A chacun sa manière de se dépasser, de se transcender. Quand le commun des mortels pense devenir un autre homme en arrêtant la clope ou en tenant ses 50 pompes quotidiennes plus d’une semaine, Kilian Jornet se lance dans des projets un chouïa plus ambitieux. Le coureur des bois espagnol vient tout simplement de boucler la boucle d’un programme monstrueux initié en 2012 et baptisé « The summit of my life ». Le principe : battre les records d’ascension des plus hauts sommets de chaque continent. A savoir, dans l’ordre, le mont Blanc, le Cervin, le Mac Kinley, l’Aconcagua, le Kilimandjaro… et bien sûr l’Everest.
Kilian Jornet en a donc fini avec ce projet en gravissant l’Everest en 26 heures seulement. Concrètement, cela signifie qu’il a atteint les 8 848 mètres d’altitude sans oxygène, sans assistance, sans recourir aux cordes fixes qui jalonnent le parcours, le tout avec un matériel minimaliste, en passant par le versant nord, côté tibétain. Kilian Jornet est parti de l’ancien monastère de Rongbuck, son camp de base situé à 5100m d’altitude.
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Il était de retour à son camp avancé, à 6 500m d’altitude, ce lundi 22 mai à midi heure locale. « Je me sentais bien jusqu’à 7 700m, conformément à mes prévisions, puis j’ai commencé à avoir des maux d’estomac, sans doute dus à un virus. A partir de là, j’ai avancé doucement, m’arrêtant régulièrement. Ce qui ne m’a pas empêché d’atteindre le sommet à minuit dans la nuit de dimanche à lundi », a expliqué Kilian Jornet à son arrivée.
Le roi de l’ultra-trail a déclenché son chronomètre à partir du dernier lieu habité. Il avait donc 3 800m de dénivelé positif devant lui sur un parcours composé de 30km de moraines et des parties où la pente se cabre jusqu’à 50 degrés. Si l’exploit ne peut pas être qualifié de record, car personne n’avait tenté le coup jusque là mais aussi car Kilian Jornet n’a finalement pas fait le retour jusqu’à son camp de base du monastère de Rongbuck à cause de ses maux d’estomac, la performance est impressionnante. D’autres alpinistes ont déjà atteint le toit du monde en moins de temps par le passé, mais ils sont tous passés par la voie népalaise. Le Français Marc Batard s’était distingué en 1988 en devenant le premier homme à passer sous la barre des 24 heures, un record largement battu depuis puisque le sherpa Pemba Dorji avait conclu l’ascension en 8 heures et 10 minutes en mai 2004 en partant de 5 364m d’altitude.