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Un côlon géant a trôné tout le week-end sur la place de la République

Depuis quelques jours, une construction en forme de gros intestin est installée là, en faveur de la recherche contre le cancer.

Photo via. Toutes les autres photos sont de Camille Teste.

Un tunnel géant et rose s'élève au-dessus de Paris tel un château gonflable, place de la République. Il ne s'agit pas d'un anniversaire, ni d'une recrudescence de la Manif pour Tous, mais d'une campagne de santé publique organisée par l'ADECA75, la Mutualité française et la Ligue contre le cancer dans le cadre de l'opération Mars bleu – en référence à Octobre rose, mois du cancer du sein. Vendredi et samedi dernier, ce sont des passants ahuris par cet équipement que l'on cherchait à sensibiliser ; le cancer du côlon est en effet l'un des cancers les plus meurtriers en France : 17 000 personnes en meurent chaque année.

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Malgré la gravité de la cause, les visiteurs rassemblés devant ce gros intestin géant avaient l'air amusés par le caractère grivois de l'installation. Florian, étudiant en chimie et Geoffrey, étudiant en droit, riaient de bon cœur : « on ne pouvait pas passer à côté d'un côlon géant sans s'y arrêter ! » À l'entrée du tube, une grand-mère feignait de s'inquiéter du traumatisme potentiel d'une immersion intra-intestine pour sa petite fille de huit ans. Plus loin, une femme tentait de contrôler deux gamins qui venaient de découvrir, avec une joie mal dissimulée, la composition rebondissante des parois du boyau géant.

Émue par cette débauche de couleurs et de matières en faveur de l'avancée médicale, j'ai discuté avec Clémentine B., en charge de l'organisation de cet événement gratuit et ouvert à tous. Elle est revenue avec moi sur le sens de cette manifestation.

VICE : Bonjour Clémentine. Pourquoi avoir opté pour un côlon géant afin de sensibiliser les passants au cancer du côlon ?
Clémentine B. : D'abord parce que ça se voit, ça attire l'œil. Les gens ne peuvent rester indifférents. Le côlon est un organe qui fait sourire. Utiliser des moyens détournés invite les visiteurs à se poser des questions. Et puis, il s'agit aussi de dédramatiser. Il est encore très difficile de parler du cancer aujourd'hui. C'est un mot qui fait peur. Nous proposons donc une autre manière de le voir, qui soit décalée, mais pas trop non plus : il s'agit d'un sujet sérieux. Ne pensez-vous pas que le public puisse trouver cela provocant ou déplacé, et se détourne ainsi du message que vous souhaitez faire passer ?
Pour le moment, nous n'avons reçu que des échos positifs. Les gens passent en famille devant le côlon, prennent le temps de s'arrêter de nous poser des questions, de participer à nos ateliers. Ils ne l'auraient pas tous fait si nous avions proposé une mise en scène plus classique. Bon nombre d'entre eux arrivent ici par hasard et restent parce que le sujet les concerne. D'ailleurs, celui-ci nous concerne tous.

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Quelles activités proposez-vous à l'intérieur de ce côlon ?
L'idée, c'est de rendre le parcours ludique. Le côlon géant est un parcours didactique qui aborde les différentes formes que prend la maladie. 11 panneaux apportent des explications détaillées. Des polypes (croissances anormales) sont exposés en 3-D. Fujifilm a installé une colonne endoscopique, laquelle permet d'observer le déroulement d'une endoscopie sur un faux patient. C'est un tube souple, complété d'une caméra, qu'on insère dans le côlon par l'anus. Il s'agit du seul moyen efficace de détecter une pathologie de ce genre.

Le comité de Paris de la Lutte contre le cancer invite également le public à se poser des questions sur son alimentation, quand la Mutualité française met l'accent sur la pratique d'une activité physique. Un grand tableau interactif permet d'évaluer sa condition physique.

En quoi est-ce important d'attirer l'attention sur cette pathologie en particulier ?
Le cancer du côlon est le second cancer le plus meurtrier, après le poumon pour l'homme et le sein pour la femme. Le cancer colorectal engendre plus de 17 000 victimes par an. Nous avons mis en place une campagne de dépistage gratuite entre 50 et 74 ans, la tranche d'âge la plus à risque. Mais encore faut-il que les gens soient au courant, et qu'ils prennent la peine de se faire dépister. Sans cela, il est très difficile de détecter un tel cancer : il n'y a aucun signe extérieur, aucune douleur particulière. Enfin, en cas de diagnostic positif, il est aujourd'hui possible de guérir 9 fois sur 10. Proportionnellement, c'est donc un sujet dont on ne parle pas encore assez.

Merci beaucoup Clémentine.

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