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J’ai détruit la société occidentale en 25 jours

Collapse, est une expérience interactive qui simule la diffusion d’un virus mortel qui entraîne l’effondrement de la civilisation humaine, le tout situé dans le même cadre que le dernier titre développé par Ubisoft : Tom Clancy’s The Division.

« Basé sur les données d’OpenStreetMap, les ressources en open source de la NASA et les lignes aériennes de la IATA, ainsi que sur les contributions d’experts en gestion de crise, Collapse inclut plus de 3800 villes, où réside actuellement 95% de la population mondiale. »

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Le principe est simple : vous entrez votre adresse, et vous appuyez sur play. Dès cet instant, la fin du monde est inéluctable. Vous êtes le patient zéro, et c’est à cause de vous que le virus se répandra à travers le monde. La seule variable, ce sont les (rares) choix que vous ferez pendant que la maladie se propagera tout autour de vous.

Étant donné qu’il s’agit d’un jeu où il est impossible de “gagner” et qui finit systématiquement mal, j’ai décidé de ne rien faire pour limiter les dégâts et de ne faire que des choix absolument idiots, surtout qu’ici à Motherboard nous ne reculons jamais devant une belle occasion de simuler des catastrophes, qu’il s’agisse de larguer des bombes atomiques ou d’une bonne vieille apocalypse zombie.

Là où tout a commencé.

Le message de bienvenue est aussi sobre qu’efficace : « Vous avez été infecté par une souche inconnue de la variole. Vous êtes le patient zéro. À cause de vous, une pandémie mondiale est sur le point d’éclater. »

Je dois alors choisir d’où partira la contagion. N’ayant aucune intention de donner mon adresse personnelle, je décide de commencer par la rédaction de VICE : 75 boulevard Macdonald 75019 Paris. Tant qu’à mourir, autant ne pas être le seul.

Jour 1

J’ai de la fièvre, et je suis tellement mal en point que je dois aller à l’hôpital. J’ai le choix entre cinq options. Ne connaissant aucun des établissements qui me sont proposés, je choisis celui qui semble le plus adapté à mes symptômes : la Fondation ophtalmologique Adolphe de Rothschild. Au diable l’avarice.

Entretemps, le nombre de personnes infectées monte à 34 (désolé les collègues, je vous jure que je n’ai pas fait exprès).

Jour 2

Le nombre de malades monte à 64.

Apparemment, les infirmiers, qui sont les premiers à être en contact avec la maladie, sont aussi ceux qui la diffusent le plus rapidement « en allant d’un service à un autre. » Comme souvent, l’excès de zèle est contreproductif.

En moyenne, on compte 30 lits d’hôpital pour 1000 habitants. « En période de crise, vos chances d’en avoir un sont quasi nulles », m’informe-t-on. Je commence déjà à désespérer en m’imaginant dormir par terre, mais le simulateur m’épargne heureusement cette humiliation en me projetant dans le futur comme par magie.

Désolé :( Bon courage !

Jour 5

121.497 personnes infectées.

1 mort (qui que tu sois, sache que je suis vraiment désolé).

« Les hôpitaux sont maintenant submergés. » On me prescrit un vaccin antigrippe, puis on me met dehors, ciao. Après trois jours passés à dormir par terre, je ne suis pas contre le fait de prendre un peu l’air, et de toute façon je dois me rendre à la pharmacie pour acheter le vaccin qu’on m’a prescrit.

Collapse me rappelle alors qu’ « il faut 6 semaines aux pharmacies pour être refournies en médicaments », mais ça, je ne peux pas le savoir ; du coup, je continue à faire confiance à mes méninges en me répétant inlassablement : « n’oublie pas de montrer ta carte Vitale au pharmacien, n’oublie pas de montrer ta carte Vitale au pharmacien, n’oublie pas de montrer ta carte Vitale au pharmacien… »

J’ai le choix entre 5 pharmacies. Dans le doute, j’opte pour la pharmacie des Écoles, en espérant que cela m’amène dans un quartier très fréquenté par les enfants. Je déteste les enfants.

Je m’arrête juste un instant pour constater que…

…le nombre des malades s’élève désormais à 12.638.

On en est à dix morts (et je ne peux que m’excuser à nouveau).

Tous ces points représentent des personnes infectées.

Il y a un petit changement de programme. « Les autorités organisent la distribution de vaccins » à différents points de distribution. Ce sont soit des théâtres, soit des cinémas.

Je choisis d’aller jusqu’au Studio Galande, dans le 5ème arrondissement, en espérant tomber sur une séance du Rocky Horror Picture Show avec les spectateurs en costume et tout le tintouin. C’est typiquement le genre de spectacle qui me permettrait de me détendre un peu et d’oublier mes malheurs. Forcément, ici à Motherboard, on aime tout particulièrement les chansons à forte teneur scientifique telles que « Let’s do the Time Warp agaiiiin ».

Mais voilà que…

C’est déjà le jour 6

340.607 infectés.

59 morts.

« L’état d’urgence a été déclaré ». Je devrais sans doute faire des provisions et me barricader chez moi. Tant pis pour le Studio Galande, pour cette fois je laisserai mon porte-jarretelles dans son tiroir.

Il y a 5 supermarchés dans ma zone. J’opte pour le Dia ; j’aime bien leurs pubs toutes simples et je suis assez chaud pour faire des économies. Mais là encore, rien ne se passe comme prévu, pour des raisons que je ne peux pas vous expliquer (je ne peux pas non plus vous spoiler tout le jeu). Je dois renoncer à faire mes courses.

Rien de plus facile que de diffuser un virus par les airs.

Jour 9

J’ai contaminé (je parle à la première personne, vu qu’à ce stade je préfère assumer) 496.199 personnes et 113.658 d’entre elles sont mortes.

Je dois quitter la ville. Si ça ne tenait qu’à moi, je partirais à pieds vers un petit village tranquille de la région – comme vous l’avez compris, j’aime beaucoup faire de longues balades en ville pour infecter un maximum de Parisiens – mais la simulation me force à prendre un avion, à mon grand regret ; je dois donc choisir ma future destination et acheter un billet hors de prix.

Je me retrouve donc devant un panneau où figurent les noms de dizaines de villes un peu partout dans le monde, et j’hésite : est-ce que je vais dans un endroit que je déteste pour le ruiner, ou est-ce que je choisis de passer mes dernières heures dans une ville que j’aime ?

Je m’excuse (une fois encore) auprès de mes amis bordelais, mais j’opte pour la seconde option. Si je dois mourir, j’aime autant que ce soit dans le jardin de mes parents, entouré de mes chats et de cette tortue ingrate qui m’ignorera comme à son habitude.

Je vous épargne la suite de l’histoire ; l’essentiel, c’est qu’au bout d’un moment les choses commencent sérieusement à vous échapper.

Selon la simulation, il me faut au total 25 jours, 18 heures et 45 minutes pour provoquer l’effondrement total de la société. 708.009.434 personnes sont mortes, et plus de 1,5 milliards d’individus sont infectés à travers le monde, tout ça à cause de ma passion pour les balades en ville. J’aurais mieux fait de ne pas aller bosser, ou de rester vivre dans mon bled en Gironde.