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La Chine veut construire une base sous-marine tout à fait futuriste

Le président Xi Jinping entend bien asseoir la domination de son pays sur la mer de Chine méridionale. Et pour cela, il est prêt à mettre les moyens.

Le plan de la Chine pour contrôler la mer de Chine méridionale a été dévoilé en partie cette semaine grâce à la découverte d'un plan de station sous-marine, qui ressemble trait pour trait à une station spatiale… dans l'eau.

La plateforme serait installée à près de 3000 mètres de profondeur dans les eaux de la mer de Chine méridionale, qui font l'objet d'âpres conflits de souveraineté. C'est un site clé pour le développement de l'exploitation minière au large de la Chine, selon une annonce du Ministre des sciences chinois récemment rapportée par Bloomberg. Des dizaines de personnes pourraient y vivre pendant des mois sans nul besoin de regagner la surface.

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On en sait encore assez peu sur le projet, mais la Chine a déjà inclus la construction d'une base océanique dans son plan économique pour les cinq années à venir. D'autre part, elle a fait une priorité absolue de l'exploitation minière des fonds sous-marins à l'horizon 2030. Jusqu'à présent, personne n'avait jamais tenté de construire une station sous-marine à cette profondeur, et dans laquelle des humains pourraient vivre pendant une si longue période de temps.

En 2012, la Chine a annoncé son intention de construire une station d'extraction minière sous-marine fonctionnant à l'énergie atomique, capable d'héberger un équipage de 33 personnes pendant deux mois. La base, située dans l'Océan Pacifique, a été conçue par le Centre de recherches océaniques chinois, et sera probablement financée par le Programme 863, un fond destiné aux projets de R&D militaires. On ne sait donc pas encore si ce projet est en lien avec la plateforme sous-marine de mer de Chine méridionale, ou s'il s'agit de deux affaires bien distinctes.

Le président Xi Jinping n'a jamais caché qu'il entendait asseoir la domination de la Chine sur le territoire maritime en question. La Chine, Taiwan, le Vietnam, la Malaisie, Brunei et les Philippines revendiquent tous leur autorité juridique et politique sur la mer de Chine méridionale, qui possède de riches ressources naturelles. En effet, selon les estimations, elle recèle l'équivalent de 11 milliards de barils de pétrole et de 5,3 milliards de mètres cube de gaz naturel, et un tiers des routes maritimes de la planète la traversent. Environ 5,3 billions de dollars du commerce mondial transitent donc par la mer de Chine méridionale chaque année.

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« Les fonds marins recèlent des trésors que l'on n'imagine même pas ; afin de les obtenir, nous devons contrôler les technologies clés qui permettront d'y accéder, de les explorer, et de les exploiter, » déclare Xi.

La Chine a développé ses recherches sur l'océan de manière très visible ces cinq dernières années. En 2012, des « explorateurs » sont descendus à 6,7 km de profondeur dans la fosse des Mariannes à bord du submersible Jiaolong. La nature de la mission était scientifique, mais seulement sur le papier. Il s'agissait surtout d'une démonstration des capacités technologiques du pays en matière d'exploration sous-marine. Au cours des cinq années à venir, la Chine veut construire deux submersibles habités et non habités capables d'aller au-delà de la zone hadale.

Des chercheurs de l'Université de l'Océan de Shanghai ont également mis au point un « laboratoire mobile » submersible capable de fonctionner à près de 4000 mètres sous la surface. Cette année, les océanographes chinois de l'Administration des océans chinoise ont l'intention de lancer un projet d'exploration des fonds marins en Antarctique.

Il est fort probable que la Chine utilisera sa plateforme à la fois à des fins industrielles et militaires. Le pays s'est longtemps opposé à la liberté de navigation et à la présence de militaires étrangers dans sa zone économique exclusive ; le gouvernement fait valoir que le droit international interdit aux gouvernements d'y mener des activités de renseignement.

La Chine a dévoilé récemment son projet de « Grand Mur de Chine sous-marin, » un réseau de capteurs capables de détecter les sous-marins américains et russes. Avec sa nouvelle base en sus, elle pourra mettre au point un système de surveillance de masse sous la mer de Chine méridionale.

« Le projet de la Chine est orienté vers des applications civiles, mais nous ne pouvons pas exclure qu'il pourrait revêtir, à terme, certaines fonctions militaires, » explique Xu Liping, chercheur en sciences politiques à l'Académie chinoise des sciences sociales, à Bloomberg. « De nombreux pays dans le monde ont envisagé ce genre de projet, et la Chine, enfin, le met en œuvre. »

La China Shipbuilding Industry Corporation sera responsable du projet, selon un communiqué du ministère des sciences chinois. On ne sait pas encore combien il va coûter, mais la fréquence des affrontements en mer de Chine méridionale devrait faire augmenter le budget de défense du pays de 146 milliards à 233 milliards de dollars d'ici 2020.