Comment vivra-t-on un match de foot en 2030 ?

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Comment vivra-t-on un match de foot en 2030 ?

Grâce à des technologies de plus en plus présentes dans la sphère professionnelle, le foot ne se vit plus comme il y a dix ans, que l’on soit simple spectateur ou véritable acteur du sport le plus populaire au monde.

Récemment, le recours à l’arbitrage à assistance vidéo a semé le trouble : un dispositif technique est-il capable de nous affranchir de l'erreur humaine au sein de la pratique sportive ? Peut-il bannir l'injustice de la compétition ? Au sein de nombreux clubs européens, des structures dédiées à l’innovation ont été montées pour tenter d’avoir un temps d’avance sur les nouveaux usages de la technologie dans le sport. Des professionnels tels que les data analysts ont fait leur apparition dans les staffs des équipes et apportent des éléments qui sont autant de précisions fondamentales pour les coachs. Aux nouveautés sur le terrain s’ajoutent aussi celles en tribunes. Désormais les stades “connectés” proposent wifi et applications dédiées aux supporters dans le but de capter de nouveaux publics, et le téléphone devient un outil indispensable permettant aux spectateurs de diffuser leurs émotions sur les réseaux sociaux. Motherboard a demandé à des acteurs spécialistes du ballon rond de nous parler de leur vision du football d’aujourd’hui et d’imaginer celle de demain.

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La technologie au service des supporters

Motherboard : On a vu débarquer de nouveaux gadgets dans les stades de foot : d’abord les écrans géants pour les ralentis, les animations d’avant-match, aujourd’hui les applis, les “kiss-cam,”etc. Dans quelle mesure cela influence-t-il notre façon de vivre un match ?

Alexandre Princ (chef de projet chez Openfield Live, auteur d’un mémoire sur les stades connectés) : Je pense que le spectateur ne vient plus au stade uniquement pour voir 11 joueurs fouler la pelouse. Prenons l’exemple du Parc OL, qui est aujourd’hui le stade le plus connecté de France. Il a été construit et réfléchi dans une optique business et désormais les fans se déplacent pour toute une expérience à l’intérieur et à l’extérieur de l’enceinte. Les moeurs ont changé. Les besoins des supporters ne sont plus les mêmes, et les campagnes marketing, elles aussi, jouent un rôle pour créer ce besoin. Il y a tout un aspect “fan expérience”, où le terrain de sport devient un lieu de divertissement, mais il faut également voir là une stratégie de fidélisation du spectateur : il n’y a rien de plus versatile qu’un fan de sport.

Anthony Alyce (fondateur d’Ecofoot.fr) : Le développement technologique a un effet sur notre façon de consommer du foot en tant que spectateur, téléspectateur ou internaute, c’est sûr. Les clubs développent leurs “smart stadiums” (stades intelligents) pour s’adapter à ces changements de consommation, même si aujourd’hui il y a encore peu de stades connectés en France. Leur apparition renforce l’expérience spectateur en amont, en aval et à la mi-temps du match, mais n'a pas encore d'effet sur le coeur du match lui-même. On vient encore au stade pour des émotions, pour évoluer dans une atmosphère spécifique. Les clubs aussi en profitent : que ce soit pour la collecte de données afin de fluidifier les flux (accessibilité, queues à la buvette ou à la billetterie…), pour optimiser les différents centres de profits, ou fournir plus d’informations aux spectateurs en temps réel (avec les statistiques, etc). Tout ça apporte une plus-value aux spectateurs ainsi qu’aux clubs.

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Motherboard : Quel ressenti avez-vous pu observer chez les spectateurs vis-à-vis de ces stades connectés ?

Anthony Alyce : Le stades connectés ont eu une réception assez mitigée chez les spectateurs. J’ai l’exemple du PSV Eindhoven (club hollandais) en tête, qui a été l’un des tout premiers à le mettre en place en 2014. Au sein des kops de supporters, on voyait des banderoles anti-wifi protestant contre la connectivité au sein d’une enceinte sportive. Leur argument principal, c’était que la connectivité allait nuire à l’ambiance au sein du stade. L’autre exemple, c’est le Borussia Dortmund (BVB) en Allemagne. La direction, après avoir mis en place une infrastructure connectée, a décidé de réduire le volume de connexions simultanées possible au sein de son enceinte car elle considérait que ça nuisait à l’ambiance du stade ; or, pour le BVB, l’ambiance du Signal Iduna Park était un argument marketing essentiel dans la conquête de nouveaux sponsors et partenaires commerciaux. Comme pour n'importe quel changement, on rencontre de la résistance. Ce type de technologie est essentiellement destiné aux nouvelles générations qui ont un comportement plus turbulent, un degré de concentration et d’attention moindre que leurs aînés sur la totalité de l'événement. Malgré tout, je pense que les clubs ne peuvent pas échapper à cette évolution. Ils ont besoin de connecter leurs stades pour séduire les jeunes générations.

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Motherboard : Cela pose tout un tas de questions sur notre manière de participer à une rencontre, en tant que supporter ou spectateur. Votre positionnement est assez unique là-dessus, Boris.

Boris Helleu (directeur STAPS Caen / blogueur) : Pour l’instant, ce qui compte, c’est encore le match. L’hypothèse hyper radicale que je pose consiste à dire que finalement, la conversation sur le sport devient plus importante que le sport lui-même. Est-ce que certains ne trouvent pas plus de satisfaction à lire et générer du contenu qu’à regarder le match lui-même ? Quand on y réfléchit bien, c’est une problématique de rapport au temps et de rapport au direct. Le fait de consulter un contenu, si c’est après le match, c'est "respectable". Par contre, quand c’est en direct c’est moins noble, voire scandaleux. Pourtant, la numérisation du spectacle sportif ne constitue que l'une de ses nombreuses évolutions. L'évolution fondamentale, aujourd'hui, c'est l’interactivité.

“Est-ce que tweeter c’est être supporter ? Moi je pose l’hypothèse que oui.”

Lorsque l'on chante en choeur dans le stade, on a une activité interactive. Pourquoi ce ne serait pas admis de sortir son smartphone au stade, alors qu'on le fait désormais en réunion, au resto, en couple, etc ? C’est pourtant l’endroit connecté par définition : il génère plein d’émotions, que l'on a envie de partager au-delà du cercle des personnes situées à proximité immédiate. Je suis convaincu que des supporters qui live-tweetent un match dans le stade ou devant la télé ont aussi une fonction de supporter, et contribuent à l’image ou la réputation d’un club. Les contenus qui suscitent le plus d’engagement de la part des fans sur les réseaux sociaux, c'est les photos ou les vidéos en immersion – par exemple une vidéo tournée par le mec qui filme un penalty depuis la tribune, juste derrière le but. Qu’est-ce qu’on va lui dire? “Non, tu es dans le kop, donc pas de photos?” Pourtant, il a suscité la satisfaction de personnes qui ne sont pas dans le stade, et qui ont l’impression d’être impliquées à l'expérience. Est-ce que tweeter c’est être supporter ? Moi je pose l’hypothèse que oui.

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Motherboard : Dire ça, mine de rien, c’est déjà bouleverser complètement la conception du supportérisme que l'on a toujours connue.

Boris Helleu : Et bien peut-être mais, au final, quelle est la chose essentielle que l'on garde d'avoir été au stade ? Pouvoir dire “j’y suis" ou "j’y étais”. La dimension la plus importante de l’expérience du fan, c’est l’expérience du souvenir. Je vais prendre un exemple : j’ai eu la chance d’être tiré au sort pour la finale de la Coupe du Monde en 1998. J’ai bouffé deux ou trois appareils photo Kodak ou Fujifilm. La question que je me pose souvent c'est celle-là : si demain – toute chose égale par ailleurs – j’assiste à la même finale France-Brésil avec mon smartphone, est-ce que je vais passer autant de temps à regarder le terrain ? Certainement pas. Je réponds à des tweets, poste des photos sur Instagram… Je rate le premier but de la tête de Zidane. Est-ce que c’est grave ? Non. Je suis dans le stade, je pourrai dire toute ma vie “j’y étais”. Le but je ne l’ai pas vu en direct mais j’entends la clameur, je chante, je suis content, et de toute façon je le verrai et le reverrai. Est-ce que je serais plus heureux de vivre le match de l’intérieur en partageant du contenu pour tous mes potes qui sont contents pour moi mais ne sont pas avec moi, que je ne l'ai été en 1998 ? Je n’ai pas de réponse à cette question.

Impact de la technologie sur le jeu

Motherboard : La technologie s’immisce aussi dans le jeu lui-même avec l’arbitrage à assistance vidéo (AAV), qui peut être utilisé en cas de situation litigieuse. Les polémiques sont déjà nombreuses sur son utilisation. Est-ce que c’est inquiétant à sept mois du Mondial 2018 en Russie, où elle sera présente lors de chaque match ?

Jérôme Latta (journaliste, co-fondateur des Cahiers du foot) : Dans le domaine de l’arbitrage, il y a une espèce de conviction selon laquelle l'usage des technologies est obligatoire, avec des arguments de type “il faut vivre avec son temps”. À l'inverse, je défends l'idée que ce présupposé n'a rien de vrai. Ici, on ne s'est jamais demandé si cette technologie pouvait contribuer à résoudre un problème et à apporter des solutions. Il n’y a pas eu de réflexion préalable sur ses modalités d’application alors qu‘elles sont nombreuses et contradictoires. Il faut faire des choix : qui appelle la vidéo ? L’arbitre de champ ? Le coach ? Le capitaine ? Quand on commence à se demander “à quels moments, dans quelles circonstances on y a recours”, les problèmes pratiques se posent en cascade. Il y a aussi la question du périmètre. À partir du moment où la motivation c’est d’éliminer les erreurs perçues comme des injustices, les injustices résiduelles vont être intolérables. Ça incitera à élargir le champ d’application de la vidéo.

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Nathalie Iannetta (conseillère spéciale au sein de l’UEFA, patron du foot européen) : Pour ma part je fais partie de ceux qui ont peu de considération pour l’arbitrage vidéo. L’erreur est humaine et l’humain fait partie du jeu. Oui, on a tous marqués des buts sur hors-jeu, ce n’est pas bien mais ça fait partie du jeu. Et puis on en a pris, c’est pas juste mais c’est comme ça. Je trouve que ça tuerait un peu de l’histoire. L’argument ultime qui est pour moi le dernier des arguments c’est : “il y a trop d’enjeux financiers”. Et alors ? A priori, tu as deux équipes sur le terrain pour qui c’est un enjeu ; si ça bascule en faveur de l’un, c’est forcément au détriment de l’autre. C'est comme ça. Je passe sans doute pour un dinosaure anti-progrès, et pourtant je pense qu’on peut innover au sein du stade. Mais j’ai bossé à la télé et je peux dire que souvent, regarder 12 fois le même ralenti n'éclaircira pas la situation. Enfin, se souvenir qu'on est supporter d’une équipe qui a été volée fait partie des belles histoires, des histoires tristes. Le sport, c'est aussi des coups du sort.

Jérôme Latta : L'AAV tue le spectacle originel, on l’a vu avec le match amical France-Espagne (0–2) en mars (première fois que l’arbitrage vidéo a été utilisé sur le territoire national, un but français a été refusé et un but espagnol validé grâce à la vidéo). Ça tue l’émotion du but, ça l’amoindrit, ça la congèle, ça la diffère. En compensation, il y a cet espèce de suspense supplémentaire pour les chaines de télévision, on va attendre la décision de l’arbitre vidéo et examiner les images que l’arbitre est en train d’examiner.

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Motherboard : Une autre technologie, la goal-line (GLT), a été introduite la saison dernière dans le championnat de France. Celle-ci permet de modéliser en 3D une ligne de but et savoir si oui ou non le ballon a franchi cette ligne, un peu comme le système du “hawk eye” au tennis. Pourtant, là aussi, il y a eu des couacs.

Jérôme Latta : Quand on a publié le manifeste des Cahiers du Foot en 2002 ou 2003, on avait dit qu’on était en faveur d'un système électronique dans le ballon. Un système instantané et fiable pour trancher cette question de savoir si le ballon avait franchi ou non la ligne. Si c’est instantané, ça n’a pas d’impact sur le jeu et ça aide à ne pas se tromper sur un truc qui symboliquement, est très fort. Cependant, la GLT présente deux problèmes : son coût prohibitif (250 à 300 000 euros en Ligue 1 par an et par stade) pour une utilisation qui reste rarissime, et son manque de fiabilité. En fait, les incidents et bugs répertoriés jusqu'ici suffiraient à déclencher une procédure d’enquête et d’interpellation des fournisseurs pour qu’ils donnent des explications. À la saison dernière à Bordeaux, on a expliqué qu'il y avait un problème de paramétrage et que le bug était corrigé. Mais il y a un côté engrenage : on nous présente la GLT comme de l’arbitrage vidéo, en nous jurant qu'on maitrise parfaitement la technique. Pourtant, les deux dispositifs sont complètement différents.

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Motherboard : Le recours aux données dans la préparation des matchs des équipes professionnelles — et même parfois au niveau amateur — se démocratise de plus en plus. Chaque club essaie d’investir un peu plus que son rival pour avoir un avantage concurrentiel, mieux savoir analyser le jeu, etc. Est-ce qu’au final, cela ne modifie la pratique du sport ?

Philippe Gargov (conseiller en prospective, blogueur) : La data permet juste de continuer à s’étonner du spectacle. Il y a tellement d’incertitude dans le foot qu'on ne peut pas le rationaliser en permanence : on peut uniquement optimiser les choix et les prises de risques. En quoi cela pourrait-il changer la nature du jeu ? Ce qui est vrai, c'est que plus on inclue de technologies dans le foot, plus on renforce la différence qui existe entre le professionnel et l’élite et le semi-pro et l’amateur. L’UEFA dit qu’il va falloir équiper tous les stades en GLT. Et bien ça veut dire que tous ceux qui n’en n’ont pas les moyens ne vont pas connaître la même expérience, et inversement pour le foot pro. La technologie renforce le foot à deux vitesses, en tout cas c’est l’un des arguments avancés aujourd'hui : il y a déjà des règles qui sont expérimentées sur le sport professionnel et qui ne sont pas mises en place pour les ligues inférieures.

Et puis il y a aussi une autre question : celle des coûts. L’utilisation des données va coûter plus cher. Ça explique aussi la quête de la sécurisation des investissements. Quand tu es un club et que tu as investi pour t’équiper en data, que tu paies déjà un analyste vidéo, un staff immense et que tu paies en plus un équipement pour t’équiper en données, ça coûte une fortune. Je pousse un peu loin, mais on peut imaginer que des hackers russes puissent aider à cracker les données d’un club adverse. Historiquement, le foot est préservé de ça, il est touché par d'autres types de triche. Mais ça peut changer.

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Motherboard : Dans le domaine de l’innovation et de la R&D, on a vu récemment le FC Barcelone présenter en grande pompe son “Barça Innovation Hub”, sorte de cellule dédiée aux nouvelles technologies qui va être abritée par le club Blaugrana.

Anthony Alyce : Oui, les catalans veulent devenir des leaders en terme de R&D appliqué au foot. Ce sont des projets d’incubateurs de startups — qu’on retrouve au FC Barcelone mais aussi à Benfica — qui ne se concentrent pas que sur l’amélioration de l’expérience spectateur. Le vrai enjeu, c’est l’exploitation de la technologie pour renforcer la performance sportive en aidant aux financements de start-ups qui vont faciliter la collecte de datas en temps réel sur les sportifs, faire de la recherche en nutrition du sport etc. Josep Maria Bartomeu, le président, veut vraiment que son club rayonne d’un point de vue technologique. Il a même pour ambition d’enseigner et de transmettre le savoir développé en interne dans des grandes académies et universités, afin d’intégrer la chaîne de valeur de l’innovation de bout en bout au sein du FCB. Un environnement propice se met en place. Je ne serai pas étonné de voir plus tard Barcelone investir et prendre une position actionnariale dans certaines de ces startups.

Quel football demain?

Motherboard : Canal + avait diffusé il y a quelque temps un documentaire, “Futur Football Club”, pour dessiner les contours du football en 2050. Je me souviens qu’une directive, la directive Iannetta, permet aux femmes d’entrer en jeu à la place des hommes. Zlatana faisait par exemple son apparition sur le terrain un soir de finale de la Ligue des champions entre le Red Star et le Paris-Saint-Germain. Ce sera ça le futur du foot ?

Nathalie Iannetta : En termes d’innovation, est-ce que l'objectif principal est que les hommes et les femmes jouent ensemble ? Je n’en suis pas persuadée. Mais on peut parler de la manière de consommer le foot, de le jouer, d’aller au stade, de le regarder à la télé, de le réaliser soi-même avec un double écran sur son portable ou grâce aux applis. À l’UEFA, j’essaie de mettre ça au coeur des débats. J’ai une vision à 10 ou 15 ans, parce qu’il faut regarder devant soi. Et j’ai la chance d’avoir des ados. Eux, ce n’est même pas qu’ils ont une vision, c’est qu’ils ont une réalité, qui est déjà différente de la nôtre. Des sections féminines vont s’ouvrir, se professionnaliser et le sens de l’histoire c’est que dans 5 ou 10 ans, elles seront arrivées à maturité et permettront à des diffuseurs d’acheter un feuilleton récurrent. C’est la récurrence qui fait l’habitude. Plus on est habitués à voir des matchs de foot joués par des filles régulièrement, moins on va trouver ça exotique, original et décalé. La manière dont on va regarder ces femmes va changer : aujourd’hui, on les regarde comme des femmes qui jouent au foot. Bientôt, on les percevra avant tout comme des footballeuses, comme des sportives.

Mélenchon arrive à le faire, pourquoi pas le PSG ?

Motherboard : Ça ressemblera à quoi le foot dans 10 ou 15 ans ?

Alexandre Princ : Je miserai sur des innovations au niveau des technologies hors-stade comme la réalité virtuelle, les hologrammes, etc. Mélenchon arrive à le faire, pourquoi pas le PSG ? Il va aussi y avoir des technologies qui vont faciliter les opérations dans le stade. On voit déjà apparaître le cashless, le NFC… tout ce qui concerne le paiement. Faciliter le paiement, c’est aussi faciliter la dépense.

Boris Helleu : Dans 10 ou 15 ans ? Je vois deux voies qui s’opposent : on peut avoir une approche technologisante, qui reprend les analyses de prospective classiques. Quand le spectacle vivant a été mis en concurrence avec la technologie, il a intégré la technologie dans le stade. Prenons l'exemple de l'écran géant : les stades des Dallas Cowboys ou des Houston Texans (équipes de football américain) ont les plus grands écrans au monde. Leur concurrent c’était la télé, alors ils ont mis la télé dans le stade. Ensuite les mobiles ont débarqué, et la concurrence a changé de forme : c'était désormais les médias sociaux, les écrans de nos smartphones. Alors naturellement, on a mis le Wi-Fi dans le stade. Et maintenant, tout le monde est au taquet sur la réalité virtuelle.

Ce qui devient intéressant, c’est que bientôt, on ira non pas au stade pour voir le match, mais pour mettre un écran sur nos yeux qui nous permettra de voir le match de façon différente. On pourrait également considérer que l’inclusion des nouvelles technologies dans notre consommation du spectacle sportif est un phénomène passager, qu’il y aurait une dimension cyclique, et que dans 15 ans on reviendra à une forme de "pureté" de ce spectacle là. Cette hypothèse est appuyée par une expérience récente : début mars en NBA (championnat américain de basket-ball), les New York Knicks ont communiqué sur le fait que la première mi-temps de leur match dans le Madison Square Garden face aux Golden State Warriors avait été générée sans aucune animation. Rien sur l’écran géant, pas de musique, pas de speaker. C'était un retour à une forme de retour à une forme épurée de l’expérience du spectateur. On a considéré que pour qu'il soit vraiment diverti, il ne fallait pas d’artifices.

Le retour a été hyper mitigé. Une partie du public disait “c’est génial”. Jacques Monclar disait sur la chaîne BeIn Sports : “Moi ça me va très bien, on entendait le bruit des semelles qui grincent sur le parquet, le bruit des contacts. C'est ça, le basket”. Et pourtant, une belle majorité a décrété que ce parti pris était anti-moderne. Ni plus, ni moins.