Fall Out Boy reste un des groupes les plus importants de l’histoire de la musique
Image gracieuseté de Fall Out Boy / Universal Music Canada

FYI.

This story is over 5 years old.

Musique

Fall Out Boy reste un des groupes les plus importants de l’histoire de la musique

Le nouvel album marque un changement dans la direction musicale du groupe. Comme tous ses albums précédents, quand on y pense. Fall Out Boy n’est plus le même groupe, et c’est mieux comme ça.

Toute ma jeunesse, j’ai été dans des bands de punk et de hardcore. Plus tard, je suis devenu DJ électro et rappeur. Il y a une seule chose qui n’a pas changé depuis que j’ai 11 ans : quand on me demande qui est mon groupe préféré, je réponds invariablement : « Fall Out Boy ». Et ça continue de surprendre les gens.

La plupart des gens, même ceux qui étaient de très grands fans du groupe, ont une relation bizarre avec Fall Out Boy. Plus je vieillis, plus je me rends compte que je parle du groupe comme les vieux parlent des Beatles. C’est un groupe qu’il ne faut pas trop chercher à comprendre, on ne sait jamais par où commencer. Il a eu, à la manière de McCartney et ses acolytes, différentes phases, différentes directions musicales. Certains fans ont lâché, d’autres se sont joints. Les « vrais », comme moi, n’ont jamais abandonné. Et, sans trop m’avancer, je crois que, s’ils continuent dans leur lancée, on regardera Fall Out Boy dans quelques décennies comme on regarde les Beatles ou les Rolling Stones aujourd’hui. Avec respect et admiration, et le recul permettra assurément à la population générale de comprendre que c’est un groupe profondément important.

Publicité

Peut-être que ce qui fait que je suis prêt à défendre mon groupe préféré corps et âme, c’est que je les ai connus au bon moment. En 2004, l’amie de ma sœur, soucieuse de mon éducation musicale (qui à l’époque se résumait à Sum 41 et G-Unit), m’a donné un grand étui rempli de CD. Au début, c’était The Ramones, The Sex Pistols, Jawbreaker, Minor Threat : tous les classiques. Vers le milieu, c’était la scène montréalaise : Caféïne, The Planet Smashers, Me Mom and Morgentaler. Et, à la toute fin, des trucs qu’elle n’aimait pas, qu’un ex lui avait donnés. Et là, parmi les déchets, il y avait Take This to Your Grave, le tout premier album de Fall Out Boy. Dès les premiers riffs, ça a provoqué en moi une réaction que je ne pense pas avoir eue depuis : j’avais trouvé la bande originale de ma vie merdique de préado hyperémotif. Je n’avais jamais connu l’amour, mais cet album m’a appris ce que c’était, et à quel point ça pouvait faire mal.

Au-delà des paroles, qui sont de véritables chefs-d’oeuvre, Fall Out Boy avait cette capacité de composer des chansons subtilement monumentales. Sure, tu pouvais l’écouter de manière passive, et ça restait un album parfait à passer entre deux autres CD de pop punk et de emo de l’époque. Mais, si on prenait le temps de l’écouter avec l’attention qu’il mérite, ça devenait un exercice d’introspection sans pareil.

Et le groupe a poursuivi avec From Under the Cork Tree, un autre album qui aura servi de trame sonore à mon début de secondaire. Avec des succès comme Sugar, We’re Going Down et Dance, Dance, le groupe a réussi à se tailler une place auprès du grand public. Bien que leurs contemporains, comme Taking Back Sunday et My Chemical Romance jouissaient aussi de fanbases qui s’apparentaient plus à des cultes, en partie propulsés par MySpace, Fall Out Boy était le seul qui passait à la radio de manière constante.

Publicité

Leurs deux albums suivants, Infinity on High et Folie à Deux, n’ont fait que l’aider à solidifier sa réputation de groupe parmi les plus importants de sa génération. C’était, à l’époque, du jamais vu. Patrick écrivait pour Jay Z, les membres étaient copains avec Kanye West, Lil Wayne affirmait partout qu’il était un très grand fan. Personne ne comprenait vraiment comment quatre dudes emo de fucking nowhere dans le Midwest étaient arrivés à devenir des chouchous de l’industrie musicale.

Et, à travers tout ça, Fall Out Boy restait fermement attaché à ses racines underground. Car aucun des autres groupes emo ou pop punk de l’époque ne voulait s’associer à lui. Il était trop pop, trop grand public. Ils étaient amis derrière la scène, mais ça devait rester un peu secret.

Donc, le groupe est devenu un représentant de l’underground de tous les styles. Il a signé sur son label la prochaine grande vague de groupes. Panic! at the Disco, Gym Class Heroes, Cobra Starship, Twenty One Pilots, et même Tyga ont tous profité du tremplin que leur a donné le quatuor. Et, en voyant la plupart des groupes avec qui ils avaient commencé se séparer, Fall Out Boy a décidé que c’était le bon moment de tirer sa révérence. J’ai pleuré. Pendant des jours. J’étais absolument inconsolable. La dissolution de Fall Out Boy signifiait pour moi la fin d’une ère; il fallait que je passe à autre chose, qu’on me disait. Mais je n’en avais aucune envie.

Publicité

Quand le groupe a annoncé son retour, en 2013, j’étais profondément partagé. Bien entendu, j’étais hyper chaud à l’idée que mon groupe préféré fasse un retour. Mais je ne savais pas si la musique allait être à la hauteur de mes attentes. Quand il a sorti le premier simple, My Songs Know What You Did in the Dark, j’étais dégoûté. C’était quoi, cette espèce de pop radio hyper catchy? J’ai eu peur que mon groupe préféré soit mort, que ce soit des has-been. Ce que je voulais, c’était un autre hymne de mon adolescence torturée, une autre toune qui me ferait pleurer dans le mosh pit.

Pourtant, je me suis retrouvé à écouter le morceau hyper souvent, sans explication. Tranquillement, je me suis mis à l’aimer. Et quand l’album est sorti, je l’ai adoré, bien évidemment. L’expérience s’est répétée lorsqu’il a sorti

American Beauty/American Psycho

deux ans plus tard. Et encore, lorsqu’il a sorti le premier simple de son album qui paraît aujourd’hui,

MANIA

.

Pour plus d'articles comme celui-ci, inscrivez-vous à notre infolettre.

C’est un des derniers groupes rock à encore passer à la radio. Si on se fie au top 50 de Billboard, à notre époque, moins de 10 % des chansons à la radio contiennent de la guitare électrique. Mais Fall Out Boy s’y impose sans problème. Certes, les détracteurs s’amusent à dire que c’est parce qu’ils sont le plus petit dénominateur commun du rock. C’est vrai que c’est facile de se tailler une place à la radio quand le premier simple de ton album est un hymne pop-EDM qui aurait aussi bien pu être un remix de Steve Aoki. Mais ce n’est pas tout le monde qui y aurait pensé. Et c’est là que réside le talent essentiel de Fall Out Boy : il est à l’avance sur la pop moderne parce qu’il a aidé à la créer.

Bien que ça me rende triste, je me rends compte que Fall Out Boy ne reste jamais vraiment le même groupe. Chaque nouvel album devient une blessure parce qu’on s’est trop attaché à ce qui est venu avant. Mais dans son essence, c’est un groupe qui parle d’amour, d’à quel point ça fait mal, et d’à quel point ça peut guérir. Avec chaque nouvel album, on se fait blesser au début, et on retombe en amour à la fin.

En 2013, en duo avec Sir Elton John, le groupe s’est donné comme mission de « sauver le rock’n’roll ». Pensez d’eux, et de MANIA, ce que vous voulez. Ils ont réussi.

Billy Eff est sur internet ici et .