En Belgique, l’image de la rue offre certaines choses étranges au regard : de nombreux ronds-points décorés de statues bizarres, des radars en forme de nichoirs alignés le long de routes sans oiseau aucun, des maisons entourées de haies immenses. Il ne semble pas clair s’il existe une corrélation avec le grand nombre de photographes qui débordent de talent. Il nous faudrait des chiffres afin de le prouver. Quoi qu’il en soit : nous avons visité une panoplie de chambres noires et nous vous en avons distillé dix talents photographiques. De quoi épater les copains au comptoir.
Publicité
Le premier se nomme Illias Teirlinck. La vie se déroule devant ses yeux et il en fixe des flashes de situations étranges. Selon lui cela ne tient que du hasard. Selon nous: un brin de génie. On voit un homme mesurer la distance de sa balle de golf jusqu’au trou; une mémé aidant une autre mémé – vétue du même manteau – à descendre les escaliers; des gens sur scène qui se transforment en silhouettes dessinées; et aucune énumération ne réussira à définir la suite d’un « et cetera ».Illias arrive à élargir notre arc d’attention – généralement d’une longueur de 0,03 sec – direction l’éternité. Lorsque je l’appelle, il me dit que « normal, c’est déjà très bien », avant de m’expliquer que mes remarques très arty à propos de ses images, servent de « pars pro toto », une figure de réthorique datant des cours de Latin du siècle passé. Il produit des photos pour le journal Flamand De Morgen, ce qui explique peut-être son œil pour le crescendo et les images pures. Ou peut-être pas. En tout cas, Illias crée de l’étrangement bizarre, à la fois aussi pointu et divers que les personnages qu’il surprend.
—Pour plus de Vice, c’est par ici.