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Far Cry 5 est un excellent simulateur de randonnée

Si le nouvel opus de la licence d'Ubisoft ne révolutionne rien, il a le mérite de me donner envie de voyager dans le Montana.
Paul Douard
Paris, FR
Image : capture d'écran de l'auteur

Je sais ce que vous vous dites. Encore un énième open world Ubisoft où l’on va passer 70 heures d’affiliée à chercher des plumes d’oiseaux rares dans les hautes herbes et à grimper en haut de centaines de tours pour dévoiler une map dix huit fois plus grande que la précédente. Si cela a été vrai pendant de longues années, ce n’est plus le cas dans Far Cry 5.

Comme l’expliquait récemment un journaliste de Jeuxvideo.com, les studios de développement commencent à comprendre que collecter des quêtes et des points d’intérêts inutiles est un truc chiant. Ubisoft en fait partie. Enfin, le studio français a compris que ce système de progression avait rendu dépressifs un nombre incalculable de joueurs. Far Cry 5 y fait d'ailleurs référence dès les premières minutes. Durant l’une des missions inaugurales, un PNJ chauve vous demande de gravir une tour pour rétablir un contact radio. Alors que vous vous exécutez, le stress post-traumatique des nuits entières à grimper sans but dans Far Cry 3, 4 et tous leurs spin-offs au coeur, le PNJ vous lance : « Rassure-toi, je ne vais pas te demander de grimper à toutes les tours radio ! ». Alléluia.

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Image : capture d'écran de l'auteur

Cette anecdote somme toute agréable pourrait très bien résumer ce qu’est Far Cry 5. Un jeu Ubisoft qui a gommé ses erreurs du passé sans pour autant innover. L’histoire vous place cette fois dans une contrée du Montana totalement verrouillée par une secte de fidèles aux cheveux longs et gras qui veulent purifier les autochtones. Vous êtes là pour les en empêcher. Si les tours à escalader ont disparu et que la map du jeu ne ressemble plus au plan du métro de Tokyo, le reste est très classique. La progression du jeu se fait de la manière la plus simple qui soit : missions principales, missions annexes, libérer des camps, détruire des infrastructures ennemies ou encore chasser des animaux constituent 99% de la progression du jeu. Si cette méthode peut sembler répétitive, elle a au moins le mérite de ne pas perdre en route le joueur peu patient que je suis – comme peut le faire le système de quêtes d’un RPG qui ressemble bien souvent à un plan comptable. Le joueur est toujours accompagné par radio et on se retrouve rarement dans une situation où l’on se demande « Okay, je fais quoi maintenant ? ». Reste que l’impression de déjà-vu s’installe rapidement, tant l’opus n’apporte effectivement rien de nouveau — si ce n’est que l’on peut caresser des ours et les recruter dans notre escouade.

Autre bémol récurrent chez Ubisoft, l’IA. Si les ennemis semblent tous atteint d’une grave cécité lorsque vous êtes caché derrière une branche, ils le sont beaucoup moins lorsqu’il s’agit d'ouvrir le feu. Dès lors que vous êtes repéré, vous pouvez tout à fait décéder en quelques secondes. Les combats sont d’ailleurs souvent très brouillons : vos amis feront toujours l’inverse de ce que souhaitez pendant que les ennemis courront bêtement partout, sans but, jusqu’à mourir. C’est dommage pour un jeu qui met à ce point l'accent sur les gunfights.

Image : capture d'écran de l'auteur

Si l’intérêt de Far Cry 5 ne réside ni dans son scénario — bien qu’il tienne la route — ni dans son gameplay, c’est bien son ambiance qui a crée chez moi une véritable adoration pour le Montana. C’est cet aspect du jeu qui me pousse à rester assis devant mon écran plusieurs heures de suite. Je possédais déjà en moi une passion cachée pour rednecks et les grands espaces américains, mais Far Cry 5 me comble au plus au point. Paysages magnifiques, pickups indécents et musique country habillent magnifiquement l’aventure. Après plusieurs heures de jeu, je passe plus de temps à jouer au randonneur qu’à vouloir me lancer dans des combats aériens en hélicoptère. L’univers est coloré et donne presque envie de… Peut-être pas sortir de chez soi, mais au moins d’ouvrir les volets. On prend très rapidement plaisir à se balader dans les villages, entrer dans les pubs délabrés ou tirer par la fenêtre de son pickup sur des loups. La vie simple d’Américains qui disposent tous de fusils mitrailleurs dans leur coffre, en somme. Musique à fond, je trace ma route en quad au milieu des sapins et des étangs où pêche l’Amérique, la vraie.

Si graphiquement le jeu ne va pas faire fondre votre PC — je tourne en 60fps, 2540x1440 et en ultra avec une GTX 1060 — il n’en reste pas moins très beau. À part quelques bugs de clipping, rien à signaler. C’est coloré, vivant et l’on sent presque le vent caresser notre peau lorsqu’on marche à travers champs pour aller tuer quelques fidèles de John Seed, alias Le Père de la secte. C’est très agréable et très efficace. Ubisoft a réussi partiellement son pari en créant une atmosphère qui évoque quelque chose à chacun d’entre nous — ce qui n’était pas le cas lorsque l’aventure se déroulait sur île paradisiaque quelconque, en « Afrique » ou sur une autre île paradisiaque. Si Far Cry 5 reste avant tout un jeu Ubisoft, avec ses défauts et ses qualités, il a néanmoins réussi à me donner envie de découvrir cette Amérique profonde chère à Donald Trump et Bernard De La Villardière. Cet été, je pars dans le Montana.

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