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Tout ce qu'il faut savoir sur le programme d'Emmanuel Macron

Retour sur les principales propositions du candidat, ainsi que son équipe, son mouvement, sa marotte et sa pire idée de communication.
REUTERS/Christian Hartmann

Entre 2006 et 2009, Emmanuel Macron était encarté au Parti socialiste. À 39 ans, il se présente aujourd'hui sous l'étiquette de son propre mouvement, En Marche!. Son credo : se placer parmi les « progressistes » de l'échiquier politique, en opposition aux « conservateurs », ce qui lui permet de rassembler aussi bien sur sa gauche que sur sa droite.

Macron fut Ministre de l'Économie sous le gouvernement Valls de 2014 à 2016, promu par François Hollande. Jamais élu, il met régulièrement en avant le fait d'émerger de la « société civile ». Avant sa carrière politique, Macron est passé par Sciences Po, l'ENA et la banque Rothschild.

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TOP 5 DES PROPOSITIONS

  • Loi de moralisation de la vie publique : les parlementaires et les élus ne pourront plus exercer des activités de conseil parallèlement à leur mandat, embaucher un membre de leur famille, cumuler de plus de trois mandats successifs et se présenter à une élection avec un casier judiciaire.

  • Réforme du système de retraites : les pensions seront calculées selon un système universel, (« principe d'égalité ») sans que l'âge à la retraite et le niveau des pensions ne soient modifiés. Cela revient donc à fusionner 37 systèmes de retraites en un seul.

  • Retour de la police de proximité : sous le nom de « police de sécurité quotidienne », à travers la création de 10,000 postes de policiers et gendarmes supplémentaires.

  • Transformation de l'ISF en « Impôt sur la Fortune Immobilière » : il ne taxerait plus que l'immobilier,. Et non les droits de succession, la détention d'entreprises ou d'actions.

  • Division par 2 du nombre d'élèves dans les classes de CP en ZEP (zone d'éducation prioritaire) : création de 12 000 nouvelles classes de primaire, niveau d'éducation prioritaire selon Macron.

SA MAROTTE

La musique. Emmanuel Macron a été récompensé du Troisième prix de Piano du Conservatoire d'Amiens. Une rumeur lui prêtait une passion pour le tango, mais il a assuré être un « piètre danseur ».

SON PROGRAMME

Société

Le dégoût qu'inspire les frasques politiques aux Français a conduit Emmanuel Macron à proposer une « grande loi de moralisation » de la vie publique, accompagnée d'une riche liste d'interdictions pour les parlementaires et les élus. Ceux-ci ne pourront plus exercer des activités de conseil parallèlement à leur mandat, embaucher un membre de leur famille, cumuler plus de trois mandats successifs, ou encore se présenter à une élection avec un casier judiciaire.

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Libéral assumé, ses idées sont « progressistes » sur le plan sociétal. Il souhaite maintenir l'autorisation du voile à l'université, est favorable à la PMA (pour les femmes) et à la reconnaissance des enfants nés d'une GPA à l'étranger (tout en restant contre sa légalisation en France). Lors de son mandat de ministre, il s'était opposé à l'inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution.

Économie

C'est le domaine le mieux maîtrisé par Macron. Soupçonné de vouloir remettre en cause les 35 heures, (« Quand on est jeune, ce n'est pas long »), le président d'En Marche a éteint le feu en garantissant leur maintien. Tout en renvoyant « à l'accord d'entreprise la possibilité de négocier d'autres équilibres ». Avec Macron, les chômeurs refusant une offre d'emploi « raisonnable » verront leurs allocations suspendues. Les smicards qui bénéficient de la prime d'activité toucheront l'équivalent d'un « 13e mois de salaire, soit 100 euros nets de plus chaque mois ».

Libéral, il l'est aussi en matière d'économie. Refusant de se laisser qualifier d' « uberolâtre », il rêve néanmoins d'une société « ubérisée », où clients et professionnels se mettent directement en grâce aux nouvelles technologies. Il voit ces sociétés (Uber, Airbnb, Deliveroo…etc) comme une chance pour qui souhaiterait travailler rapidement, notamment les jeunes défavorisés et sans diplômes. Ce modèle social est souvent critiqué pour le manque de protection sociale des emplois qu'il génère.

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International

En matière de diplomatie internationale, Macron s'exprime assez peu. Parmi ses idées, la création d'un « budget de la zone Euro, voté par un Parlement de la zone euro, et exécuté par un ministre de l'Économie et des Finances de la zone euro. » Il y ajouterait un fonds de défense militaire commun à tous les pays de l'Union européenne (UE).

Pour les jeunes, Erasmus sera étendu aux apprentis. 200 000 étudiants pourront ainsi partir chaque année dans un pays de l'UE. Macron n'est pas hostile à l'arrivée des migrants, (qu'il qualifiait d' « opportunité économique » en 2015), même s'il souhaite créer 5 000 garde-frontières européens. Sur la Syrie, il se démarquait en janvier de la position pro-opposition du gouvernement français, prônant une « politique d'équilibre ». Récemment, le camp Macron se disait victime de cyberattaques de la part de la Russie de Poutine.

Éducation

C'est sa priorité numéro 1. En 2015, il créait la polémique en déclarant : « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires ! ». Aujourd'hui, il met le paquet sur l'école primaire, notamment en limitant à 12 élèves la taille des 12 000 classes de CP et CE1 en ZEP. Plus insolite, il souhaite supprimer « l'usage des téléphones portables dans l'enceinte des écoles primaires et des collèges ».

Les échelons supérieurs ne sont pas oubliés. Les collégiens pourront bénéficier des heures d'« étude » assurées par des bénévoles et des retraités. Les universités auront la possibilité de recruter leurs enseignants et devront publier leurs résultats (« débouchés, salaires, etc ») sur les 3 dernières années. 80 000 logements supplémentaires seront créés pour les étudiants, qui pourront travailler jusque tard le soir et le week-end dans les bibliothèques. Dernière proposition (aussi évoquée par Benoît Hamon) : la création d'un « Pass Culture », octroyant à chaque Français « 500 euros de dépenses culturelles » à ses 18 ans.

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Sécurité

Macron souhaite le retour de la police de proximité – qu'il renomme « police de sécurité quotidienne » – et le recrutement de 10 000 policiers et gendarmes. Sous le contrôle d'un juge, un policier pourra interdire à un délinquant de fréquenter le quartier où il a commis ses méfaits.

À cela s'ajoute la construction de 15 000 places de prison. Proche de Fillon, qui en veut 16 000, loin de Hamon, qui en veut 0. Pour lutter contre le terrorisme, il souhaite créer un état-major du renseignement, qui mettrait en lien plusieurs ministères (Intérieur, Défense, Transports, Santé et Industrie).

SON PARTI

Macron est le seul candidat à la présidentielle de 2017 sans parti. Il ne touche donc aucune subvention de la part de l'État pour son mouvement En Marche!, ce qui a intrigué Mediapart quant à son financement. Jugeant le programme de Benoît Hamon trop « radical », nombre de cadres du PS plutôt socio-libéraux l'ont rejoint. Parmi eux : Nicole Bricq, Richard Ferrand, Bertrand Delanoë, ou encore Gérard Collomb.

SON ÉQUIPE

Laurence Haïm, ancienne correspondante de Canal + et iTélé aux États-Unis, est devenue la porte-parole d'En Marche! en mai dernier. Parmi ses soutiens-clé, Richard Ferrand, député PS du Finistère devenu secrétaire général du mouvement, ou Jean Pisani-Ferry, 65 ans, ancien strauss-khanien et directeur du « think tank » influent Bruegel, basé à Bruxelles. Dans l'ombre, on trouve Ismaël Emélien, le conseiller stratégie du candidat. C'est lui qui a pris l'initiative de la « Grande Marche », une consultation des Français à grande échelle via une opération de porte-à-porte. Seule information sur l'éventuel gouvernement de Macron : il souhaite « plutôt » une femme Premier ministre.

SA PIRE IDÉE DE COM'

Une fin de discours homérique, qui fut l'objet de nombreux détournements sur la toile.


Suivez Bartolomé Simon sur Twitter : @iLometto