Prenez par exemple CCBill, l'un des services de paiement les plus populaires sur les sites pour adultes. La section 3 des Conditions générales d'utilisation explique en pas moins de trente-sept points quels types de contenus peuvent engager une violation du règlement de CCBill. Le sixième point en particulier, glissé entre la proscription de la pédopornographie et celle de la zoophilie, pourrait faire réagir les réalisateurs de vanilla porn les plus consensuels :"C'est ça, le monde sauvage et dépravé du porno."
À première vue, cette règle semble tout à fait légitime. Qui aurait envie de défendre le meurtre et la scatologie ? Mais comme toujours, le diable est dans les détails. Et dans le cas présent, les détails empêchent un grand nombre de sites de publier du kink (pas si sulfureux que ça d'ailleurs) montrant des menstruations, les douches dorées, et même de la cire chaude de couleur rouge.Avant de rentrer dans les détails de tous les fantasmes pervers auxquels vous n'avez pas accès à cause des services de paiement, il faut bien noter une chose : ce ne sont pas ces services eux-mêmes qui sont en cause ici. Tout ce que fait CCBill (et Epoch, et tout service de paiement dédié aux sites pornographiques d'ailleurs) consiste à appliquer les vagues directives données par Visa et MasterCard. Et c'est parce que ces directives sont particulièrement floues que les producteurs de porno sont frustrés et confus.À cause des ambiguïtés du règlement, de nombreux producteurs ne réalisent même pas qu'ils commettent une infraction avant de recevoir un avertissement de leur service de paiement leur demande de retirer le contenu concerné. Et parfois, le motif d'infraction peut être franchement déconcertant. Colin Rowntree, le fondateur du site BDSM hardcore Wasteland.com, explique que son site « ne peut plus utiliser de bougies rouges pour les scènes utilisant de la cire » depuis que le service de paiement de Wasteland estime que la cire rouge rappelle l'aspect du sang.« La publication, l'affichage d'une image ou d'un intitulé illustrant des liens avec l'extrême violence, l'inceste, la pornographie snuff, la scatologie, l'élimination de déchets organiques sur autrui, la mutilation, le viol, à tout endroit du site web, suggéré de manière sexuelle ou érotique et incluant les URL et les tags. »
Et si le fantasme de Darling ne vous fait pas envie, peut-être que cela vous plaira davantage : à tout moment, un service de paiement peut mettre à jour ses conditions d'utilisation afin de bannir les pratiques qui vous plaisent.Aussi longtemps que les cartes de crédit seront le principal moyen d'acheter des produits en ligne, Visa et MasterCard profiteront de leur position de monopole pour exercer leur pouvoir sur les productions pornographiques dans le monde entier. Alors à moins que les bitcoins (ou toute autre monnaie virtuelle peu régulée) ne décollent, les banques continueront de modeler discrètement le paysage pornographique, définissant quelles pratiques sexuelles sont acceptables et quelles pratiques ne le sont pas. Qu'on le veuille ou non.« Un mec et une nana sont en train de se chauffer, tout timides, ils n'ont jamais fait de trucs ensemble avant, l'excitation et la tension sexuelle sont palpables. Ils prennent leur temps, sont de plus en plus entreprenants. Le mec, gentleman, commence à glisser sa main dans la culotte de fille. Elle se fige et retire sa main. Elle lui explique que ce n'est pas la bonne période du mois, puis suggère 'laisse-moi m'occuper de toi'. Le garçon insiste, dit qu'il pense que tout ce qui arrive au corps de sa compagne fait partie du plaisir, et que le sang, en petite ou grosse quantité, l'indiffère. Il promet que si elle veut seulement faire ce qu'elle a évoqué plus tôt, il sera heureux de la laisser faire et de respecter ses limites, mais que si elle change d'avis, il s'empressera de lui donner le plus de plaisir possible. Tâche à laquelle il s'attelle. Il s'ensuit une scène avec des doigts couvert de sang, un cunnilingus, une pénétration hardcore tout à fait divine. Les partenaires passent un excellent moment. La scène se termine dans la douche. Le garçon jouit, puis il continue de donner du plaisir à sa partenaire pendant plusieurs minutes avec ses mains et la pomme de douche, jusqu'à l'orgasme. Enfin la caméra zoome sur les volutes de sang qui glissent sur le sol de la douche. Je pense que cette scène serait particulièrement cool parce qu'elle s'attaque à la honte que beaucoup de femmes ressente lorsqu'elles ont leurs règles, et montre qu'une vie sexuelle heureuse et saine peut parfaitement prendre en compte toutes les choses du corps, sans en faire une opportunité supplémentaire de refuser un moment gratifiant aux femmes. Pour moi il est important que cette scène ne se termine pas sur une éjaculation masculine ; j'en ai marre que l'orgasme masculin définisse ce qu'est un rapport sexuel. La scène doit se terminer parce qu'elle est satisfaisante, qu'il n'y a plus rien à montrer, pas parce que le mec a joui.