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Culture

Les Dirty Girls, 17 ans après

La semaine dernière, une vidéo intitulée « Dirty Girls » a fait le buzz sur YouTube. Ce film documentaire, filmé en 1996 par un type nommé Michael Lucid, est une véritable capsule temporelle qui montre un groupe de lycéennes parias.

La semaine dernière, une vidéo intitulée « Dirty Girls » a fait le buzz sur YouTube – et pas pour les raisons que vous imaginez en lisant le titre. Ce film documentaire, filmé en 1996 par un type nommé Michael Lucid, est une véritable capsule temporelle. Il présente un groupe de filles que les gros Jocks de leur lycée ont surnommées les « Dirty Girls ». Ces filles se disent fières de suivre la philosophie des riot grrrl, d’être différentes et d’envoyer chier les règles d’hygiène les plus élémentaires. La vidéo se concentre sur le noyau dur de ce groupe de filles parias, les sœurs Amber et Harper, qui parlent de manière claire et éloquente de leurs convictions féministo-grunges, pendant que des filles qui portent des vestes en jean et des lunettes de soleil rondes disent de la merde dans leur dos. Ce documentaire rappellera sûrement des bons souvenirs à ceux qui étaient au collège et au lycée dans les années 1990, tout en réussissant à capturer l'essence de deux jeunes filles fortes et indépendantes qui disent et font ce qu’elles veulent sans se soucier de ce que pensent les autres.

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Quand j’ai vu cette vidéo pour la première fois, j’ai immédiatement adoré. Je l’ai envoyée à tout le monde à VICE – et devinez quoi ? Tout le monde a adoré. On a décidé de retrouver les Dirty Girls pour voir ce qu’elles faisaient aujourd’hui, ce qui n’a pas été si difficile. Harper vit à New York et a eu la gentillesse de nous rendre visite au bureau. Sa sœur Amber nous a rejoints sur Skype.

VICE : Quand avez-vous vu cette vidéo pour la première fois ?
Harper : Juste après qu’elle a été réalisée, quand on était encore au lycée. Vers 2000, le film a été projeté pendant un festival gay et lesbien à Los Angeles. Il l’avait réduite d’une heure à vingt minutes et c’était la première fois qu’on voyait la version courte. C’est un documentaire bien monté. On ne l’avait pas revu depuis… hum, ça doit faire à peu près douze ou treize ans.

Comment vous êtes-vous rendu compte que la vidéo devenait de plus en plus populaire ?
Harper : Un ami l’a reçue sur sa boîte mail, de la part d’un camarade de classe. Quelqu’un me l’a envoyée et a dit : « J’y crois pas. Mon Dieu, je vous aime les filles. Vous êtes tellement fortes. Tellement confiantes. Ça m’impressionne. » À ce moment-là, il y avait 2000 vues. C’était le premier jour. C’est à partir de là que ça s'est emballé.
Amber : Je l’ai regardée à nouveau hier. J’ai eu l’impression que ça avait été filmé hier, pas il y a dix-sept ans. Ça m’avait fait tout drôle à l’époque, et j’étais certaine que ça me ferait la même chose aujourd’hui. Mais quand je l’ai regardée hier, c’était totalement différent. Je trouve ça incroyable parce que ça reflète exactement qui nous sommes et d’où nous venons. Mais en même temps, ma manière d’être et de penser a complètement changé. Je trouve ça fascinant.

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Que ressentez-vous en regardant la vidéo aujourd’hui ? Êtes-vous fières ? Gênées ?
Harper : Je trouve ça excitant. Sur le moment, j’avais le sentiment qu’on nous laissait une vraie chance de nous exprimer. Ça n’aurait pas été le cas si cette vidéo n’avait pas été montrée aux autres élèves de l’école. Donc j’étais fière des commentaires de l’époque et je le suis encore aujourd’hui. Je suis surtout impressionnée par les réactions positives de tout le monde. En regardant les commentaires sur YouTube, je me rends compte que les gens sont admiratifs et que la vidéo les inspire. Ça me rend tellement heureuse. Et je pense qu’on est toutes les deux d’accord pour dire que nous n’en voulons pas à ces gens, aux lycéens plus âgés qui nous ont critiquées.

Amber : La première fois que c’est sorti, j’ai pensé : « Peu importe. On est différentes de tous les autres donc je vois pourquoi il fait ça. » Mais quand on avait la vingtaine et qu’on l’a regardée, il y a 13 ans, je me suis dit : « C’est génial. On a fait quelque chose. On n’était pas des jeunes comme les autres, on avait un message. » Je suis fière de ça mais je regrettais un peu de ne pas m’être exprimée mieux. En la regardant aujourd’hui, je trouve que c’est probablement un des témoignages les plus justes sur la vie au lycée. On aurait pas pu décrire l’adolescence mieux que ça. Tout le monde a des problèmes à cet âge-là. Les jeunes qui faisaient des choses, le harcèlement, les beaux gosses, les sales gosses. C’est parfait. C’est assez incroyable d’avoir cette vidéo en notre possession parce qu’elle nous permet de retourner dans le temps et c’est une expérience rare.

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Cette vidéo est une capsule temporelle incroyable des années 1990 : la chanson de Liz Phair, les filles dans la voiture avec des lunettes de soleil rondes ou encore le fanzine. Après le tournage de cette vidéo, combien de temps êtes-vous restées proches du mouvement des riot grrrl ?
Amber : Je me retrouvais vraiment dans Kurt Cobain, je le voyais comme une idole. Il a dit un jour : « I hate myself and I want to die. » J’ai écrit ça dans un carnet et personne d’autre ne savait d’où ça venait, donc le jour où un adulte est tombé dessus, c’était du genre : « Urgence. Cette fille doit absolument voir quelqu’un. » Je voulais juste écrire une phrase extrême, c’est là-dedans que je me retrouvais à l’époque.
Après ça, j’ai quitté ce lycée parce que je voulais aller dans une école d’art. Je me disais : « Tout ça c’est des conneries. On est censé être dans un lycée plutôt ouvert d’esprit, mais dès qu’on est un peu différent, tout le monde te crache dessus. » Donc, je suis allée dans une école d’art et j’y ai passé un an. Là-bas, je ne connaissais personne, je n’étais clairement plus une Dirty Girl : je n’avais plus d’étiquette, je n’étais plus catégorisée. Je pense que j’ai commencé à écouter de la musique un peu différente. C’était une progression naturelle.
Harper : Je me souviens d'être allée aux conférences des riot grrrl et d’avoir apprécié leur point de vue sur les femmes dans la société et tout ce que j’ai cité dans la vidéo. Mais ça n'a pas duré longtemps.

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Les Dirty Girls aujourd’hui

Que disent les gens qui vous connaissent lorsqu’ils voient la vidéo ? Genre vos amis ou vos parents ?
Amber : Ils reconnaissent ma personnalité. Presque tout le monde dit : « Oh, c’est tellement toi. C’est ta personnalité. »
Harper : Les gens adorent. Ils sont très impressionnés, généralement. On n'avait que 13, 14 ans. Nos amis et nos proches sont fiers de nous.

Bon, le monde veut savoir ce que sont devenues les Dirty Girls.
Harper : Je suis photographe et vidéaste. Je vis à New York depuis six ans. Amber et moi avons eu la possibilité de travailler ensemble, ce qui est génial. Je suis diplômée du Brooks Institute of Photography à Santa Barbara. Juste après la remise des diplômes, on a eu l’opportunité de voyager et de tourner ensemble. J’ai fait quelques films. On est rentrés d’Inde il y a une semaine à peu près.
Amber : J’ai fait beaucoup de choses. Aujourd’hui, je travaille dans notre entreprise familiale. On fabrique des verres à vin incassables. Ça ressemble à du cristal mais ça rebondit. On est aussi dans l’immobilier. Voilà pour nos carrières, sinon on avance dans la vie en essayant de la vivre du mieux qu’on peut.

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