Faire pousser du cannabis en Belgique
Drogue

Un guide pratique pour faire pousser son herbe en Belgique

La cultiver soi-même, c’est encore plus satisfaisant.
Felix Delcorps
Brussels, BE

On va pas se mentir, cultiver et fumer sa propre weed, c’est encore plus satisfaisant que de réussir la recette de la tarte Tatin de sa grand-mère. En tant que consommateur occasionnel, j’en ai eu marre de devoir dépenser mon fric chez le dealer du coin, ne sachant même pas ce qu’il y avait dedans. Sans compter le fait qu’une fois sur deux, la weed était soit nulle à chier, soit elle me mettait mal. J’ai donc décidé de mettre la main à la pâte, et j’ai commencé à cultiver mon propre cannabis de la manière la plus naturelle possible.

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Pour rappel, la loi en Belgique tolère un plant par personne majeure pour sa consommation personnelle.  

La graine

Commençons par le plus important. Avoir des graines de qualité, c’est la base pour espérer avoir une récolte convenable. Sachant que le climat belge est tempéré océanique, nos étés sont relativement frais et humides. Le plus simple pour commencer, ce sont les graines dites « autoflorissantes ». Ces graines ne sont pas dépendantes d’un cycle lumineux et poussent plus vite que les graines classiques féminisées. Avec ces autoflorissantes, vous pouvez compter entre 60 et 90 jours de la germination à la récolte. Les graines classiques féminisées, elles, sont dépendantes d’un cycle lumineux et peuvent prendre jusqu’à 6 mois pour terminer leur floraison. L’autre avantage majeur de ces graines auto est la facilité d’entretien des plants. Ce sont les plants de cannabis les plus résistants et les plus polyvalents de tous. Bref, c’est la meilleure option pour commencer. Le mieux en Belgique pour les autofloraisons, c’est de commencer à cultiver fin mai/début juin, mais vous pouvez très bien commencer en juillet si vous choisissez des graines à croissance rapide.

Rire ou dormir, il faut choisir

Un autre truc important à savoir avant d’acheter ses graines, c’est l’effet que vous recherchez. Pour faire simple, il existe deux variétés : indica ou sativa. La différence entre les deux se situe au niveau des sensations. Les sativa procurent un high cérébral et des effets stimulants et énergisants, alors que les indica produisent un stone corporel et une sensation de relaxation. Il faut savoir aussi que les indica poussent plus facilement et prennent moins de temps que les sativa. Mais il existe aussi des variétés qui combinent les deux comme la White Widow ou la Pineapple Express.

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Le substrat est roi

OK, je me la joue en utilisant ce terme mais c’est important d’être rigoureux. Le substrat, ou la « base nutritive », c’est la terre que vous mettrez dans vos pots, et elle doit contenir plusieurs éléments. Le top du top, c’est d’avoir un mélange en trois parties :

 -   Du terreau avec de la perlite et/ou de la fibre de coco qui vont permettre une aération du substrat et des racines pour gérer l’humidité de la terre.

 -   De la tourbe, qui augmente la quantité de matière organique dans le sol et permet une pousse rapide des plantes.

 -   Du compost, fait maison ou non, qui va participer à l’amélioration de la qualité du sol et favoriser la croissance des plantes grâce à certains éléments comme le phosphore, l’azote, ou le potassium.

Pothead

Pour ma part, j’ai toujours utilisé des pots en terre cuite et en plastique pour pouvoir les déplacer facilement. L’avantage de ces pots, c’est qu’ils sont pas chers et qu’ils existent en beaucoup de tailles. En parlant de taille, le mieux, de ce que j’ai pu observer au fil des années, c’est d’avoir des pots entre 15 et 20 litres. C’est la tranche de taille idéale pour avoir une plante robuste et qui se développera bien. Si vous voulez être discret·e, ou juste faire en sorte que ça prenne pas trop de place, prenez des pots plus petits. Pour empêcher l’eau de stagner au fond du pot, utilisez des billes d’argile que vous mettrez donc avant le substrat. Il y a des sacs en géotextile qui permettent une très bonne aération des racines et une évacuation de l’eau excédentaire, mais techniquement, si vous n’arrosez pas trop vos plants et que vous mettez les billes d’argile, les racines n’auront aucun problème. 

Autre conseil : ne rempotez pas vos autofloraisons. Comme elle a un cycle de vie court, si vous stressez la plante en changeant de pot, elle pourrait subir une paralysie de la croissance. Cette paralysie entraîne une diminution de la production de la plante, et dans les cas extrêmes, la tue. Donc, mettez directement vos graines germées dans le pot final.

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La germination des graines

Pour commencer les choses sérieuses, il va vous falloir du papier essuie-tout et deux assiettes, ou un Tupperware qui a toujours son couvercle (je sais, c’est pas gagné). La première étape consiste à mettre un morceau d’essuie-tout dans le fond de l'assiette ou de la boîte en créant une sorte de tapis pour accueillir votre magnifique graine. Vous allez ensuite l'humidifier (faites attention à ne pas trop charger le papier en eau ou vous risquez de noyer la graine), et y déposer la graine. Pour finir, il faut recouvrir la graine d’un deuxième bout d’essuie-tout et l'humidifier à son tour. Placez la deuxième assiette au-dessus de la première pour faire une sorte de dôme, ou fermez le Tupperware. Placez le tout dans un endroit sombre où il fait plus ou moins 20°C. Au bout de 2-3 jours, la graine aura germé - parfois ça prend plus longtemps mais no problemo. 

Il ne reste plus qu’à la mettre à 0,5 centimètres en dessous de la terre (en mettant bien la tige vers le bas et la coque de la graine vers le haut) et le tour est joué. La tige sortira de la terre 2 à 5 jours après l’avoir mise en pot. Je vous conseille aussi vivement de laisser vos plantes en intérieur les 10 premiers jours, sous une lampe, pour éviter les changements de température jour/nuit et les rayons du soleil encore trop puissants.

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L’arrosage

S’il y a un truc auquel il faut faire gaffe, c’est l’arrosage. Les plants de cannabis ont besoin de beaucoup d’eau, mais tolèrent difficilement les excès d’arrosage. Tout le monde n’est pas d’accord là-dessus, mais pour les plantes autoflorissantes, il vaut mieux arroser un petit peu tous les jours que de verser une grosse quantité d’eau, comme pour les plantes photopériodiques. Sinon, une technique assez simple : enfoncez votre doigt 3-4 centimètre dans la terre. Si elle est encore humide au bout de votre doigt, n’arrosez pas.

Les engrais 100% bio

Si vous voulez rester dans une vibe bio, je vous recommande de bien vous hydrater car il va falloir boire du café et récupérer votre urine. Le marc de café constitue en effet un bon engrais naturel, tout comme l’urine. Mais attention à ne pas en abuser, car ça pourrait foutre en l’air votre précieuse plante. Vous pouvez mettre le marc de café au-dessus de la terre, au pied de la plante. Le marc permet en fait un apport de nutriments et un effet répulsif léger, mais à utiliser avec modération. Pour ce qui est de l’urine, il suffit de récolter le précieux fluide et de le diluer avec de l’eau. L’idéal, c’est de mélanger 1 litre d’urine avec 10 litres d’eau - pas forcément d’un jet, évidemment. Arrosez vos plantes 1 à 2 fois par mois avec la solution pendant la croissance. Pour ce qui est de la floraison, je vous conseille de pas trop bidouiller avec tout ce qui est engrais si vous n’y connaissez pas grand-chose.

Couper ses plants au bon moment

Une fois la période de floraison commencée, il faudra faire attention à l’évolution de la couleur des trichomes. Ce sont les petites « gouttes » blanches qui apparaîtront sur le fruit de la plante. Pour être vraiment pro, il faut se procurer une sorte de loupe/microscope pour les scruter quotidiennement vers la fin de la floraison. Il y a plusieurs signes qui indiquent la fin de floraison. Les pistils, des sortes de poils accrochés au buds (qui sont les têtes de beuh que vous avez dans vos pax), commencent à devenir foncés. Les feuilles nourricières qui sont les plus grandes, commencent aussi à jaunir et faner, ce qui est totalement normal en fin de floraison. Et le dernier signe à prendre en compte, c’est le passage du blanc au blanc laiteux d’au moins la moitié des trichomes.  

Le séchage et le curing

La dernière étape, la plus satisfaisante, c’est le séchage. Après ces mois de labeur, vous pouvez enfin visualiser ces belles têtes, mais il va falloir encore un peu de patience. Il y a deux écoles pour le séchage des plants de cannabis. Certain·es vous diront de mettre la plante entière à l’envers, accrochée par le pied, pour permettre à la résine d’affluer vers les têtes de la plante. L’autre solution, c’est de couper toutes les feuilles avant de faire sécher les têtes. L’avantage de cette technique est le gain de temps : les têtes seront totalement sèches en une semaine. Mais la meilleure alternative, c’est de faire un curing. En gros, vous laissez sécher les buds plus ou moins 5 jours et puis vous les mettez dans un pot hermétique que vous ouvrirez tous les jours pendant 15-20 minutes et ce pendant plus ou moins un mois. 

Ce guide n’est bien évidemment pas exhaustif. Et n’oubliez pas que ça demande des années de pratique avant d'arriver à une symbiose parfaite des différents éléments. Mais au fond, ce qu’il y a à retenir, c’est que votre plante a surtout besoin de beaucoup d’amour.

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