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Monsanto va cesser la pression en faveur des OGM en Europe

Si vous n'avez pas vu les infos jeudi dernier, sachez que Monsanto, le consortium agricole transnational accusé de tant de maux, va mettre un terme à ses tentatives qui visent à faire rentrer toujours plus de cultures OGM sur le marché agricole...

Photo via Karen Eliot/Creative Commons

Si vous n'avez pas vu les infos jeudi dernier, sachez que Monsanto, le consortium agricole transnational accusé de tant de maux, va mettre un terme à ses tentatives qui visent à faire rentrer toujours plus de cultures OGM sur le marché agricole européen. Monsanto détient un seul produit OGM dont la culture a été approuvée en Europe, le maïs MON810, mais ce produit n'est pas autorisé partout. BASF Plant Science, une entreprise d'OGM plus modeste, détenue par la très grande compagnie allemande de produits chimiques BASF, détient, elle, une pomme de terre OGM dont la culture a été approuvée. C'est tout, et à l'avenir, il n'y en aura pas plus, au contraire. En tout cas, en ce qui concerne Monsanto. C'est une bonne nouvelle, mais pas parce qu'elle boute les OGM hors d'Europe.

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C'est une bonne nouvelle parce qu'elle tient hors d'Europe une entreprise-araignée largement détestée qui représente de nombreux dangers pour l'agriculture et l'avenir de la nourriture sur Terre. En pratique, Monsanto exerce une influence sans commune mesure en matière de nourriture et de sécurité alimentaire, et elle punit doublement les petits et très petits fermiers en ayant la mainmise sur les marchés agricoles mondiaux et en dictant ses propres règles. Il y a aussi les brevets d'OGM. Ces brevets sont l'un des trucs vraiment sales de la modification génétique au sens large, en ce qu'ils donnent aux fournisseurs, des boîtes comme Monsanto, la capacité de breveter la totalité d'un organisme dès lors qu'il est créé dans leurs labos. Les brevets de plantes ont près d'un siècle aux États-Unis, et ils s'appliquaient traditionnellement aux plantes hybrides, par exemple à des plantes ayant subi des modifications génétiques à l'ancienne. Mais, jusqu'à récemment, ces brevets permettaient aux fermiers de conserver leurs semences et de les réutiliser pour semer l'année suivante. Eh bien c'est terminé. On se retrouve donc avec des situations comme celle vécue à l'automne dernier, lorsque la Cour suprême des États-Unis a donné raison à Monsanto et tort à un fermier qui avait réutilisé des semences Monsanto.

Du coup, que Monsanto reste en dehors du marché agricole européen est une bonne nouvelle pour les producteurs agricoles en Europe. Mais garder les OGM au sens large hors du vieux continent ou de n'importe où, ça l'est moins, parce que les OGM en tant que tels ne sont pas mauvais, en principe. Il est important d'insister sur ce dernier point. Mettre tous les OGM dans le même grand sac n'a aucun sens en dehors du débat idéologique. (La question de savoir si on doit s'immiscer dans les codes génétiques du vivant est une question uniquement idéologique, et j'aurais tendance à répondre que « non ». Mais c'est une réponse idéologique qui n'a que peu à voir avec la question qui se pose dans l'immédiat, à savoir, la réduction de la famine dans le monde.) Les OGM sont potentiellement dangereux, c'est un fait, et face à ce danger, il faut être d'une extrême rigueur dans leur évaluation, et particulièrement alors qu'on dispose de nouvelles techniques comme l'interférence ARN.

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L'Europe est toujours le théâtre des agissements de sinistres sociétés multinationales, et Monsanto et BASF vont continuer de faire pas mal de business sur le Vieux Continent, parmi lesquels on peut noter la commercialisation de fourrage et d’aliments pour animaux produits à partir de cultures génétiquement modifiées. La puissance de Monsanto et sa mainmise sur les marchés agricoles européens n'ont pas disparu. Et de fait, cette victoire n'en est pas vraiment une. La vraie guerre n'est pas celle qui se livre contre le concept de la modification génétique des cultures, même si c'est principalement ça qu'on nous vend. La vraie guerre, c'est celle qui oppose le monde aux tout-puissants conglomérats agricoles. C'est là que se trouve le danger, dans les entreprises elles-mêmes. À mesure qu'une entreprise grandit, elle acquiert de plus en plus de poids et d'influence sur la régulation et la politique. Et c'est comme ça que des produits dangereux, OGM ou autres, arrivent sur le marché.

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