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Culture

Les punks sont les pères de famille les plus chiants au monde

Vous avez déjà fait ce rêve ? Un quadra propriétaire d'un pavillon dans le Val de Marne s'assied à côté de vous dans l’avion, se met à vous déballer ô combien il aime ses enfants, vous montre une série de 50 photos de son été en famille puis 20 putains...

Vous avez déjà fait ce rêve ? Un quadra propriétaire d'un pavillon dans le Val de Marne s'assied à côté de vous dans l’avion, se met à vous déballer ô combien il aime ses enfants, vous montre une série de 50 photos de son été en famille puis 20 putains de vidéos de son ptit loup, le tout sur son iPad flambant neuf ? Jamais ? Sérieux ? De fait, vous risquez de vraiment vous faire chier en matant

The Other F Word

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. Ce documentaire d’une heure et demie sur les punks californiens aujourd'hui pères de famille est incroyablement banal : les histoires que racontent ces stars du punk rock à propos de leurs pères absents, de leurs traumatismes d'enfance et des morts accidentelles de leurs proches sont chiantes au possible. Si vous voulez assister à une vraie thérapie de groupe, économisez votre thune et allez voir les alcoolos anonymes.

Même si de vieilles connaissances apparaissent à l’écran – Ron Reyes de Black Flag, Brett Gurewitz de Bad Religion, Mark Mothersbaugh de Devo et Flea – The Other F Word préfère systématiquement proposer une vision

Emily Strange

du punk plutôt qu’une vision punk du punk. Le truc qu'on entend dans la bande-annonce est un morceau autotuné d’Against Me qui parle de la nostalgie de l’adolescence, pendant qu’apparaissent à l’écran Jim Lindberg, frontman de Pennywise, Art Alexakis d’Everclear, et le mec de Rise Against. Le punk en tant que rébellion contre l’autorité, ou comme moyen de militer pour des changements sociaux est totalement éludé, de même que les contextes politiques, économiques, historiques ou même musicaux – la guerre du Vietnam et Nixon sont brièvement évoqués en tant que

trucs pas cools

. À la place, le documentaire nous offre un traitement à la Mireille Dumas, en présentant la paternité comme un moyen pour ces hommes blessés de se lancer dans une thérapie tardive – à savoir : devenir ces pères qu’ils n’ont jamais eus. Selon le docu, le punk est apparu parce que des gosses cherchaient à se rebeller contre leurs parents.

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Vous avez déjà fait ce rêve ? Un quadra propriétaire d'un pavillon dans le Val de Marne s'assied à côté de vous dans l’avion, se met à vous déballer ô combien il aime ses enfants, vous montre une série de 50 photos de son été en famille puis 20 putains de vidéos de son ptit loup, le tout sur son iPad flambant neuf ? Jamais ? Sérieux ? De fait, vous risquez de vraiment vous faire chier en matant

The Other F Word

. Ce documentaire d’une heure et demie sur les punks californiens aujourd'hui pères de famille est incroyablement banal : les histoires que racontent ces stars du punk rock à propos de leurs pères absents, de leurs traumatismes d'enfance et des morts accidentelles de leurs proches sont chiantes au possible. Si vous voulez assister à une vraie thérapie de groupe, économisez votre thune et allez voir les alcoolos anonymes.



Même si de vieilles connaissances apparaissent à l’écran – Ron Reyes de Black Flag, Brett Gurewitz de Bad Religion, Mark Mothersbaugh de Devo et Flea – The Other F Word préfère systématiquement proposer une vision

Emily Strange

du punk plutôt qu’une vision punk du punk. Le truc qu'on entend dans la bande-annonce est un morceau autotuné d’Against Me qui parle de la nostalgie de l’adolescence, pendant qu’apparaissent à l’écran Jim Lindberg, frontman de Pennywise, Art Alexakis d’Everclear, et le mec de Rise Against. Le punk en tant que rébellion contre l’autorité, ou comme moyen de militer pour des changements sociaux est totalement éludé, de même que les contextes politiques, économiques, historiques ou même musicaux – la guerre du Vietnam et Nixon sont brièvement évoqués en tant que

trucs pas cools

. À la place, le documentaire nous offre un traitement à la Mireille Dumas, en présentant la paternité comme un moyen pour ces hommes blessés de se lancer dans une thérapie tardive – à savoir : devenir ces pères qu’ils n’ont jamais eus. Selon le docu, le punk est apparu parce que des gosses cherchaient à se rebeller contre leurs parents.




Art Alexakis, dans The Other F Word.

Pendant les deux premiers tiers, on n’assiste qu’à des interviews de baby-boomers punks assis dans leur canapé, avec leurs familles, à l'intérieur de leurs pavetards de banlieue (sans surprise, Flea et le mec de Blink 182 ont les plus grosses baraques), ou plus ridicule, dans leurs monospaces géants. L’équipe a aussi suivi Jim Lindberg lors d'une tournée de sept mois avec Pennywise, durant laquelle le chanteur parle avec sa famille sur Skype quand il n’est pas en train de remercier une association caritative ou de se teindre le bouc dans la salle de bain d’un hôtel Formule 1. Dans la dernière partie, le film part dans le pathos dégoulinant de bons sentiments : Flea, Art Alexakis, Fat Mike et Tony Caden évoquent amèrement le fait d’avoir été négligés par leurs parents. Duane Peters, pour sa part, raconte la mort de son fils dans un accident de voiture. Il est bien entendu plus questions de ballades acoustiques que de guitares saturées.



C’est assez difficile de comprendre où

The Other F Word

veut en venir. Le documentaire ne révèle pas grand chose sur comment être un bon père, mis à part que c’est

important

dans la vie. Il vous laisse aussi contempler des scènes surréalistes où des types avec des tatouages dans le cou se bidonnent avec leurs gamins. Fat Mike de NOFX lâche des grosses caisses dans sa bagnole en amenant sa fille à l’école, qui elle, a l’air gênée comme c'est pas permis. Le mec de Rise Against sort sa guitare sèche et force sa fille à chanter l'un de ses morceaux, elle qui était tranquillement en train de glander devant l’ordinateur. Josh Freese, ex-batteur des Vandals et de Suicidal Tendencies, joue au frisbee avec ses enfants, le frisbee en question étant une couche pleine de merde. La caméra tente de rendre ces moments

touchants et complices

, mais comme pour tous les films qui mettent en scène le personnage famille, on a surtout envie de se tirer une balle dans la tête.




Le mec de Rise Against force sa fille à chanter ses propres morceaux.

Quand Lars Frederiksen de Rancid amène sa fille au parc en pantalon bondage et T-shirt « I HATE PEOPLE », les réalisateurs s’attendaient sûrement à ce que le public trouve ça « humain » : genre, « regardez ce monstre punk qui joue gentiment avec sa fille ! Il est comme vous et moi. » Le problème, c’est que ça fait longtemps que les punks ne sont plus synonymes de déchets humains subventionnés par le RSA. Les enfants, les sportifs, les agents immobiliers, même les flics se sapent « punk » de nos jours. Personne n’a plus peur d’un type bedonnant avec une crête verte en train de pousser son gosse dans la rue. C'est complètement normal. Est-ce que les vieux punks méritent une médaille pour passer du temps avec leur gamin ? Sérieux, qui en a quelque chose à foutre ?

Art Alexakis, dans The Other F Word.

Pendant les deux premiers tiers, on n’assiste qu’à des interviews de baby-boomers punks assis dans leur canapé, avec leurs familles, à l'intérieur de leurs pavetards de banlieue (sans surprise, Flea et le mec de Blink 182 ont les plus grosses baraques), ou plus ridicule, dans leurs monospaces géants. L’équipe a aussi suivi Jim Lindberg lors d'une tournée de sept mois avec Pennywise, durant laquelle le chanteur parle avec sa famille sur Skype quand il n’est pas en train de remercier une association caritative ou de se teindre le bouc dans la salle de bain d’un hôtel Formule 1. Dans la dernière partie, le film part dans le pathos dégoulinant de bons sentiments : Flea, Art Alexakis, Fat Mike et Tony Caden évoquent amèrement le fait d’avoir été négligés par leurs parents. Duane Peters, pour sa part, raconte la mort de son fils dans un accident de voiture. Il est bien entendu plus questions de ballades acoustiques que de guitares saturées.

C’est assez difficile de comprendre où

The Other F Word

veut en venir. Le documentaire ne révèle pas grand chose sur comment être un bon père, mis à part que c’est

important

dans la vie. Il vous laisse aussi contempler des scènes surréalistes où des types avec des tatouages dans le cou se bidonnent avec leurs gamins. Fat Mike de NOFX lâche des grosses caisses dans sa bagnole en amenant sa fille à l’école, qui elle, a l’air gênée comme c'est pas permis. Le mec de Rise Against sort sa guitare sèche et force sa fille à chanter l'un de ses morceaux, elle qui était tranquillement en train de glander devant l’ordinateur. Josh Freese, ex-batteur des Vandals et de Suicidal Tendencies, joue au frisbee avec ses enfants, le frisbee en question étant une couche pleine de merde. La caméra tente de rendre ces moments

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touchants et complices

, mais comme pour tous les films qui mettent en scène le personnage famille, on a surtout envie de se tirer une balle dans la tête.



Vous avez déjà fait ce rêve ? Un quadra propriétaire d'un pavillon dans le Val de Marne s'assied à côté de vous dans l’avion, se met à vous déballer ô combien il aime ses enfants, vous montre une série de 50 photos de son été en famille puis 20 putains de vidéos de son ptit loup, le tout sur son iPad flambant neuf ? Jamais ? Sérieux ? De fait, vous risquez de vraiment vous faire chier en matant

The Other F Word

. Ce documentaire d’une heure et demie sur les punks californiens aujourd'hui pères de famille est incroyablement banal : les histoires que racontent ces stars du punk rock à propos de leurs pères absents, de leurs traumatismes d'enfance et des morts accidentelles de leurs proches sont chiantes au possible. Si vous voulez assister à une vraie thérapie de groupe, économisez votre thune et allez voir les alcoolos anonymes.



Même si de vieilles connaissances apparaissent à l’écran – Ron Reyes de Black Flag, Brett Gurewitz de Bad Religion, Mark Mothersbaugh de Devo et Flea – The Other F Word préfère systématiquement proposer une vision

Emily Strange

du punk plutôt qu’une vision punk du punk. Le truc qu'on entend dans la bande-annonce est un morceau autotuné d’Against Me qui parle de la nostalgie de l’adolescence, pendant qu’apparaissent à l’écran Jim Lindberg, frontman de Pennywise, Art Alexakis d’Everclear, et le mec de Rise Against. Le punk en tant que rébellion contre l’autorité, ou comme moyen de militer pour des changements sociaux est totalement éludé, de même que les contextes politiques, économiques, historiques ou même musicaux – la guerre du Vietnam et Nixon sont brièvement évoqués en tant que

trucs pas cools

. À la place, le documentaire nous offre un traitement à la Mireille Dumas, en présentant la paternité comme un moyen pour ces hommes blessés de se lancer dans une thérapie tardive – à savoir : devenir ces pères qu’ils n’ont jamais eus. Selon le docu, le punk est apparu parce que des gosses cherchaient à se rebeller contre leurs parents.




Art Alexakis, dans The Other F Word.

Pendant les deux premiers tiers, on n’assiste qu’à des interviews de baby-boomers punks assis dans leur canapé, avec leurs familles, à l'intérieur de leurs pavetards de banlieue (sans surprise, Flea et le mec de Blink 182 ont les plus grosses baraques), ou plus ridicule, dans leurs monospaces géants. L’équipe a aussi suivi Jim Lindberg lors d'une tournée de sept mois avec Pennywise, durant laquelle le chanteur parle avec sa famille sur Skype quand il n’est pas en train de remercier une association caritative ou de se teindre le bouc dans la salle de bain d’un hôtel Formule 1. Dans la dernière partie, le film part dans le pathos dégoulinant de bons sentiments : Flea, Art Alexakis, Fat Mike et Tony Caden évoquent amèrement le fait d’avoir été négligés par leurs parents. Duane Peters, pour sa part, raconte la mort de son fils dans un accident de voiture. Il est bien entendu plus questions de ballades acoustiques que de guitares saturées.



C’est assez difficile de comprendre où

The Other F Word

veut en venir. Le documentaire ne révèle pas grand chose sur comment être un bon père, mis à part que c’est

important

dans la vie. Il vous laisse aussi contempler des scènes surréalistes où des types avec des tatouages dans le cou se bidonnent avec leurs gamins. Fat Mike de NOFX lâche des grosses caisses dans sa bagnole en amenant sa fille à l’école, qui elle, a l’air gênée comme c'est pas permis. Le mec de Rise Against sort sa guitare sèche et force sa fille à chanter l'un de ses morceaux, elle qui était tranquillement en train de glander devant l’ordinateur. Josh Freese, ex-batteur des Vandals et de Suicidal Tendencies, joue au frisbee avec ses enfants, le frisbee en question étant une couche pleine de merde. La caméra tente de rendre ces moments

touchants et complices

, mais comme pour tous les films qui mettent en scène le personnage famille, on a surtout envie de se tirer une balle dans la tête.




Le mec de Rise Against force sa fille à chanter ses propres morceaux.

Quand Lars Frederiksen de Rancid amène sa fille au parc en pantalon bondage et T-shirt « I HATE PEOPLE », les réalisateurs s’attendaient sûrement à ce que le public trouve ça « humain » : genre, « regardez ce monstre punk qui joue gentiment avec sa fille ! Il est comme vous et moi. » Le problème, c’est que ça fait longtemps que les punks ne sont plus synonymes de déchets humains subventionnés par le RSA. Les enfants, les sportifs, les agents immobiliers, même les flics se sapent « punk » de nos jours. Personne n’a plus peur d’un type bedonnant avec une crête verte en train de pousser son gosse dans la rue. C'est complètement normal. Est-ce que les vieux punks méritent une médaille pour passer du temps avec leur gamin ? Sérieux, qui en a quelque chose à foutre ?

Le mec de Rise Against force sa fille à chanter ses propres morceaux.

Quand Lars Frederiksen de Rancid amène sa fille au parc en pantalon bondage et T-shirt « I HATE PEOPLE », les réalisateurs s’attendaient sûrement à ce que le public trouve ça « humain » : genre, « regardez ce monstre punk qui joue gentiment avec sa fille ! Il est comme vous et moi. » Le problème, c’est que ça fait longtemps que les punks ne sont plus synonymes de déchets humains subventionnés par le RSA. Les enfants, les sportifs, les agents immobiliers, même les flics se sapent « punk » de nos jours. Personne n’a plus peur d’un type bedonnant avec une crête verte en train de pousser son gosse dans la rue. C'est complètement normal. Est-ce que les vieux punks méritent une médaille pour passer du temps avec leur gamin ? Sérieux, qui en a quelque chose à foutre ?