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Paris réfléchit à un projet de centre d’accueil pour migrants dans la ville

Après une série d’expulsions de migrants à Paris, dont une dernière particulièrement violente et polémique, la maire de la ville réfléchit à un centre d’accueil de migrants.
Photo par Matthieu Jublin / VICE News

Après une série d'évacuations de plusieurs bidonvilles occupés par des migrants originaires de la Corne de l'Afrique, ces dix derniers jours à Paris, des responsables politiques locaux, dont la maire de Paris Anne Hidalgo, souhaitent l'ouverture d'un centre d'accueil à proximité ou à l'intérieur de la ville, afin d'accueillir temporairement et d'étudier la régularisation des migrants.

Cette proposition est apparue après la dernière expulsion en date, celle qui a eu lieu près de la Halle Pajol dans le 18ème arrondissement, au nord de Paris, lundi dernier. Occupé depuis le weekend par 100 à 200 migrants principalement originaires de la Corne de l'Afrique (Érythrée, Ethiopie, Soudan et Somalie), ce bidonville a été évacué par les forces de l'ordre lors d'une opération qui a fait polémique à cause de l'utilisation massive de la force par les policiers.

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De nombreuses réactions politiques ont suivi cette évacuation ce mardi et ce mercredi, notamment de responsables écologistes et de partis à la gauche du Parti socialiste. Certains d'entre-eux, comme les élus écologistes de la ville de Paris, ont dès le lundi« solennellement demandé à Anne Hidalgo l'ouverture d'un lieu d'accueil par la mairie de Paris dès [le] soir [de l'évacuation], » rapporte l'AFP. Dans une tribune publiée ce mercredi dans le Monde, l'ancienne ministre écologiste de François Hollande, Cécile Duflot, qualifie la politique migratoire actuelle de « Waterloo moral ».

Invitée de la chaîne BFM TV mardi soir, la maire de Paris Anne Hidalgo s'est dite favorable à l'ouverture d'un « lieu qui permette d'accueillir ces personnes pendant une durée de l'ordre d'une quinzaine de jours », afin que les migrants puissent « se poser, réfléchir, faire ce travail avec les associations » et décider ou non de faire une demande d'asile.

La localisation, la taille et le fonctionnement de ce centre « sont à l'étude », a ensuite ajouté un porte-parole de la mairie de Paris, rapporte l'AFP. Aucun délai précis n'a été donné pour le moment quant à l'ouverture d'un tel centre.

Le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen a réagi ce mercredi sur la radio Europe 1 à cette proposition, en déclarant que, « évidemment, personne n'imagine qu'il y ait un nouveau Sangatte dans Paris », en référence à l'ancien centre d'accueil de migrants de Calais qui, entre 1999 et 2002, a hébergé des milliers de migrants.

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L'évacuation de la Halle Pajol a eu lieu à la mi journée, lundi, alors que des militants pour les droits des migrants distribuaient des repas. L'arrivée des forces de l'ordre a provoqué la venue d'une quarantaine de militants et d'élus locaux de gauche qui se sont opposés à l'évacuation. Les forces de l'ordre les ont alors écartés par la force avant d'emmener les migrants — de force également — dans des cars direction le commissariat. Plusieurs militants ont également été interpellés.

Selon la préfecture de police, 84 personnes parmi les migrants évacués lundi ont été interpellées et emmenées au commissariat pour être identifiées et pour savoir si elles voulaient demander l'asile. Vraisemblablement, une partie de ces migrants étaient déjà présents dans d'autres bidonvilles du même quartier parisien, évacués quelques jours auparavant par la police : celui dit de « La Chapelle », évacué mardi 2 juin, et celui situé sur le parvis de l'église Saint-Bernard évacué le vendredi 5 juin. L'église Saint-Bernard est un lieu symbolique de la cause des migrants. Elle avait été occupée en 1996 avant d'être évacuée brutalement.

Sur place, le représentant du préfet a déclaré que, parmi les migrants interpellés, ceux qui ont fait une demande d'asile seront relogés en attendant le traitement de leur demande, rapporte Le Figaro. Tandis que « s'il n'y a pas eu demande d'asile, et pas de raisons de rester en France, cela peut vouloir dire être transféré en centre de rétention, ou se voir signaler une obligation de quitter le territoire. » Après cette opération, qui selon les médias, aurait fait un ou plusieurs blessés parmi les migrants, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a déclaré « Le gouvernement agit avec une logique humaine, une logique claire d'application de la loi et d'autorité »

Le Défenseur des droits Jacques Toubon a annoncé avoir ouvert une instruction « sur les faits rapportés […] qui ont émaillé les opérations d'évacuation ».

À lire : C'était Sangatte

Suivez Matthieu Jublin sur Twitter : @MatthieuJublin