FYI.

This story is over 5 years old.

News

Brotherhood

On a demandé aux représentants du Boston Hardcore (le vieux et le nouveau), d'habitude peu philanthropes, de briser leur carapace et de nous dire ce qu'ils ressentaient à l'heure actuelle.

Photo de cover de Kids Will Have Their Say de SSD, sorti sur Xclaim! en 1982 

Dans la nuit de lundi à mardi, heure française, la ville de Boston, Massachussetts, était victime de deux explosions, causant trois morts et environ 180 blessés. Alors que la communauté internationale s’attristait devant cette nouvelle manifestation de – probable – terrorisme à l’encontre du peuple américain, la ville de Boston s’activait à reconstruire autant que possible les dégâts et à apaiser la névrose causée par cette attaque inattendue. Notamment Jon Anastas, ancien bassiste de DYS et membre fondateur du Boston hardcore, qui s’est attelé à vendre des tee-shirts dont les profits seront reversés aux victimes des attentats.

Publicité

Boston et le hardcore ont une longue histoire commune. Depuis leur entrée dans la scène via la compilation This is Boston Not L.A. en 1982, les groupes de Boston – de SSD jusqu’à The Rival Mob – ont toujours affirmé leur identité en provoquant tout le reste des États-Unis. Aimer son patelin à ce point est l’un des trucs les plus américains que j’aie jamais vus. Cette haine démesurée pour le reste de la scène (et du territoire américain) a atteint des proportions folles avec des groupes comme Slapshot et son frontman Jack "Choke" Kelly, qui a entretenu cette rivalité légendaire contre la scène de New York – et plus généralement, toutes les scènes – durant toute sa carrière. Il a d’ailleurs récemment enregistré une vidéo pour s'excuser de toutes les conneries qu'il avait pu dire en trente ans.

SSD joue à Boston, 1982

C'est quand une tragédie – à l'image de celle qui frappe la ville de plein fouet depuis lundi – a lieu qu'on peut mesurer l'ampleur de cette fraternité bostonienne. On a demandé aux représentants du Boston hardcore (le vieux et le nouveau), d'habitude peu philanthropes, de briser leur carapace et de nous dire ce qu'ils ressentaient à l'heure actuelle.

VICE : Salut Jay. Où étais-tu quand les explosions ont eu lieu ?
Jay (Defeater) : J'étais dans mon studio en train d'enregistrer un groupe.

Ça t’a fait quoi ?
Eh bien, comme le reste des habitants de la ville, je suis triste et en colère.

Publicité

Tu penses qu’il s’agit d’un attentat ?
Nous ne savons pas encore s'il s'agit de terrorisme – je ne suis pas du genre à pointer du doigt sans aucune preuve. Notre pays, bien que je l'aime beaucoup, ne se sent pas toujours obligé d'être très communicatif sur la façon dont nous nous conduisons au niveau international. Je suis sûr que les événements qui ont mené à ces attaques peuvent nous aider à comprendre beaucoup de choses. Cela dit, je pense que la violence contre les civils est un véritable fléau, peu importe de qui elle provient.

Comment ça va à Boston, aujourd’hui ?
Eh bien je viens de lire que l‘Église baptiste de Westboro allait manifester pendant l'enterrement des victimes, donc honnêtement, assez dégoûté. Si tu penses qu'un enfant de 8 ans mérite de mourir parce que notre État a voté une loi pour qu'un mec puisse se marier avec un autre s'il le souhaite, tu n'es qu’une merde. S'il y a vraiment un Dieu au-dessus de nous, j'espère qu'il tranchera la gorge de chaque membre de cette organisation. Exauce mes prières Dieu, et tu me verras chaque dimanche sans faute.

OK, merci Jay.

Hey Mark, tu te souviens de ce que tu faisais quand tu as appris ce qui s’était passé à la fin du marathon ?
Mark (Streetsweeper) : Je faisais un footing dans le quartier d'Allston. Quand j'ai déboulé dans Harvard Avenue, j'ai vu plusieurs bagnoles de police qui descendaient vers le centre. Je me suis arrêté dans un café pour boire un truc, CNN était allumée. C'est là que j'ai réalisé. J'ai essayé de passer quelques appels, dont aucun n’a abouti. J'ai reçu cinq messages me demandant si j'allais bien. Je ne savais rien de l'ampleur de la situation à ce moment-là. J'ai annulé tous mes plans et je suis rentré chez moi pour mater les infos et contacter mes proches. Nick, notre batteur, m'a rejoint pour regarder tout ça à la maison.

Publicité

Et depuis mardi, ça va mieux ?
Je suis choqué, comme tout le monde. Je ressens aussi ce sentiment de frustration et de colère qui va avec. Mon cœur va vers tous ceux qui ont été directement touchés par cette attaque. Il est temps pour nous tous dans cette ville d'apporter notre aide de toutes les façons possibles afin de refermer la blessure que cet événement a causé.

Vois-tu le terrorisme comme un mal croissant aux Etats-Unis à l’heure actuelle ?
Oui. Le mot « terroriste » est ancré dans l'esprit de tous les Américains depuis les attentats du 11-Septembre. Je pense d’ailleurs que cette peur constante du « terroriste » chez les Américains a, en quelque sorte, conduit à des actes dégueulasses comme celui-ci.

Comment ça va depuis lundi, J.R. ?
J.R. Roach (Sam Black Church) : Je dirais que je suis à la fois triste et énervé. Quand c’est arrivé, j’étais à Allston, pas du tout conscient de ce qui était en train de se produire, jusqu'à ce que mon téléphone devienne fou. Jamais autant de gens en dehors de l'État du Massachussetts ne m'ont contacté en une même journée. J’ai d’ailleurs un message pour l'idiot qui a fait ça : il a rendu furieux le pire ennemi qu’il pouvait se choper au monde – la police de Boston.

Et comment vont les gens autour de toi, à Boston ?
Tu sais, Boston est une ville dure, résistante. Ces mecs vont devoir faire bien pire que ça pour nous secouer. Nous sommes le berceau de la Révolution. Mais bon, je ne veux pas spéculer mais, qu'il soit Américain ou étranger, quelqu'un a l’air d’être sérieusement agacé par Capitol Hill.

Publicité

Tu penses que ces actes terroristes sont un fléau en Amérique ?
Évidemment. Trop de gens sont aliénés par le changement de modèle du pays. De même, ils ne savent pas quoi faire face au climat politique international.

(c) Lauren Mangini

Salut Mark, ça va mieux depuis lundi ?
Mark Lind (Ducky Boys, Saints & Sinners) : Eh bien, j’ai les boules de penser qu'un ou deux mecs puissent faire ça à tant de civils innocents – surtout à des enfants. Cette ville est notre maison et, bien que nous ayons une réputation de Massholes, nous accueillons des gens du monde entier. Quand c’est arrivé, j'étais au travail à Charlestown, à environ 3 kilomètres de l'endroit où ça s'est produit. Je n'avais aucune idée de ce qui se passait jusqu'à ce qu'un collègue revienne du Dunkin' Donuts d’en face et nous dise de cliquer sur le site de CNN. C'était 30 minutes après la première explosion.

Tu es sorti de la ville depuis les attentats ?
Je n'ai pas quitté Charlestown pour le moment. Certaines personnes d’ici sont tristes, ou en rogne. L'histoire autour des mecs de l’Église de Westboro qui sont venus ici avec leurs pancartes a servi de distraction facile, de bouc émissaire sur lequel concentrer sa colère.

Tu te demandes qui a pu faire ça ?
Je n'ai pas d'idées préconçues – ni sur qui est derrière tout ça, ni pourquoi. Il me semble, d'après le peu de preuves qu'on nous laisse entrevoir, qu'il s'agisse de l'initiative d'un voyou, seul – les dispositifs utilisés n'étant pas très sophistiqués. Aussi grotesque que cela puisse paraître, s'il s'agissait d'une organisation terroriste organisée, il y aurait probablement eu plus de victimes. Quant à savoir pourquoi quelqu'un ferait une chose pareille, ton opinion vaut la mienne. Il ne faut pas dresser de conclusions hâtives. Rappelle-toi du bombardement d'Oklahoma City.

Publicité

Salut Jacob, où étais-tu quand les exposions sont survenues ?
Jacob Bannon (Converge, Deathwish) : J'étais en train de travailler sur des projets divers, artistiques et musicaux, au siège de Deathwish. Comme beaucoup d'autres, j'ai essayé de contacter tous les gens qui vivaient dans le coin quand j’ai su ce qui s’était passé. Aujourd’hui, le climat dans la ville est tendu. Tendu, mais résistant.

Tu as une idée de ce que l’auteur de cet attentat a voulu dire en commettant ça ?
Spéculer publiquement autour de ça serait irresponsable, donc non. Le terrorisme est une tactique croissante partout dans le monde, au milieu de chaque conflit ; les États-Unis ne sont pas immunisés contre ça.

Jon, qu’est-ce que tu faisais lorsque les événements se sont déroulés ?
Jon Anastas (DYS, Slapshot) : J’étais à Los Angeles, en train de travailler. Je n’habite plus Boston, donc je ne peux plus parler au nom de la ville, mais je sais que je n’ai jamais connu de ville aussi combattive, résistante et rebelle. Je n'imagine rien qui puisse briser l'esprit de Boston.

Quel est ton avis sur les actes terroristes dont les États-Unis ont été victimes ces dernières années ?
En fait, s'il s'agissait d'un acte terroriste, la vitesse à laquelle va l'information sur le net et la philosophie américaine qui prône les libertés individuelles, contribuent – malheureusement – à rendre ce problème récurrent et tragique. Cela dit, je ne serai jamais favorable à une restriction dans aucun de ces domaines. La liberté a un prix, que nous payons d'ailleurs, mais jamais je ne l’échangerais contre l'absence de liberté.

Publicité

Tu comptes aider Boston d’une manière ou d’une autre ?
J'ai travaillé avec Chris Wrenn, le fondateur de Bridge 9 Records, et on a fait ce que l'on a pu. Ensemble, on a vendu des tee-shirts au profit des victimes des attentats. J'aimerais pouvoir faire plus, mais c'est difficile à 5 000 km.

Salut Erick, quel est le climat à Boston en ce moment ?
Erick Medina (Blood For Blood) : Les gens sont très préoccupés, on sent cette tension nerveuse partout. Apparemment, un suspect vient d’être arrêté, mais les flics ont depuis contredit cette information. Et au moment où je te parle, il y a une menace de bombe au Palais de justice où le suspect était censé être détenu…

De ton côté, tu t’es remis des explosions de lundi ?
J'étais à peine à 1 kilomètre de la ligne d'arrivée du marathon de Boston quand ça s’est produit. Nous devions, moi et les membres de ma famille, être à cet endroit précis à ce moment-là. Mais heureusement, mon fils ne se sentait pas très bien et on a dû changer nos plans.

Merde, tu as eu de la chance. Tu as des hypothèses quant aux motifs de l’auteur – ou des auteurs – de cet attentat ?
Je n'ai pas la moindre idée de ce que pourrait vouloir dire cette horrible preuve de lâcheté. Je ne peux qu'espérer que ces types d'actes lâches n'élèvent pas de nouveau leurs têtes hideuses. C'est un truc auquel nous, Américains, devons faire face.

Comment te sens-tu actuellement ?
Je me sens plus concerné par cet événement que n'importe qui. Je suis triste pour les gens qui ont perdu la vie, leur intégrité physique ou leurs proches au cours de cet attentat.

Plus de trucs hardcore : 

DREW STONE A ASSISTÉ À LA NAISSANCE DU HARDCORE À BOSTON ET EN A FAIT UN FILMRevenir sur cette période où les mecs se lattaient sans être bourrés

ÇA CRIE, MAIS Y'A PAS DE HAINEKickback sont contre tout

LA PREMIÈRE INTERVIEW DE CHAIN OF STRENGTH EN 20 ANSDe la violence, des cris, mais surtout des fringues