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L'Australie veut autoriser les opérateurs de voitures autonomes à rentrer ivres

La Commission nationale des transports australienne pense que les voitures autonomes ne devraient pas être soumises aux lois sur la conduite en état d'ébriété.
Une voiture autonome Uber renversée après une collision à Tempe, dans l'Arizona. Image : Tempe Police Department

Dans un rapport révélé cette semaine, la Commission nationale des transports (NTC) australienne affirme que les opérateurs de voitures autonomes ne devraient pas être soumis aux lois qui réglementent la conduite sous l'emprise d'un état alcoolique ou de produits stupéfiants. Vous avez bien lu : la NTC pense que vous devriez avoir le droit de siffler une 8.6 tranquille pendant que votre véhicule intelligent vous emmène à destination.

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"Exiger des occupants d'un véhicule autonome, qui ne conduisent pas, qu'ils se plient aux lois sur l'intoxication au volant serait faire barrage aux pleins bénéfices de tels véhicules, note le rapport. Cela gênerait l'utilisation de ces véhicules pour un retour sûr après consommation d'alcool."

Bien consciente que toutes les voitures autonomes permettent encore à leur opérateur de prendre les commandes à la place du système de pilotage automatique, la NTC reconnaît qu'autoriser une personne intoxiquée à rentrer chez elle à bord d'un véhicule de ce genre pourrait générer de plus grands risques routiers en cas de soudaine envie de prendre le volant. Dans ce cas de figure, l'organisation recommande l'application des lois habituelles.

Le rapport conclut qu'il ne peut être qu'entièrement bénéfique de laisser les personnes intoxiquées rentrer chez elles en véhicule autonome, à condition que ce dernier ne leur permette pas de prendre le volant.

Au-delà de la question de l'alcool et de la drogue, le document de la NTC se demande si l'opérateur d'un véhicule autonome doit être considéré comme "en contrôle" et si la définition actuelle de "conducteur" et "conduire" peut être appliquée au voitures intelligentes.

Plusieurs dizaines d'entreprises de covoiturage, de constructeurs automobiles et de titans de la Silicon Valley sont en compétition pour développer et déployer des véhicules autonomes dès que possible. En dépit de leurs efforts, des obstacles techniques et légaux n'en finissent plus de repousser le rêve d'une nuit d'ivresse terminée dans une voiture autonome.

L'année dernière, les questions éthiques soulevées par les véhicules intelligents se sont imposées au grand public par le biais du dilemme du tramway, un problème bien connu des éthiciens. Pour résumer, imaginez qu'une voiture autonome ait à choisir entre réaliser une manoeuvre d'évitement qui tuera son passager ou percuter un groupe d'enfants qui traverse la rue. Cette question, en plus de celles qui sont soulevées par le rapport du NTC, devra trouver une réponse avant que ces véhicules ne prennent la route.

Dans ma ville natale de Phoenix, dans l'Arizona, les voitures autonomes d'Uber et Waymo parcourent les rues. Il y a quelques mois, l'un des véhicules d'Uber a eu un accident au pied de mon appartement : alors qu'il entamait un virage, il a été percuté de côté par un conducteur humain distrait. Par chance, personne n'a été blessé. Le but des voitures autonomes est de faire disparaître ce genre d'accident causé par une intoxication ou un manque d'attention et potentiellement mortel.

C'est une noble cause, ça ne fait aucun doute. Cependant, la technologie qui pilote cette révolution a encore beaucoup de chemin à parcourir. Il y a quelques mois, Recode a rapporté que les 43 véhicules autonomes actifs d'Uber avaient parcouru 32 756 kilomètres en une semaine. Impressionnant. Mais comme toujours, le diable est dans le détail : l'humain derrière le volant a dû prendre le contrôle tous les 1,3 kilomètres en moyenne.

Quand la NTC affirme que les lois sur l'intoxication ne devraient pas s'appliquer aux opérateurs de véhicules autonomes, elle part du principe que ces derniers n'ont pas la possibilité de s'emparer du volant. Or, pour le moment, la technologie qui permettrait de rendre cette affirmation valable n'est pas au point. Cependant, les grands progrès accomplis par les voitures autonomes au cours des dernières années indiquent que nous ne sommes peut-être plus si loin de la pinte en voiture - légalement, bien sûr.