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Nous aurions largement sous-estimé l’élévation du niveau des océans

Environ 71% de la surface terrestre est couverte d’eau, ce qui ne facilite pas vraiment les mesures et les prédictions sur l’élévation du niveau des mers. Dans certaines zones, nous l'aurions sous-estimée de 28%.

Environ 71% de la surface terrestre est couverte d'eau, ce qui ne facilite pas vraiment les mesures et les prédictions sur l'élévation du niveau des mers. Les scientifiques pensaient jusqu'ici que leurs données sur le 20e siècle (une élévation de 1,5 centimètres par décennie depuis 1900 selon la NOAA), étaient fiables, et qu'on pouvait les expliquer en partie par le réchauffement des océans.

Mais une nouvelle étude, publiée ce mois-ci dans Geophysical Research Letters, a mis en évidence que ces données historiques étaient probablement très approximatives—voire complètement fausses—au point que la montée des eaux aurait été sous-estimée de 5 à 28%. L'article conclue que l'élévation du niveau global des mers aurait été de 14 centimètres au grand minimum, et aurait pu atteindre les 17 centimètres.

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La raison de cet écart de mesure est à attribuer aux chercheurs en géosciences du Jet Propulsion Laboratory de la NASA et de l'Université d'Hawaii à Manoa. En comparant les modèles climatiques les plus récents avec les données historiques, l'équipe a découvert que les marégraphes côtiers n'étaient pas aussi précis que ce que l'on pensait. En outre, ces jauges, situées sur plus d'une douzaine de sites dans l'hémisphère Nord, nous ont fourni des mesures de base pour estimer les variations du niveau de la mer au cours des dernières décennies.

« Ce n'est pas que les instruments dont nous disposons fonctionnent mal ou que les données collectées sont fausses. C'est seulement que, pour de nombreuses raisons, le niveau de la mer ne varie pas de manière homogène. En fonction des sites, il monte plus ou moins vite, » explique Philip Thompson, auteur principal de l'étude et directeur associé du Sea Level Center de l'Université de Hawaii.

« Il se trouve que nos archives marégraphiques les plus complètes étaient situées dans des zones où l'élévation du niveau de la mer était probablement inférieure à la moyenne globale. »

Les marégraphes côtiers mesurent le niveau de la mer par rapport à un point fixe situé sur la terre. Ils sont souvent placés sur des piliers et mesurent souvent d'autres variables telles que la pression barométrique et la vitesse du vent, qui peuvent avoir un impact sur l'évolution du niveau des eaux.

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Ici, le problème, c'est l'emplacement de ces instruments. Selon l'étude, la plupart étaient situés dans l'Hémisphère nord, c'est-à-dire là où la fonte des glaces a été la plus rapide et la plus importante au siècle dernier. Le différentiel de la fonte des glaces en Arctique et en Antarctique étonne d'ailleurs les chercheurs depuis plusieurs années, même si plusieurs théories ont été avancées pour expliquer ces disparités.

GIF: YouTube/NASA Goddard

L'étude montre également que les effets de la fonte des glaces sont les plus fortement ressentis dans les régions les plus éloignées du phénomène. Selon InsideClimate News, la fonte des glaces dans l'hémisphère Nord fait avant tout monter le niveau des mers du « sud de l'océan Pacifique et des régions équatoriales. »

Les chercheurs ont également examiné d'autres facteurs pouvant permettre de comprendre ces disparités. Les observations effectuées en Chine, par exemple, peuvent différer de celles effectuées aux États-Unis ou en Afrique. Selon la NASA, des facteurs comme les marées, les vents, les courants océaniques et la gravité expliquent que le niveau global des océans n'augmente pas de manière uniforme comme dans un lavabo.

« Il est très important de comprendre ce phénomène. Si l'on omet de prendre en compte l'influence de certaines variables sur les courants océaniques, nous pourrions faire de graves erreurs dans nos prédictions, » ajoute Thompson. « Ces résultats nous poussent à réévaluer l'élévation minimum du niveau des mers au cours du siècle précédent. »

L'année 2016 continue de battre de tristes records atmosphériques et environnementaux. Chaque mois, de nouveaux records de températuresont été battus. La NASA a observé que la glace estivale couvrait désormais une surface 40% moins importante qu'il y a 30 ans. Et si la calotte glaciaire continue de fondre à l'ouest de l'Antarctique, l'élévation du niveau des océans pourrait atteindre les 3,6 mètres, assez pour rayer de la carte de nombreuses villes côtières.

Thompson laisse entendre qu'il faut prendre ces résultats avec précaution, et attendre qu'ils soient confirmés par de nouvelles études. La climatologie est, comme toutes les autres disciplines scientifiques, éminemment imparfaite, et les chercheurs apprennent constamment de leurs erreurs. Même s'il est difficile de faire des estimations fiables à long terme, il n'en est pas moins que nous devrons bientôt faire face à un phénomène qui pourrait s'avérer cataclysmique pour l'espèce humaine.