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Les filles du Paris Roller Girls ont aussi un vrai métier

Après avoir assisté à plusieurs séances de coups de coude entre meufs, on a rencontré Absolut Vermine, Meryl Stripper ou Princess Bitch pour savoir ce qu’elles faisaient à part se foutre sur la gueule avec leurs meilleures copines.

Photos : Adrien Collino

Les filles qui font du roller derby charrient encore plus de clichés que les mecs qui font du roller, les Blancs à dreads et les clubbers de Calvi on the Rocks. D’ailleurs, quand on a vu que les Paris Roller Girls participaient au concours all , on s'est rendu compte qu'il s'agissait d'un sport dont on ne maîtrisait visiblement pas les codes – pour résumer, c'est une sorte de ballon prisonnier ultraviolent qui se joue avec des filles qui se poussent et des patins à roulettes. On a d'ailleurs passé une après-midi avec elles le mois dernier, comme en atteste la vidéo ci-dessous :

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Après avoir assisté à plusieurs séances de bousculade et de coups de coude entre meufs, on est allés les rencontrer pour savoir ce que faisaient Absolut Vermine, Meryl Stripper ou Princess Bitch quand elles n’étaient pas occupées à se trouver un blaze suggestif ou se foutre sur la gueule avec leurs meilleures copines. Elles ont des jobs relou, comme vous.

Meryl Stripper, 20 ans
Depuis deux ans, je m’occupe des passagers handicapés à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Je les prends en charge à leur arrivée à l’aéroport ou quand leur avion atterrit. Ça concerne tous les handicaps : il y a des handicapés mentaux, des handicapés moteur mais aussi des entorses, des foulures. Je fais ce métier par intérim, donc ça me laisse pas mal de temps pour m’investir dans le derby. En ce moment, je travaille moins. Je fais des boot camps de roller à l’étranger. J’en ai fait un à Las Vegas, par exemple. Avant ça, j’ai travaillé un an et demi dans un diner de Disney Village. C’est là que j’ai commencé à faire du roller : je passais sept heures par jour en patins.

Roxy Bat Girl, 23 ans
Je termine mon stage de fin d’études chez J’ai Lu dans deux semaines. C’est une maison de livres de poche, on ne découvre pas de nouveaux auteurs. Il y a quelques inédits mais c’est très rare. Mon boulot, c’était de lire des livres. Mon stage a duré six mois, j’ai dû lire 70 bouquins qu’on a publiés, et d’autres pour moi. Celui qui m’a le plus marquée c’est Stoner de John Williams. J’ai commencé à chercher un travail comme assistante d’édition. Ce que je voudrais, c’est développer l’édition numérique, dans une maison d’édition spécialisée dans la littérature étrangère.

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Joan Get, 29 ans
Je suis institutrice à Champigny, dans le Val-de-Marne. J’ai eu le concours il y a cinq ans et depuis la rentrée, je m’occupe d’une CLIN. C’est une classe d’intégration qui a ouvert cette année et qui accueille des élèves étrangers qui viennent de débarquer en France. Les autres élèves appellent les jeunes de ma classe les « Russiens ». Je ne sais pas pourquoi ils les ont identifiés comme ça. Des collègues sont déjà venus me voir jouer. Ça les a surpris, je suis plutôt discrète d’habitude. Mais dans mon boulot et ma vie de tous les jours, le derby m’a permis d’être plus sûre de moi. Quand j’ai quelque chose de difficile à faire, je me dis que c’est moins difficile qu’un jam.

Absolut Vermine, 38 ans
Je suis hôtesse de l’air chez Air France. La règle là-bas, c’est pas de tatouages, pas de piercings visibles. Tous mes tatouages sont placés stratégiquement ; je peux les planquer sous mon uniforme. Le travail est sympa, mais il faut aimer servir les gens. Je ne peux pas venir à tous les entraînements, je viens quand je peux. Pendant cinq ans j’ai fait du long-courrier mais maintenant je reste en Europe. Demain je pars à Milan. Ça fait des journées de 10 heures, avec 3-4 vols par jour, mais les gens sont moins exigeants que sur les long-courriers.

Princess Bitch, 22 ans
Je suis auxiliaire de puériculture : je travaille en crèche à la ville de Paris. Je viens d’avoir mon diplôme, je recevrai mon affectation dans quelques jours. Avant, j’ai été nourrice pendant quatre ans. J’ai deux vies : les filles ici ne connaissent pas mon vrai prénom et ne savent pas ce que je fais dans la vie, et les gens au boulot ne savent pas que j’ai des tatouages, que je fais du derby et que je sors avec des meufs. Parfois, je me sens comme Clark Kent. C’est marrant, j’aime bien. En revanche, jamais je n’inviterais des collègues à un match de derby. Ce sont deux mondes trop différents.

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Cherry Lielie, 21 ans
J’ai un BTS en production audiovisuelle mais j’ai repris des études en alternance. Je bosse chez Louis XXI, une agence de communication digitale : création de sites Internet, contenu vidéo, ce genre de trucs. Je travaille sur la promotion de la collection de Noël de Petit Bateau, en ce moment. Nos autres clients sont nettement moins rigolos : Veolia, des assurances… L’équipe est jeune et sportive. Je crois qu’ils ont lu mon C.V. par le bas et que c’est pour ça qu’ils m’ont prise : ils ont vu que je faisais du derby, que je coachais l’équipe et que j’avais participé à la Coupe du monde.

High Wheels, 34 ans
Je suis styliste photo freelance. J’ai travaillé pour 150 grammes, WAD, Vogue Chine… J’ai commencé l'année dernière. Avant, je vivais aux États-Unis. J’ai tenu une friperie à Atlanta pendant quatre ans. On avait un skatepark à l’intérieur et on proposait des activités pour les enfants du coin. C’est comme ça que j’ai commencé le roller derby : des filles sont venues faire une démo dans le shop. À mon retour en France, j’ai été assistante photo pour des potes, mais maintenant je ne suis plus assistante. Dieu merci ! J’ai mes propres contrats, je travaille avec différentes boîtes, différents créateurs et j'aime bien ça.

Butch Shan, 29 ans
Je suis ingénieur informatique depuis trois ans dans une SSII. Pour le moment, je travaille dans une boîte qui fait de la sécurité informatique. Je suis intérimaire de l’informatique, quoi. J’adore mon travail. On peut l’exercer dans plein de domaines. Avant de faire du derby, je voulais travailler dans la pub ou dans l’art, mais ça n'embauchait pas. Aujourd’hui, j’ai plus le temps de m’investir à fond dans le travail. Je fais mes journées, mon boulot me tient à cœur mais je n’irai pas en faire plus – je vais à l’entraînement.

Cannonball, 33 ans
Je suis responsable d’une équipe qui lutte contre l’habitat indigne ou dangereux à la mairie d’Ivry-sur-Seine. Ça fait trois ans que je fais ça. Je travaille pour faire valoir les droits des gens qui sont dans des logements insalubres ou des personnes qui vivent dans des squats. J’ai cinq personnes sous ma responsabilité, dont deux inspecteurs. Y’a un côté « flic du logement » là-dedans. J’aime bien quand il y a un peu d’action. Je suis urbaniste de formation, mais je voulais retrouver un côté plus social – parce qu’il n’y a pas que ce volet « police du logement » : je pilote aussi un programme de réhabilitation. Je suis la chef, mais je me vois plus comme un capitaine.