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Les pires collaborations de Kendrick Lamar

Que vous soyez pour ou contre n’a aucune importance : Kendrick Lamar est le plus grand rappeur actuel, vous le savez, je le sais, tout le monde le sait, c’est comme ça. Ses deux albums sont devenus des classiques instantanés et ses textes profonds, denses et fouillés l’ont fait entrer au panthéon du rap, bref, il est considéré comme un prodige, un baron, un élu. Mais Kendrick a un talon d’Achille. Une partie de lui qu’on ne peut ignorer, qui le pousse, une fois sorti de sa zone de confort, à faire de très mauvais choix artistiques, et à se retrouver sur quelques-uns des pires morceaux du siècle nouveau.

La plupart de ces choix sont imputables à sa position géographique. Kendrick Lamar vit à Los Angeles et il est donc voisin de tous les gros noms de l’industrie musicale. N’importe quel producteur cherchant à s’adresser aux kids sur un single complètement pété se tournera vers lui parce que 1/ il a une énorme fanbase, 2/ il est objectivement hyper doué et 3/ il est « conscient », ce qui signifie qu’il peut toucher un public extrêmement large. Pour ne rien arranger, Kendrick a amorcé depuis peu son (lent) déclin médiatique : à force de voir sa tronche partout, les gens en ont eu marre et ont commencé à se montrer de plus en plus critiques. C’est malheureusement comme ça que les choses se passent dans la vie en général.

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Attention : nous en remettons en aucun cas son talent en cause. Kendrick sera toujours Kendrick. Et aucun artiste n’obtient d’énormes featurings sans raison. Mais en voyant son dernier méfait en date, son couplet sur « Don’t Wanna Know », le nouveau single de Maroon 5, ça nous a donné envie de classer ses collaborations pop/rock, de la moins pire à la pire. Et voilà ce que ça a donné.

8) Dido feat. Kendrick Lamar – « Let Us Move On »

Oui, Dido compte toujours dans les années 2010, et Kendrick comptait plus que jamais en 2012. Ensemble, ils ont voulu faire un morceau qui compte, et ils l’ont appelé « Let Us Move On », et c’est exactement ce qu’on a eu envie de faire en l’écoutant : passer à autre chose. Bon, c’est un titre qui ne blessera personne, Kendrick était en pleine possession de ses moyens après Good Kid, M.A.A.D. City et il joue très bien son rôle de rappeur-collaborant-avec-une-pop-star, en étant à la fois énervé et mesuré. Mais le morceau ne pisse pas très loin, il faut bien l’admettre. Et puis Eminem l’avait déjà fait, je crois. Cela dit, comparé à ce qui va suivre, c’est franchement pas si mal.

7) The Lonely Island feat. Adam Levine & Kendrick Lamar – « YOLO »

The Lonely Island a sorti cette chanson en 2013, plus d’un an après que l’acronyme YOLO ait atteint son pic de popularité. Ils comptaient combler ce retard en utilisant carrément une fanfare à la place de leurs beats habituels – mais ça n’a pas vraiment fonctionné. Le concept du couplet de Lamar est toutefois amusant, il rappe sur les investissements immobiliers et sur les autres moyens responsables d’utiliser son argent. Tout ça n’a pas très bien vieilli mais encore une fois, ça reste loin d’être embarrassant comparé à…

6) Taylor Swift feat. Kendrick Lamar – « Bad Blood »

OK, cette chanson a été un élément déclencheur pour un tas d’artistes blancs qui se sont dit : « Sérieux, nous aussi on peut faire du buzz avec cette trap…rap… je sais pas quoi ? » Son impact n’est donc pas négligeable. L’apparition de Lamar sur ce morceau a nourri un mois entier de mèmes et marque sûrement sa plus grosse exposition à ce jour, donc tout n’est pas négatif, mais c’est assez dingue de voir que l’année où il a sorti le complexe et torturé To Pimp a Butterfly, il s’est aussi fendu d’un couplet uniquement à base d’acronymes pour sa pote Taylor Swift. « We was O.G. like DOC, remember that? / My TLC was quite OD, ID my facts ». C’est le risque, quand un rappeur veut la jouer « all pop everything », et c’est d’ailleurs à cette époque qu’il est devenu le rappeur préféré de votre collègue de bureau​. 

5) Alicia Keys feat. Kendrick Lamar – « It’s On Again »

Ah, Hans Zimmer. Un des cinq compositeurs de cinéma que les gens peuvent vous citer (et encore), grand ami de Pharrel Williams, à qui il a demandé de taper sur une batterie géante pour la B.O. de Man of Steel, juste pour le plaisir de voir Pharrell taper sur une batterie géante pour la B.O. de Man of Steel. Les deux compères ont ensuite décidé de réunir Alicia Keys et le désormais célèbre Kendrick Lamar pour ce single promo officiel de The Amazing Spider-Man, et bordel, qui a un jour pensé que ce machin trouverait sa place dans un film ? Pompier, crispant, vieillot, avec cette phase où  Kendrick singe « Lose Yourself » tout en se prenant pour DMX. Et puis cet infernal couplet carpe diem destiné aux masses…

4) Robin Thicke feat. Kendrick Lamar – « Give It 2 U »

Rejoignant le rang des artistes à la recherche d’une personnalité insaisissable qui ne peut être détectée qu’à la lampe-torche​, Lamar s’est retrouvé, de son plein gré, sur un single de Robin Thicke. Tout a été à peu près dit sur Robin Thicke, mais peu de choses ont été dites sur cette chanson. Faisons en sorte que cela continue et dépassons cette montagne de médiocrité jusqu’à ce qu’elle disparaisse de notre rétroviseur.

3) Maroon 5​ feat. Kendrick Lamar – « Don’t Wanna Know »

La pire de toutes ? C’est possible. Avec ces percussions EDM et cette boucle infâme d’Adam Levine, cette chanson sera datée dès la saison prochaine. Mais plus grave encore que le caractère générique de ce morceau, il y a le couplet de Lamar. Confidence pour confidence : Kendrick est très gênant dès qu’il parle de sexe (voir « Love Game » d’Eminem) et ça saute aux oreilles ici, notamment avec l’emploi du terme argotique « poona » (littéralement « chatte qui pue ») qui embarrasse Kendrick lui-même à tel point qu’il le prononce sur la pointe de la langue, tout bas, « poo-a ».

2) AWOLNATION feat. Kendrick Lamar & Ab-Soul – « Sail (TDE Remix) »

Pour des raisons que la science ignore, Kendrick Lamar et Ab-Soul ont voulu livrer non seulement un remix du titre « Sail », mais plus encore, un « TDE Remix ». Peut-être qu’ils pensaient que le morceau de base était bon. Peut-être qu’ils ont été inspirés par le clip​, une sorte d’hommage à L’Enfant du diable, brandé H&M. Peut-être que leur amour de l’eau (c’est une chanson sur l’eau) et donc de la vie a été plus fort que celui de la musique. Personne ne le saura jamais, mais ce dont on est sûr c’est que non… Ce n’est pas bon. Du tout. Au milieu de ce beat de catégorie D que même le petit frère de Chief Keef aurait refusé, Lamar se noie dans des métaphores sur les taxis en suppliant Mère Nature de lui fournir de l’oxygène tandis qu’Ab-Soul jacte sur les agences Century 21, ouais, comme Kendrick dans « YOLO ». La boucle est bouclée.

1) Imagine Dragons feat. Kendrick Lamar – « Radioactive (Remix) »

Il y a un moment où une succession de mauvais choix ne peut plus être un hasard, et n’est plus excusable. Ce moment, c’est « Radioactive », l’apocalypse de la carrière de Kendrick Lamar, qui a surgi en 2014, deux ans après la publication initiale dudit morceau. Ok, vous pouvez toujours parler de leur incroyable performance aux Grammys​, cool, mais voilà le truc : est-ce que vous saviez que « Radioactive » a le record du morceau qui a squatté le plus longtemps le Billboard Hot 100 ? Et vous savez quel morceau détenait ce record auparavant ? « Sail » de AWOLNATION. Bam. Lamar a réussi à se caser ​sur ces deux titres, DEUX des pires chansons rock de notre génération​. Mettons de côté son couplet, forcément exceptionnel, et tirons les conclusions qui s’imposent : Kendrick adore le mauvais rock de stade, a des goûts infernaux sorti du rap et sûrement le plus triste, veut à tout prix figurer aux côtés des têtes de gondoles.

​Et vu cette récente photo de lui prise en compagnie de Linkin’ Park, vous n’êtes pas au bout de vos surprises.


Jabbari Weekes​ et Phil Witmer​ font les malins sur Twitter aussi.