On dénombre 960 agressions sexuelles en 12 mois au sein des Forces armées canadiennes (FAC), révèle la plus récente étude de Statistique Canada, qui a sondé plus de la moitié (53 %) de l’effectif de la FAC. Les trois quarts des agressions recensées consistent en des attouchements sexuels.
Cet important sondage indique que 1,7 % des membres des Forces se déclarent victimes d’agression sexuelle, soit un taux deux fois plus élevé que celui des travailleurs au pays (0.9 %).
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Parmi les cas étudiés, la majorité est passée sous silence. Seulement le quart des agressions ont été rapportées à un supérieur, et moins d’une agression sur dix a été déclarée à la police militaire.
Les femmes, ces malmenées
Sans grande surprise, les femmes sont quatre fois plus nombreuses que les hommes à être victimes d’agressions sexuelles (4,8 % contre 1,2 %). La moitié des victimes féminines dit avoir été agressée par un supérieur. Chez les hommes, les agressions sont majoritairement perpétrées par les pairs.
Au total, un peu plus d’une femme sur quatre (27 %) déclare avoir été victime d’agression sexuelle au cours de sa carrière. La proportion d’hommes victimes d’agressions sexuelles en carrière avoisine les 4 %.
Au-delà des agressions, les comportements inappropriés
Quatre personnes recensées sur cinq (79 %) affirment avoir été témoins ou victimes de comportements sexualisés inappropriés, soit majoritairement des blagues à caractère sexuel (76 %). Seulement 10 % des témoins ou sujets de ces blagues grivoises en ont été offusqués.
La discrimination fondée sur le sexe, l’identité de genre ou l’orientation sexuelle semble également bien présente au sein de l’armée : près d’un membre sur trois dit en avoir été témoin ou victime. Dans ces cas-ci, 6 personnes sur 10 admettent avoir été offusquées par ce type de discrimination.
Un programme d’aide à l’efficacité mitigée
L’opération HONOUR a été mise sur pied en 2015, dans le but de « mettre fin aux comportements sexuels inappropriés » dans les Forces canadiennes et de soutenir les victimes. Selon l’étude de Statistique Canada, les membres des Forces sont divisés sur son efficacité. Certains la jugent très efficace (32 %), d’autres moyennement efficace (37 %), d’autres peu ou pas du tout (30 %).
Le ministère de la Défense du Canada a reconnu les comportements sexuels comme étant à la fois « dommageables » et « vrais », par voie de communiqué. Selon l’adjudant-chef Kevin West, l’étude « fournit les preuves spécifiques dont [elles ont] besoin pour concentrer [ses] efforts sur le changement de culture ».
L’étude de Statistique Canada vient confirmer les résultats du rapport Deschamps de mars 2015, qui concluait à l’existence d’une culture de la sexualisation propice au harcèlement et aux agressions sexuelles dans l’armée canadienne, une culture hostile aux femmes et aux gens des communautés LGBTQ. Le rapport en appelait à un important changement culturel.
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