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Sports

Triompher dans les arts martiaux n'est pas si anormal que ça pour un autiste

Ethan Fineshriber est autiste et il a gagné une grande compétition de taekwondo. Mais est-il pour autant un athlète si différent des autres ?

Photo via Facebook

Habituellement, les médias s'intéressent peu aux résultats de taekwondo, sauf tous les quatre ans pendant les Jeux olympiques. Mais ça a changé, l'espace d'un temps, grâce Ethan Fineshriber qui a attiré l'attention de beaucoup de gens car il est autiste.

Diagnostiqué autiste quand il avait trois ans, Ethan a toujours eu beaucoup de mal à se faire des amis et sa mère l'a inscrit à des cours de taekwondo pour l'aider à se sociabiliser. Et sur les tatamis, Ethan s'est métamorphosé. « Le premier jour, j'ai seulement appris de nouveaux mouvements, a expliqué le jeune homme à la chaîne américaine Fox 13. Je me suis rendu compte que je pouvais les apprendre et les mémoriser, j'ai vu que je pouvais faire plus ».

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Quand il avait huit ans, Ethan rêvait de remporter un titre mondial. Trois ans plus tard, après beaucoup d'efforts et de dévouement, il a accompli son rêve avec perfection.

Les copains d'entraînement et les amis d'Ethan, se sont précipités pour le féliciter après sa grande victoire. « J'étais nerveux, j'avais peur de ne pas gagner, mais je pensais tout de même que j'avais de bonnes chances, explique le champion. Et quand les juges ont donné les notes, tout le monde autour de moi est devenu fou ».

Il est facile de comprendre pourquoi une histoire comme celle d'Ethan attire l'attention et capte l'intérêt de ceux qui ne s'intéressent pas trop aux arts martiaux habituellement. Qu'est-ce qui n'est pas intéressant dans l'histoire d'un enfant autiste qui a gagné des titres dans le sport qu'il aime ?

Le ton de la couverture médiatique, cependant, laisse beaucoup à désirer. On pourrait vous parler de la une du magazine People – ''Le seul handicap est une mauvaise attitude'' ou le gros titre de Fox – ''Un enfant autiste brise les stéréotypes et devient champion de taekwondo'' – c'est insupportable.

Il est vrai que dans certains milieux, la victoire d'Ethan a brisé certains stéréotypes, puisque habituellement on associe l'autisme à la tragédie et au malheur. Alors oui, si vous avez entendu que cette maladie est quelque chose de terrible qui détruit des vies et des familles, l'histoire d'Ethan vous laissera sans voix.

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Et si vous connaissez un peu l'autisme, vous réaliserez qu'un enfant autiste qui rencontre le succès dans le taekwondo ne rompt pas les stéréotypes mais les confirme. Les arts martiaux peuvent en effet être une solution idéale pour les personnes qui souffrent d'autisme : travailler sa concentration, apprendre à répéter des gestes, progresser et, surtout, se sociabiliser.

En fait, il existe des programmes autour des sports de combat, comme Fighting For Autism, qui a pour vocation d'aider les élèves autistes à travers les arts martiaux. Ce n'est pas si surprenant que ça puisqu'Ethan est loin d'être le premier athlète autiste à réussir dans les sports de combat. On pourrait par exemple vous parler du kickboxeur Jo Redman ou de la combattante de MMA Serena DeJesus.

Le récit simpliste de quelqu'un qui surmonte sa condition tragique pour réaliser quelque chose d'exceptionnel me dérange. Le conte de fée qui rend compte des aventures d'une personne handicapée qui dépasse les attentes pour réussir est un cliché qui a été répété de nombreuses fois.

Le plus important est que cette façon de penser nous donne une perspective intéressante. Les autistes ne réussissent pas malgré l'autisme, ni à cause de l'autisme. Les autistes réussissent avec l'autisme. Cette pathologie leur donne une combinaison de forces et de faiblesses qui peuvent permettre de gagner ou de perdre, en fonction d'autres facteurs.

Ne faudrait-il pas arrêter de faire de l'autisme une barrière dimensionnelle ? On pourrait d'ailleurs dire la même chose sur les autres pathologies neurologiques.

Si les gens, médias et autres fans de sports, pouvaient faire un effort pour surmonter leurs préjugés et penser que les athlètes handicapés pratiquent seulement une discipline sportive avec leurs forces et leurs faiblesses. Comme tous les athlètes finalement.