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Les abeilles savent communiquer leurs émotions et transmettre leur savoir

Les abeilles sont bien plus que des petites machines à butiner et possèdent des capacités cognitives complexes.
Image: Pexels

Pour des créatures dont le cerveau fait la taille d'une graine de sésame, les abeilles sont plutôt malignes.

« Nous savions que les abeilles avaient des capacités cognitives stupéfiantes, » explique Clint J. Perry, chercheur en neuroéthologie cognitive à l'Université Queen Mary à Londres. « Elles peuvent compter jusqu'à quatre. Elles peuvent également s'orienter dans des environnements extrêmement complexes, et possèdent des préférences pour tel ou tel type de fleurs, dont elles mémorisent les caractéristiques. Enfin, elles sont capables de manifester différents types d'émotions. »

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Grâce aux recherches de Perry publiées dans PLOS Biology cette semaine, nous savons désormais que les abeilles peuvent également acquérir de nouvelles aptitudes en observant leurs congénères. C'est ce que Perry et son équipe ont découvert après avoir induit un comportement nouveau chez une abeille : tirer sur une chaîne afin de libérer un disque sous plexiglass et d'accéder au nectar qu'il renferme.

Les chercheurs ont appris l'abeille à réaliser cette tâche grâce à une méthode en quatre étapes, qui nécessitait environ 5 heures d'apprentissage. (Perry précise qu'il ne s'agissait pas d'une unique session de 5 heures, mais d'une suite d'exercices interrompus pour que l'abeille puisse se reposer, se nourrir, etc.)

Ce diagramme montre comment les abeilles ont appris cette nouvelle capacité en acquérant progressivement la maitrise de tâches de plus en plus difficiles, et le temps qu'il leur aura fallu pour accéder au nectar à chaque étape. Image: PLOS Biology

Comme si le fait que les abeilles étaient capables de maitriser une nouvelle compétence en un temps aussi court n'était pas assez remarquable, ces petits animaux ont décidé de nous émerveiller davantage en exhibant aux chercheurs leur capacité à transmettre cette compétence au reste de la ruche.

Pour tester cette faculté, les chercheurs ont employé deux méthodes. Tout d'abord, une abeille « observatrice » a été placée dans une alvéole près d'une ouvrière aguerrie capable de manipuler les disques de plexiglas. L'observatrice a regardé sa collègue réaliser la tâche à plusieurs reprises. Les résultats de l'expérience montrent qu'après seulement dix sessions d'observation, les abeilles étudiantes étaient capables de réaliser la tâche d'elles-mêmes en moins de cinq minutes, dans 60% des cas.

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Avec la seconde méthode, les chercheurs se sont contentés de mettre en contact des abeilles ignorantes et des abeilles instruites, et de les laisser interagir librement. Cela a pris du temps, mais les secondes ont finalement appris aux premières à libérer le nectar de son piège en tirant sur la chainette. Les abeilles initiées sont alors elles-mêmes devenues des abeilles instructrices.

« En fait, dans l'une des colonies, la seule abeille entrainée par les humains est morte au bout de sept jours, » explique Perry. « Cependant, la transmission du comportement acquis s'est poursuivie après sa mort, d'abeille en abeille, de génération en génération. »

Ces recherches ont un intérêt double. D'une part, elles montrent que certains mécanismes d'apprentissage que nous estimons complexes sont en fait assez simples, et peuvent être acquis facilement par de tous petits animaux.

Elles montrent également qu'il n'est pas nécessaire de posséder un gros cerveau pour mettre en œuvre des comportements raffinés et efficaces. Quand j'ai suggéré à Perry d'entrainer des abeilles à étendre notre linge, il a ri, tout en ajoutant que ce scénario n'était pas si irréaliste que cela. En outre, il espèce que son travail aidera le public à apprécier et admirer l'intelligence des insectes.

« Le déclin des abeilles, bourdons et autres pollinisateurs devrait nous préoccuper davantage, » déclare Perry. « Nous espérons que le public verra les abeilles et les insectes en général sous un jour nouveau. Elles sont bien plus que des petites machines à butiner, et possèdent des capacités cognitives complexes. Si les gens commençaient à les percevoir comme des individus à part entière possédant une mémoire, des goûts, une personnalité, et non comme une simple nuisance, peut-être qu'ils seraient enclins à participer à leur conservation. »