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Samedi 11 juin, les supporteurs britanniques ont fait face à des groupes à l'organisation militaire, présents sur la Canebière dans le seul but d'en découdre. Sébastien Louis était à Marseille lors de ces événements. Il explique que « les Russes étaient parfaitement organisés, comme des commandos. Ils sont arrivés en ville la veille du match afin de repérer les lieux et de parfaitement quadriller la zone. » C'est d'ailleurs cette organisation qui a favorisé la fuite des Russes après la bagarre et a ainsi empêché toute interpellation dans leur camp.« Il y a eu une préparation énorme », ajoute Robin Bjalon, spécialiste du football russe chez Footballski. « Ces mecs avaient en tête le plan des lieux, avec les issues les plus sures, celles permettant de rester en groupe. » Pour Ronan Evain, spécialiste des supporteurs russes interrogé par L'Equipe, ces derniers se préparent quotidiennement à la baston : « Ce sont des vrais, des durs. Des gens qui considèrent ça comme un sport. Ils sont très entraînés, très organisés […] Ils ont des vraies stratégies d'agression : samedi [11 juin], sur la route, certains sortaient de leurs voitures, se battaient vingt ou trente secondes et remontaient. C'est un commando. »Lors du match Angleterre-Russie, les hooligans russes ont « en partie violé leurs propres règles » – en particulier celles de la discrétion imposée et du nombre équitable de participants à une bagarre.
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Pourtant, la relation entre hools et politique poutinienne est plus que ténue. Pour Sébastien Louis, « le hooligan est constamment dans la contestation » – une contestation héritée de la période 1980/1990, où les stades servaient de lieu d'expression contre le régime en place. Et Sébastien Louis de poursuivre : « Les hooligans refusent bien souvent toute récupération politique » – et ce de quel côté que ce soit.Cependant, selon certains spécialistes, il n'est pas non plus inexact de dire qu'une partie des hools d'aujourd'hui est très proche de l'extrême-droite russe. Pour Ludovic Lestrelin, sociologue interrogé par Ouest-France, les hooligans « ont des connexions avec des partis extrémistes de droite. » Il évoque également « leur fort nationalisme » et « leurs logiques quasi paramilitaires de confrontations très violentes, très dures, qui ne ressemblent pas au hooliganisme à l'anglaise ».Robin Bjalon confirme et élargit cette approche à l'ensemble des supporteurs violents d'Europe de l'Est : « Ils sont liés à l'extrême-droite, même s'il faut bien comprendre que dans ces pays-là, les critères ne sont pas les mêmes qu'en Europe de l'Ouest, où le nationalisme est souvent critiqué. » Sébastien Louis ajoute que ces types n'hésitent pas à avoir recours à des symboles évoquant directement la puissance passé de ces pays : « Les hooligans russes reprennent l'imagerie de la grande Russie, la Russie impériale. Au Stade-Vélodrome, on a pu voir un drapeau impérial accroché pendant une bonne partie du match. »« Ils sont liés à l'extrême-droite, même s'il faut bien comprendre que dans ces pays-là, les critères ne sont pas les mêmes qu'en Europe de l'Ouest, où le nationalisme est souvent critiqué. » –– Robin Bjalon
De l'importance de l'Histoire et de la grandeur de la Russie chez ces hools découle une incompréhension. Si la classe politique française a, à l'unisson, condamné la journée cauchemardesque à Marseille, ce n'est pas forcément le cas à Moscou. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires Etrangères de Vladimir Poutine, a préféré critiquer « l'arrestation d'un autobus avec plus de quarante supporteurs russes par la police ». Plus virulent encore, Igor Lebedev, député de la Douma (la chambre basse du Parlement russe) a affirmé qu'il ne voyait rien de grave « dans une bagarre entre supporteurs ». Il n'a pas manqué d'encourager ses administrés à poursuivre la lutte en écrivant sur Twitter : « Bien joué, les gars. Continuez comme ça ! » Sébastien Louis explique ces déclarations par « la fierté des Russes », qui les rend incapables de condamner l'attitude de leurs supporteurs les plus violents.Et finalement, où est le football dans tout ça ? Selon les spécialistes contactés dans le cadre de cet article, ces hooligans sont avant tout des passionnés. « Ils défendent l'honneur de leur club et de leur pays, ils savent qu'ils le représentent et ils sont fiers de cela », m'a affirmé Robin Bjalon. La seule différence avec un supporteur lambda, et elle est de taille, est le recours à la violence dans le cadre de cette passion.Igor Lebedev, député de la Douma, a affirmé qu'il ne voyait rien de grave « dans une bagarre entre supporteurs ».