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Google veut équiper ses voitures de papier tue-mouche pour êtres humains

Pour éviter à ses voitures autonomes de tuer des piétons, Google pense à les recouvrir de matière adhésive afin que leurs victimes restent collées au capot. Et a fait breveter l’invention.

Nous sommes en 2016. SpaceX fait atterrir des fusées sur des barges commandées par des drones, Curiosity nous envoie des films de vacances de Mars, l'Hyperloop est tout sauf une blague et l'Oculus Rift est en vente à la Fnac. Dans le paradigme technologique qui nous gouverne, Google est probablement l'entité non-gouvernementale la plus puissante du monde, capable de prouesses aussi miraculeuses que de créer des voitures sans conducteur, de concevoir des maisons connectées et de se lancer sérieusement dans la lutte contre la mort. Alors, quand un conglomérat qui pèse en 2016 74 milliards de dollars et possède le plus grand stock de génies de l'espèce humaine s'attaque à la sécurité routière, on peut légitimement s'attendre à une révolution. Pour cette fois, on repassera : en 2014, Google a inventé le papier tue-mouches pour être humain. Un produit d'une extraordinaire complexité, breveté depuis hier par le gouvernement américain.

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L'idée de départ, soumise à brevet en 2014, est si évidente qu'elle frôle l'indécence : bien que les Google Cars, totalement autonomes, soient extraordinairement fiables – 11 accidents mineurs en 6 ans et 2,7 millions de kilomètres, de quoi exiger le bonus du siècle à son assureur-, le risque de percuter un piéton existera toujours. Comment, dans ce cas, minimiser au maximum le risque de collision mortelle ? « Attendez », s'est alors exclamé l'un des brillantissimes cerveaux de la firme – ou son enfant, présent on ne sait trop pourquoi à la réunion de travail -, « et si on couvrait le capot de la voiture d'une couche d'adhésif hyper-puissant ? Comme ça, quand elle percutera un cycliste ou un piéton, il y restera collé plutôt que de lui passer par-dessus ! » Eurêka, la sérendipité a encore frappé. Reste qu'aussi absurde que le concept puisse paraître, il se base pourtant sur une réalité, explique Google dans son brevet : lors d'un accident, le choc le plus souvent mortel n'est pas celui entre le corps du piéton –le plus souvent, les jambes- et le capot d'une voiture mais bien le second impact, lorsque le piéton retombe sur le sol après être passé au-dessus de la voiture, ou lorsque le conducteur freine brutalement et éjecte sa victime restée sur le capot. D'un point de vue strictement physique, détaille Gizmodo, maintenir la victime engluée sur la carrosserie aurait donc de bonnes chances de sauver des vies.

La dernière d'une série d'idées farfelues

Une bonne idée théorique, qui doit encore néanmoins subir l'épreuve de la réalité. Et résoudre quelques évidents soucis pratiques. Premièrement, comment faire pour créer une voiture recouverte de scotch double-face sans se retrouver en quelques jours avec tout ce que les villes comptent d'insectes, de volatiles et de petites animaux sur la carrosserie ? Sur ce point le brevet de Google offre une solution, qui consiste en une sorte de carapace protectrice qui exploserait instantanément au moment de l'impact. Second problème, non résolu cette fois : Comment éviter qu'un des membres du piéton englué dans une position absurde ne se retrouve à traîner sur le sol après l'impact ou pire, ne passe carrément sous la voiture ? Qu'arriverait-il si la voiture heurtait d'abord un piéton, le collait à son capot, puis terminait sa course dans un mur ?

A la manière de l'airbag, qui sauve des vies aussi efficacement qu'il brise des nuques, la solution imaginée par Google crée donc ses propres problèmes, d'autant que le brevet ne précise pas après combien de temps le piéton peut espérer se libérer de la plaque adhésive. D'un autre côté, poursuit Gizmodo, ce concept de victime engluée permettrait peut-être de diminuer le nombre de délits de fuite, qui demanderaient soudainement beaucoup plus d'efforts aux conducteurs. En terme de sécurité automobile, Google n'a néanmoins pas le monopole des idées farfelues. Et certaines d'entre elles franchissent même l'étape de la commercialisation. Ainsi du système de capot explosif de Jaguar, sorti en 2006, qui prévoit d'augmenter l'angle d'inclinaison du capot lors d'une collision pour accueillir plus souplement la tête du malheureux. Ou du système monté sur la Volvo V40, imaginé en 2013, qui déploie un airbag extérieur sur le capot en cas d'impact. Qu'on se rassure, comme l'a expliqué un porte-parole de Google à Mercury News, l'existence d'un brevet ne signifie absolument pas la concrétisation imminente du concept. Et peut-être que Google, entre temps, trouvera un truc un peu moins artisanal pour éviter à ses voitures autonomes de semer la mort dans les grands centres urbains.