Comme 2017 et 2016 avant elle, 2018 fut un année assez merdique. Alors que nos livres scolaires nous promettaient des villes modernes où tout le monde vit en harmonie avec son prochain et se déplace en voitures volantes, nous en sommes encore à déverrouiller des trottinettes électriques avec des QR codes. Depuis plusieurs mois, les Français se révoltent en gilet de sécurité à bord de chariots élévateurs, les forêts brûlent à cause de randonneurs idiots et Marseille se fait éliminer par une équipe de quatrième division. Au milieu de ce chaos, d'autres trucs plus ou moins graves nous plombent nos journées. À force de nous plaindre les uns envers les autres, on a décidé de réfléchir à ce qu'on ne souhaite plus voir en 2019, à titre personnel, et de l'écrire.
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@Paulo_DouardJe porte beaucoup d’espoir en l’avenir. Je pense à lui. J’essaie de me préparer pour lui en m’épuisant dans mon travail et mes « loisirs productifs » chaque jour ouvré que le mauvais démiurge fait. Maintenant que j’ai commencé à perdre mes cheveux et mettre des rides sur le côté des yeux, je m’interroge : à quoi bon ? Pourquoi croire que le futur ne va pas simplement fracturer notre crâne sur le sol ? Mes cours de langue, mes séances de sport et ma petite épargne durement constituée seront balayés comme sucre dans le blizzard si quelque chose vient à mal tourner pour de vrai. Un CDI ne peut rien contre une pandémie.Dès lors, c’est décidé, en 2019 j’arrête l’espoir en l’avenir. Pour moi, pour vous, pour le cosmos. Je veux me sentir hausser les épaules comme par réflexe face à la moindre mauvaise nouvelle concernant le climat, la situation économique et sociale ou que sais-je encore. Je veux accepter en riant la possibilité qu’une main invisible tire le tapis sous mes pieds. N’oubliez pas : nous sommes encore jeunes, tout ne peut qu’empirer. Peut-être que nous devrions accepter et nous laisser porter vers la catastrophe sans protestation, qu’on en finisse vite. J’écris tout ça depuis mon lit, je n’ai pas envie de retourner au bureau.@SWSerbePendant longtemps je me suis interdit de juger la guerre qui a oppose les chauffeurs de taxi à leurs homologues VTC. Mais depuis qu’un chauffeur de taxi m’a sauvagement éconduit dans la froideur d’une nuit d’automne, la donne a changé. J’ai toujours compris la mal-être des taxis face à cette nouvelle concurrence, mais bizarrement, je la comprend un peu moins quand certains chauffeurs refusent de me ramener chez moi contre 30 euros. Je n’étais pourtant pas aviné comme c’est parfois le cas, ou accompagné d’une radasse de fin de soirée. Je n’ai pas compris et ne comprends toujours pas.Ça ne vous arrange pas de me ramener à Croix de Chavaux ? Ce n’est pas mon problème. Ça vous fait faire un détour avant de rentrer chez vous ? Idem, rien à foutre. Ma tête cassée ne te revient pas ? Ce n’est pas ce que je te demande. N’oubliez pas que vous êtes prestataires de service et que vous avez certains devoirs. Et j'évite d’évoquer ce service qui est, parfois, de piètre qualité. Ça me fout le seum, surtout quand je vous vois vous insurger face aux VTC qui « niquent le business ». Vous en êtes aussi responsables, tant votre corporation devrait évoluer. Mais ça c’est votre combat, pas le mien. Donc je vous emmerde.
L’ESPOIR EN L’AVENIR
LES CHAUFFEURS DE TAXI – OK PAS TOUS, MAIS QUAND MÊME
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@louisdabirJ’ai mis énormément de temps à capter la signification du mot « seum ». Bien trop paniqué à l’idée qu’on puisse découvrir le vieux con que j’étais, je ne manifestais jamais mon incompréhension quand mes interlocuteurs utilisaient l’expression. Mes mains devenaient moites, mes tempes jouaient du Stomp, je lâchais des petits pets de terreur avant de me rendre compte qu’un hochement de tête, une petite moue ou un « Ahah ouais grave » étaient amplement suffisant pour prolonger l’imposture et ma vie de galérien.Comme n’importe quel adulte qui découvre un truc de jeune, je me suis même approprié le terme, l’utilisant en dépit du bon sens. Il a fallu qu’un pote décrive mon « seum » comme « gonflé et bien veineux » pour me plonger dans l’embarras. J’ai fini par utiliser un moteur de recherche le plus proche pour découvrir que sa flâterie n’en était pas une. J’étais une boule de colère, de dégoût et de frustration. Peut-être que Freud considère le « seum » comme utile à l’épanouissement de l’individu. Moi, j’ai surtout l’impression que ça me transforme en mini-Stéphane Hessel énervé donc j’appelle dans la mesure du possible à son éradication en 2019.@alexisferencziLes interactions entre humains ne sont pas toujours simples, mais certains décident sciemment de complexifier tout ça en multipliant les tics verbaux pour conclure leurs phrases. Depuis quelques temps, l’injonction « frère » (prononcé « fraire » ou écrit « frer » sur Hangout)) semble avoir remplacé toute forme de ponctuation pour certains collègues et connaissances. Je ne suis pas contre les surnoms et j’aime bien quand mon kebabier préféré m’appelle « chef », mais la traduction littérale du « bro » a tendance à me tendre. À part ça, 2018 était une chouette année.@PLongerayBonne année à tous.VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.