Comment la France a réagi face à l’élection de Donald Trump

Ça y est. Ce qui était autrefois considéré comme une vaste blague et un nid à mèmes est aujourd'hui devenu réalité. Donald Trump a été élu le 45ème président des États-Unis. Inévitablement, nombre de Français se sont fendus d'un ou deux tweets rageurs, voire d'un long statut Facebook afin de montrer que « le monde va mal ». À juste titre. Mais cette avalanche de réactions laisse presque entendre que notre vie à tous va radicalement changer dans les prochains mois. Alors que logiquement, non. Mais elle peut servir d'exemple. Il n'y a qu'à voir comment les acteurs politiques et médiatiques de France qui se sont emportés à leur façon sur les résultats de cette élection que nous aurons peut-être trop prise par-dessus la jambe pendant trop longtemps.

Le Front National, porté par Marine le Pen qui s'est ouvertement prononcée en faveur de Trump, s'est évidemment félicité de cette victoire « du peuple américain libre ». Le Front National parle étrangement « d'une victoire sur les élites », comme si Donald Trump était cet Américain moyen qui à la sueur de son front était arrivé au pouvoir. Cet engouement politique est d'autant plus curieux que selon une enquête IFOP, le candidat républicain américain divisait au sein même du Front National il y a encore quelques semaines. Nadine Morano, qui de chez elle a dû préparer ses tweets à l'avance telle une Community manager expérimentée, nous a fait l'honneur du bon vieux refrain complotiste : « Quand les médias veulent imposer leur choix le Peuple leur inflige la raclée par les urnes. #Trump » Voilà où nous en sommes en France. Il faut dire que le Front National voit en cette victoire du candidat républicain une porte ouverte à son propre destin. Si les Américains en sont capables, pourquoi pas nous ? Après tout, cette élection montre que tout est possible quand on demande au peuple de choisir entre deux personnes. Après avoir élu un président noir, les Américains ont élu Donald Trump. Il est certain que cette élection va servir de tremplin au Front National pour les prochaines élections en lui donnant une source de motivation supplémentaire.

De son côté, François Hollande, a félicité le candidat en terminant simplement son allocution présidentielle par « cette élection ouvre une période d'incertitude ». De son côté, Gérard Araud, l'ambassadeur de France aux États-Unis, s'est permis un tweet plein de spontanéité (avant de le supprimer) : « Après le Brexit et cette élection, tout est désormais possible. Un monde s'effondre devant nos yeux. Vertige ». Mais comme pour les voies sur berge à Paris, aucun de nous ne les emprunte mais chacun a un avis sur la question. Mais qu'en pensent réellement les principaux concernés qui sont enfermés en France ?

Au milieu de cette vaste éditorialisation médiatique de statuts Facebook se trouvent aussi les avis d'Américains résidant en France et de Français aux États-Unis. On estime à environ 100 000 le nombre d'Américains vivant en France. Christina, une Américaine de 27 ans qui travaille en France depuis plusieurs années, ne semble pas si surprise que ça : « Je suis profondément attristée et en colère par les résultats. Mon pays vient de nommer un président qui a montré à de nombreuses reprises son incompétence, sa manipulation, un total rejet de la vérité et une absence totale de tact qui a favorisé la misogynie et le racisme. » Mais aujourd'hui c'est surtout l'inquiétude qui prédomine chez elle : « Ce qui me fait le plus peur, c'est de voir qu'une grande partie de la population tolère, soutient ou pratique les idéaux que Trump défend. La division est beaucoup plus grande que nous le pensions », m'explique-t-elle, avant de m'alerter : « Il y a eu le Brexit, et maintenant Trump. Les Français ne doivent pas être dupes. Cela peut arriver en France aussi si les gens continuent de voter pour des personnages. La première chose que j'ai faite ce matin, c'est faire le nécessaire pour voter en France ». Christina a également la nationalité française, ce qui lui permettra de faire entendre sa voix lors des prochaines présidentielles.

De leur côté, la quasi majeure partie des médias Français montrent ce matin leurs craintes face aux résultats de la nuit. Dans un long papier particulièrement pertinent, le journal Courrier International se questionnait sur le rôle des médias dans l'élection de Trump. Le journal explique comment les médias du monde entier ont grandement favorisé l'élection de Donald Trump en « se laissant appâter par de l'audience facile » et permettant possible le relai d'un discours politique mensonger. Selon Politifact, plus de 70 % des affirmations de Trump ont été « plutôt fausses », « fausses » ou « archifausses », contre 26 % pour Hillary Clinton durant toute la campagne. L'ensemble des médias n'est donc pas exempt de tout reproche face à l'émancipation de ces idées, favorisant la discorde plutôt que la cohérence. Il est donc peut-être temps de repenser notre rôle avant de pleurer face à l'effondrement du monde. Finalement, la seule bonne nouvelle de cette élection est que Maître Gims arrête la musique – ou presque.

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