FYI.

This story is over 5 years old.

Stuff

Mes parents sont des thésauriseurs

Mes parents ne jettent jamais rien. Je n’avais pas réalisé ça quand j’étais gamin, ni quand je suis parti à la fac, ou même des années après mon diplôme.

Mes parents ne jettent jamais rien. Je n’avais pas réalisé ça quand j’étais gamin, ni quand je suis parti à la fac, ou même des années après mon diplôme. Je l’ai simplement remarqué le week-end dernier, quand ils m’ont forcé à ranger le sous-sol. La maison de mes parents, celle où j’ai grandi, est en pleine rénovation et du coup, ils ont foutu une grosse poubelle devant l’entrée. J’étais supposé balancer tout ce qui ne servait à rien et qui prenait de la place dedans. Mais, avant de vider les piles de tiroirs recouverts de poussière et de toiles d’araignée, j’ai examiné tous les artefacts de ma jeunesse qu’ils contenaient. Je n’ai trouvé aucune trace de « swag. » Non, juste des saloperies qui trainent dans le coin depuis pas mal de temps. Voici une sélection des objets que mes parents ont conservé, sachant à quel point ils étaient précieux pour moi. Premièrement, voici une photo du sous-sol bordélique de mes vieux – à savoir : mon premier skate park, l'endroit où j’ai organisé mes premiers concerts de punk, et la cabane dans laquelle je me cachais du monde réel. En descendant une à une les marches si familières, mon allergie aux acariens s’est doucement réveillée, et j’ai eu une légère crise de claustrophobie. J’ai visualisé le sous-sol sans tout ce bordel – vidé, à New York, ça aurait été un putain de loft – et une légère envie m’est venue de balancer toutes ces putains de boites pleines de décorations de Noël, de figurines Star Wars, de bouts de trucks pétés et de vieux magazines ramollis par l’humidité. Je ne suis pas un connard, j’aime juste avoir un peu d’espace, et j’ai une sainte horreur du désordre… du moins, depuis que j’ai vu ce bordel. Vue panoramique du côté ouest du sous-sol de la baraque de mes parents Quand on a grandi chez des thésauriseurs de banlieue, on ne se rend pas bien compte combien il est étrange de garder une collection de liens (ces fils métalliques qui servent à fermer les paquets de pain de mie) dans des boîtes de cookies. Maintenant, j’arrive à me rendre compte à quel point c’est bizarre. Une boîte en plastique étiquetée « Cassettes vidéos cassées », qui se trouve juste à côté d’une autre boîte orange où est inscrite la mention « livres moisis », ça aussi c’est bizarre. On a des milliers des VHS, alors peut-être que ces cassettes hors-service sont normales après tout. Et ces livres moisis appartenaient à mon grand-père, ce qui a sûrement joué en leur faveur pour les garder. Mais c’est mon côté thésauriseur qui parle. Pour être franc, c’est débile de garder tout ça. Encore plus de bordel, toujours au sous-sol. Le garage est aussi un gros bordel. Mais découvrons dès à présent le résultat de mes recherches, c'est à dire toutes les merdes que mes parents auraient du foutre à la benne il y a déjà bien des années. UN DESSIN POURRI DES GREMLINS Le saviez-vous ? Le film Gremlins est tiré d’un livre. En fait, pas du tout. C’est juste un film des années 1980 à la con. J’ai rajouté les règles à respecter pour s’occuper de Guizmo sur mon dessin, parce que je ne voulais pas que quelqu’un déconne et crée une de ces créatures maléfiques que sont les Gremlins. Ils auraient pu détruire ma maison. UNE PAGE DE TABLATURES POUR GUITARE En 4ème, je rêvais d’une Gibson Explorer ou d’une Flying V, mais au fond de moi, je savais bien que c’était peine perdue d’espérer quoi que ce soit de mes parents. À la place, j’ai promis à mes parents de prendre des cours de guitare et de solfège s’ils acceptaient de m’offrir une guitare électrique – n’importe quelle guitare électrique. Un mec qui était avec moi en cours de sciences économiques et sociales m’avait recopié les riffs les plus cools de « Crazy Train ». Il a rajouté cette note qui expliquait que Randy Rhoads était Dieu, et qu’il ne fallait pas me décourager si je n’arrivais pas à shredder comme lui. PYROMANIA, VINYLE RAMOLLI Moi aussi je suis un thésauriseur. C'est l'un des premiers albums que j’ai acheté avec mon argent de poche, sans doute parce Def Leppard passait toutes les 15 minutes sur MTV, et que c’était le contraire de Duran Duran. Pour info, MTV passait plein de clips de metal anglais parce que ces clips coûtaient moins cher à diffuser. Toute cette histoire est compilée ici. UNE DISSERTATION SUR LES FEUX D’ARTIFICES

Publicité

Vous saviez que les Chinois ont inventé les feux d’artifices ? Oui ? Dans ce cas-là, vous n’en apprendrez pas forcément plus en lisant cette dissertation. UNE DISSERTATION SUR LA PORNOGRAPHIE N°1 Ce truc a été une étape importante dans ma vie. Notre prof de français nous a autorisé à écrire une dissertation sur « n’importe quel sujet sur lequel on puisse se renseigner à la bibliothèque ». Notre bibliothèque était toute petite, il n’y avait quasiment rien, juste quelques centaines de livres. J’ai jeté un œil à la liste des livres, vers la catégorie qui m’est venue à l’esprit en premier : le porno. Ils avaient quelques bouquins, un magazine et une fiche résumé sur le porno. J'ai été assez surpris de ne pas avoir à écrire sur une guerre, ou sur une invention quelconque. UNE DISSERTATION SUR LA PORNOGRAPHIE N°2 Vous connaissez la différence entre un niveau d’anglais en terminale et en première année d’école d’art ? Aucune. J’ai rendu la même merde en le réécrivant sur une autre machine à écrire en changeant le titre. C’était supposé nous empêcher de tricher. Ça n'a pas marché. UNE LETTRE DE POWELL PERALTA J’ai écrit à Powell Peralta pendant l’hiver 1988. Je n’avais même pas de board Powell – j’avais perdu ma board Mike Vallely chez mon cousin – mais à l’époque c’était les meilleures. Je ne sais plus ce que j’avais écrit pour avoir le « Powell Attitude », mais je suppose que je leur ai sucé la bite pour recevoir des autocollants gratos. UNE PHOTO DE MOI EN TRAIN DE ME PRENDRE UNE GAMELLE C’est moi. Je porte un chapeau fait avec une jambe de jogging découpée, un T-shirt Natas Kaupas et suis en train de rider une board Ray Barbee (j’avais clairement la Powell attitude). On essayait d’apprendre à faire des one-foot tail grab depuis ce ledge. J’ai pas réussi sur cet essai-là, et j’ai fini par atterrir dans une pose similaire au logo des Circle Jerks. UNE BONNE PHOTO DE SKATE Prise avec un appareil jetable au cours de l’hiver 1992. On dégageait la neige à la pelle devant le skate park, et le soleil faisait le reste. Le type sur la photo s’appelle Aljo ; il était plus âgé que mes potes et moi, et beaucoup plus musclé. Il avait le permis de conduire, un « vrai boulot » et nous empêchait de nous faire péter la gueule par les petits merdeux du coin. Cerise sur le gâteau, il venait de Californie. Ce mec était notre héros. UNE DÉCORATION DE NOËL TOUTE POURRIE Une de mes ex m’avait fabriqué ce truc de ses propres mains quand elle était à la fac. Ça m’a toujours fait penser à la chanson « U-Mass » des Pixies, et ça me rappelle surtout que sa colloc’ avait couché avec Dickie Barrett, le chanteur des Mighty Mighty Bosstones dans sa chambre. UN FANZINE GRATOS J’ai essayé de feuilleter ce « fanzine maison », mais je suis pas allé très loin, et ce n’est pas un gage de qualité, étant donné qu’il fait huit pages. Il y a un texte où l’auteur traite Green Day de vendus, et deux, trois autres trucs pas terribles. Si vous êtes l’auteur de ce fanzine et que vous lisez ces lignes, je suis désolé, vous devez surement penser que je suis le plus gros enfoiré de la Terre. Mais sérieux, votre fanzine était pourri, les mecs. UN 45 TOURS DE MUDHONEY « Mec, le grunge va tout déchirer… Ça bute. J’ai hâte de rentrer chez moi pour écouter ce 45 tours de Mudhoney que j’ai reçu avec le nouveau numéro de Reflex, ça va tuer. Attends un peu, ce magazine pue : ils ont fait une bonne critique de Skin Yard. Putain, j’aurais du acheter ce 7’’ de Unrest à la place. » UNE DOUBLE PAGE SUR OUT COLD DANS UN FANZINE RANDOM C’était la double page centrale d’un fanzine gratos que j’avais chopé chez un disquaire du New Hampshire à l’automne 1992. Il pleuvait tellement ce jour-là que je m’étais retrouvé coincé à l’intérieur du magasin pendant trois plombes, genre j’aurais pu écouter Metal Machine de Lou Reed s’il était déjà sorti à l’époque. Cette double page, c’est le genre de truc qui peut t’envoyer directement dans un internat catholique si tes parents tombent dessus. J’ai aussi acheté la B.O. de Repo Man ce jour-là, et mes parents n’ont jamais trouvé le fanzine. UNE PEINTURE « PUNK » Si vous vous demandez pourquoi je n’ai jamais poursuivi mes efforts dans le monde de l’art, cette peinture acrylique vous donnera sans doute un élément de réponse. Vous n’auriez jamais cru que cet enfoiré de Jésus pouvait planquer autant de thune dans sa robe, pas vrai ? Ah, notez la présence d’une bite habilement cachée parmi les nuages. UN PROTÈGE DOCUMENT : 1ÈRE PARTIE Les thésauriseurs font de drôles de trucs. Parfois, il mettent un objet lambda dans un protège document. Ce patch souvenir d’une visite à Alcatraz en est un excellent exemple. Je pense que je l’aurais porté s’il disait « Prisonnier » au lieu de « Gardien ». UN PROTÈGE DOCUMENT : 2ÈME PARTIE Attendez un peu. Il y avait DEUX trucs dans ce protège documents. Derrière le patch Alcatraz se cachait une carte de baseball Topps à l’effigie de Dave Magadan. Je ne pouvais pas piffer les Mets depuis leur défaite aux World Series de 1986 qui m’avait fait perdre mes dernières illusions d’enfance, alors pourquoi j’aurais gardé une putain de carte à leur effigie ? Ah oui, parce qu'en fait, ce sont mes parents qui l’ont gardé. UNE PUBLICITÉ POUR UN PENDENTIF PORTE BONHEUR EN FORME DE SKATE PUTAIN. Je file en commander un dès demain. UNE CASSETTE DAT AVEC L’ÉCRITURE DE PUSHEAD Vers le milieu des années 1990, Pushead s'est remis à sortir des compilations de punk et de hardcore, après avoir fait des pochettes pour Dr. Dre ou les autres brêles de Soundgarden. Il avait demandé à mon groupe de lui filer une chanson pour sa compilation Bacteria Sour. Malheureusement, on avait pas compris que ce morceau devait obligatoirement être un inédit. Il nous a un peu engueulés quand plusieurs années après, on a réenregistré le morceau pour le sortir en CD. Désolé, mec. Et si vous n'avez pas idée de ce que peut bien être un DAT, c’est pas grave. C’était vraiment de la merde, de toute façon.

Aussi sur VICE.COM :

SUS AUX THÉSAURISEURS COMPULSIFS !