan de travail. Pour les téléspectateurs s’étonnant de voir un bouquet de fleurs dispo au garde-manger, on m’a dit l’année dernière que les candidats avaient le droit de demander en dispo au garde-manger des ingrédients « signature » chers à leur univers pour la plupart des épreuves en studio.
– Jolies feuilles d’anis fraîches capturées en gelée, venant rappeler la fleur d’anis de la gelée citron
– À la demande du jury de valoriser la cuisson, Tara décide de gruger un petit peu tout le monde en caramélisant à la flemme trois pauvres quartiers de citron, cela ne suffit pas.

-> Tara recalée au visuel ! -> Tara en dernière chance !

Geoffrey

Son dessert : Crémeux citron-chocolat blanc, meringue au citron cédrat, gressins au citron, condiment bergamote gingembre citron vert.
Mes notes d’épreuve : Geoffrey est un cérébral, il tient une recette fort intéressante, mais il focalise sur un dressage très moderne, brûle une empreinte de meringue, veut bosser sur les branches, réalises de très mignons petits gressins, mais le résultat est trop brut, pas assez vendeur, pas à la hauteur de ses promesses.

-> Geoffrey recalé au visuel ! -> Geoffrey en sélection dernière chance, sauvé par Hélène Darroze ! -> Geoffrey qualifié pour l’épisode 6 !

Vincent

Son dessert : « Autour de l’agrume »
En réalité : financier au citron, crémeux au citron basilic, meringue italienne, citrons confits, citrons jaunes brûlés, granité citron basilic dans un citron givré.
Mes notes d’épreuve :
– On retrouve encore une fois dans ce dessert de Vincent son intention d’exposer beaucoup de techniques, toutes plus ou moins justifiées. Je suis quand même assez surpris de voir un citron givré, dessert pour le moins ordinaire dans son visuel, même si le granité citron basilic est prometteur.
– Vincent « crushe » sur Jessica Prealpato et le montage en fait des caisses, DES CAISSES.

L’avis du jury : -> Vincent en sélection dernière chance, sauvé par Michel Sarran ! -> Vincent qualifié pour l’épisode 6 !

Adrien

Son dessert : tarte au citron – fromage blanc au citron, biscuit streusel, crémeux citron au thé vert, tuile
Mes notes d’épreuve :
– Adrien n’aime pas trop la pâtisserie, il n’avait pas trop envie, nous non plus, les juges lui ont demandé de rajouter de la cuisson, il a rôti des citrons à l’huile d’olive, mais le cœur n’y était pas, épreuve quasiment blanche.

-> Adrien recalé au visuel ! -> Adrien en dernière chance !

Camille

Son dessert : « Tour du monde du citron »
En réalité : crème citron à la badiane, blanc-manger au poivre de timut et à la fleur d’oranger, crumble à la cassonade
Mes notes d’épreuve :
– Encore une fois, le jury réclame de la cuisson et quelque chose de cuisiné.
– Camille réalise l’alliance parfaite de citron bergamote coriandre, citron cédrat, citron confit à la grenadine, Camille envoie !

Avis du jury : -> Camille remporte l’épreuve ! -> Camille qualifié pour Top Chef épisode 6 !

Matthew

Son dessert : « Cheesecake citron chèvre au thym, kumquat rôti farci »
En réalité : suprêmes et sphères de citron, kumquats confits farcis crème miel et thym, cheesecake citron-chèvre-thym (main de bouddha)
Mes notes d’épreuve :
– Julien Dugourd n’a jamais vu un Australien de sa vie, ou en tout cas en donne l’impression, sautant de joie à chaque référence au pays d’origine de Matthew. On est passé à ça d’un déguisement de Crocodile Dundee pour la dégustation.
– Matthew réalise un beau dessert de cuisinier, en tout cas le plus personnel ses kumquats pêchent dans la réalisation graphique mais donnent très envie !

L’avis du jury : -> Matthew recalé en sélection dernière chance, sauvé par Michel Sarran ! -> Matthew qualifié pour l’épisode 6 !

Sélections de la dernière chance

-> Adrien sélectionné en dernière chance par Michel Sarran !
-> Tara sélectionné en dernière chance par Hélène Darroze !

Épreuve de la dernière chance – La Moule

Ce qu’il fallait faire : sublimer la moule.
Ce que j’aurais fait : la blague est trop facile, je passe.

Adrien

Son plat : « Comme un snack de moule dans sa coquille, soupe de moules au curry »
En réalité : beignet de moule, soupe de moule au curry, coriandre, citronnelle, gingembre, brunoise de noix et pomme granny smith.

Mes notes d’épreuve :
– Adrien réalise un beau bouillon thaï qu’il charge en curry, ça ferait largement la blague sur une entrée, mais cela reste assez limite pour cette épreuve, avec ou sans tempura complémentaire.
– Adrien est vraiment exténué par la batterie de dernières chances qu’il s’est vu subir. En comparaison avec certains candidats, il a cuisiné deux fois plus. Cela passe systématiquement dans la douleur, il est pâle à l’écran et semble vraiment fatigué !

L’avis du jury : Tara

Son plat : « Moules en deux textures, pamplemousse et son écume marinière aux crevettes grises »
En réalité : Salade fraîche de moules, moules en tempura, pain au persil, salade de carottes et betteraves, gelée de jus de moules.

Mes notes d’épreuve :
Tara réalise un travail de fou sur l’épreuve, et présente un véritable mezzé. Ce n’est pas la première fois qu’elle charge l’assiette de multiples préparations – et si le mezzé reste un plaisir précieux à la dégustation, sa lecture en est vraiment compliquée pour une émission comme Top Chef, à moins d’avoir un liant thématique irréprochable et présent sur toutes les pièces.

L’avis du jury : « visuellement c’est un peu grossier comme présentation », « un empilement de choses, c’est pas clair », « Très très peu de lisibilité » « Assiette un peu compliquée », « un travail colossal en une heure », « il en aurait fait la moitié », « y’a des associations très intéressantes »

-> Tara Khattar éliminée de Top Chef 2018 !

Le sourire le plus sincère de l’émission, une candidate à la cuisine gourmande, généreuse et la seule femme encore en lice nous quitte ! Son caractère bien affirmé et son énergie me manqueront personnellement, et j’espère que les jeunots restants vont commencer à s’affirmer pour que nous évitions de poursuivre une saison décidément un peu trop sérieuse.

Bonne carrière à Tara, la future Martha Stewart libanaise !

Les Meilleures Brèves de Backroom repérées par les lecteurs
« Y’a un bon goût de moule derrière ! » repéré par Hans Chafouin-Topinard
« Il serait temps de la sortir, cette langue. » repéré par Hans Chafouin-Topinard
« Allez-y, mettez les doigts dedans, là » repéré par Hans Chafouin-Topinard
« Elle colle aux dents, c’est assez désagréable en bouche » repéré par Promethee
« Hors de question que je ne sois pas dégusté » repéré par Jeanne

Le classement subjectif
Camille Delcroix* 15,5/20 (+0,5)
Victor Mercier 15,5/20 (+0,5)
Mathew Hegarty 15/20 (-0,5)
Vincent Crepel 15/20 (=)
Geoffrey Degros* 15/20 (=)
Thibault Barbafieri 14/20 (+0,5)
Adrien Descouls 13/20 (-0,5)
Clément Vergeat 13/20 (+0,5)

Pas de débrief la semaine prochaine ! Je pars en vacances me ressourcer au soleil et bien manger, en espérant que Top Chef me manque et que les débriefs vous manquent, pour revenir en force ! À dans 15 jours pour un nouveau débrief !

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