On a soumis notre « interview puriste » à Davodka

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On a soumis notre « interview puriste » à Davodka

Fait-il des poussées d'allergie quand il entend Jul ? A-t-il brûlé un cierge à la mort de Prodigy ? Reniera-t-il ses enfants s'ils se mettent à écouter Young Thug ?

MC du XVIIIe arrondissement de Paris, Davodka a sorti récemment son nouvel album Accusé de Réflexion, dans la plus pure tradition du rap de kickeur qu’il pratique depuis ses débuts. Fédérateur d’un public de passionnés qui ne jurent que par le « vrai rap », celui qui a débuté il y a maintenant 15 ans a réussi à se faire une bonne place sur la scène indépendante et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Self-made man, il est toujours auto-produit, avec un coup de main de Musicast pour la distribution. Pour le reste, c’est l’école indé, comme les rappeurs pionniers de son secteur (de La Scred Connexion en passant par Flynt ou d’autres) : il gère lui-même tout le côté artistique, mais aussi son merchandising, et il a bien sûr son propre site où toute sa musique est disponible.

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Actuellement en tournée jusqu’en avril prochain, le rappeur a fait un détour par chez nous pour accepter de répondre à un questionnaire 100 % puriste. Adepte de freestyles à tout va, de fast flow, de rap dit « à l’ancienne » et assez éloigné des tendances actuelles orientées club, Davodka était le cobaye parfait pour cet exercice.

Noisey : Est-ce que tu réalises que tu as, avec Hugo TSR, une des fanbases les plus chiantes sur les réseaux sociaux ? À chaque fois on les retrouve « bah alors vous parlez même pas de Davodka ? » sur des articles qui n’ont rien à voir.
Davodka : Ouais à ce qu'il paraît [Rires]. Le public indé est souvent comme ça, il appuie beaucoup. C'est vraiment des militants en général. Ils se battent pour que leur artiste soit visible. Ils kiffent une époque du hip hop et ils s'en détachent pas.

Tu pux leur demander d’arrêter ?
Moi je suis content qu’ils militent à ce point pour moi, je vais pas te mentir [Sourire]. Après, chacun fait ce qu’il veut, le principal c’est de faire ce qu’on aime. Si t’aimes pas, t’écoutes pas, ça sert à rien d’aller baver sur la gueule des gens pour rien. Laissez tomber, c’est mieux.

Quand tu entends de la trap tu fais une allergie ? Boutons, nausée, tout ça ?
Moi je pratique un style mais je suis pas intolérant face aux autres styles de rap. La trap, j'aime bien, ce que j'aime pas c'est plus le cliché de la trap. Les sonorités électroniques et les rythmiques trap, je les trouve très intéressantes. Mélanger les genres en terme d'instru c'est quelque chose que je kiffe de plus en plus. Je suis pas fermé, j'écoute du Caballero & JeanJass, c'est moderne mais ça me parle, ça me fait délirer. Après je suis nostalgique du hip hop à l'ancienne, j'aime me réécouter des vieux Ideal J, etc.

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Tu as fait beaucoup d’open mic mais pas trop du côté battle non ?
Le clash c’est un grand mystère pour moi, j’en ai jamais fait de ma vie. J’ai aucun texte clash, je pense que c’est faisable. Après je serais plus de l’école Dégaîne Ton Style que Rap Contenders, parce qu’il me faut une instru. Après les insultes vont vite, et je suis un peu…

…d’origine Russe.
Voilà t’as tout dit, le tempérament s’y prête pas toujours.

Tu as décidé de faire du rap de puriste parce qu’en tant que blanc c’était ça ou jouer la carte du rappeur psychopathe, c’est bien ça ?
Non, on peut faire ce qu’on veut. Par exemple je sais pas dans quelle case est Nekfeu.

C’est un puriste repenti. On le soutient dans son combat pour ne pas replonger.
[Rires] Perso, je suis bien où je suis. Tout le monde a sa place partout.

A la mort de Prodigy , tu es allé brûler un cierge ?
Non mais j’ai eu une grosse pensée. Du coup le cierge c’était ma clope. Une grosse pensée parce qu’il a apporté tellement. C’est regrettable pour le mouvement hip hop. Heureusement ça fait partie de ces gens qui ne partent pas sans rien laisser derrière eux. Il a marqué l’Histoire, il a le tampon, panthéon. Ça restera un ensemble de bons souvenirs.

Est-ce que comme beaucoup de puristes tu considères comme classiques des sons dont tu ne comprends pas les paroles ?
[Rires] C’est resté juste musical honnêtement. Parfois je cherchais sur le net pour certains sons, pour savoir ce qu’ils disaient mais les 3/4 du temps j’écoute pour le flow et la musique.

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Tu es un spécialiste des accélérations, ce qui était le cas de Gims quand il s’est fait connaître avec la Sexion. Du coup, tu pourrais finir chanteur et te faire courtiser par les Enfoirés dans quelques années ?
Non, je vais pas te mentir, c’est peut-être radical mais pour moi les Enfoirés ça ressemble au Pôle Emploi du son. On dirait des gens en fin de carrière. Franchement pour m’appâter là-bas il me faudrait une belle dose de vodka. Je serai bien bourré si tu me vois chez eux… Je sais vraiment pas chanter, ça me plairait pas d’essayer. Chantonner des refrains comme sur « A découvert », ouais. Sans autotune parce que ça ajoute un côté synthétique et j’aime l’âme d’un son. C’est bien comme invention pourtant, les gars peuvent faire leurs refrains et enfin mettre les chanteuses RnB à l'amende [Sourire].

Attends, tu viens de dire du bien de l’autotune ? Tu ne considères pas ça comme une invention du diable ?
Pffiou, invention du diable, non, c’est un bien grand mot. Maintenant, c’est vrai que le mérite ne revient plus au kickeur mais à l’ingé son qui a bossé dessus. C’est très déstabilisant pour un mec qui vient du freestyle, je pense que c’est pour ça qu’on fait de moins en moins de vrais freestyles.

As-tu déjà porté des t-shirts « Le rap c’était mieux avant » ?
J’ai déjà porté des t-shirts « Le rap c’est mieux maintenant ». C’est possible que j’ai eu en ma possession un t-shirt « Le rap c’était mieux avant » mais je l’ai jamais porté. Je peux pas adhérer : déjà avant, moi j’étais pas là, donc je peux pas savoir [Rires]. Et ceux qui font semblant, ouais… On n’en sait rien, en vrai. Peut-être que l’identité était plus forte parce que le mouvement était plus stigmatisé, aujourd’hui on est la musique la plus consommée dans le monde… Franchement, non, le rap c’est vraiment mieux maintenant.

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Quand tu vois des mecs prendre 5000 pour un showcase de 20 minutes en playback pendant que tu prends 10 fois moins pour un concert d’1h, tu te dis « c’est pas grave, je représente le vrai rap » ?
[Rires] J’ai la chance de pouvoir faire pas mal de salles indépendantes, j’ai un bon tourneur qui s’occupe de moi. Avant c’était les organisateurs qui venaient nous chercher en direct. Et au tout début, on démarchait les bars, avec des cd gravés, ils écoutaient jamais. On a dû faire tous les bars de Stalingrad, pour 2-3 plans en un an. Je faisais beaucoup d’open mics sinon. Mon conseil ce serait d’ailleurs de multiplier les open mics, histoire de faire ses preuves avant de se frotter à la scène, vraiment. Et faut démarcher, je pense, les plans viendront pas comme ça malheureusement.

Du coup tu n’as pas de mauvais souvenir sur scène, ça reste la base pour partager ta musique.
Y’a pas si longtemps je me suis cassé la gueule sur scène. On fait un son où on jette de l’eau dans le public et mon backeur a fait l’erreur de jeter plus d’eau sur scène que dans la fosse. C’était à Evry. Je commence le son et paf, je glisse. Je l’ai pas vu arriver mais j’ai jamais arrêté de rapper. Même par terre, je rappais. Donc au final le public se foutait pas trop de ma gueule, ils étaient surtout étonnés de me voir continuer de rapper sur le sol [Rires]. Sinon que des bons souvenirs, le public te soutient, c’est fort.

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Quand le rap se mélange à d’autres styles, considères-tu ça comme un acte contre-nature genre zoophilie ?
[Rires] Non, tout peut se mélanger, suffit juste de savoir si tu fais du rap ou pas. C’est la base pour moi le rap. Après des branches parallèles grandissent et s’en cachent pas : ils ont tous leur appellation. Trap, Afro-trap, etc. Maintenant quelqu’un qui ne ferait que chanter sous autotune, je trouve pas que ce soit vraiment du rap, peut-être que c’est plutôt de « l’électro-chanson » ou de l' « électro-variet' » mais ça les empêche pas d’être bons dans ce qu’ils font.

Détestes-tu tous les rappeurs américains qui ne viennent pas de New York ?
J’ai suivi de loin le débat East Coast vs West Coast. Je suis pas plus Biggie que Tupac, parce que je suis plus rap français, tout simplement.

Du coup Cam’ron, tu le vois comme un rappeur new-yorkais ou une anomalie ?
[Silence puis sourire] C'est qui, Cam’ron ?

Sérieux ? Ah merde.
Je t’avoue que je vois à peu près mais j’ai jamais creusé. C’est jamais arrivé dans mes oreilles. J’avais des potes qui écoutaient mais c’est tout. En cainri, moi, c’est Jedi Mind Tricks, Immortal Technique, Wu-Tang, Cypress Hill, Eminem, Onyx…

Forcément. Fais-tu partie de ces gens qui pensent que le freestyle anti-Trump d’Eminem a sauvé l’année du rap US ?
Je fais partie de ces gens qui ne l’ont pas vu. J’en ai entendu parler, je sais que c’était contre Trump. Ça a rien sauvé du tout. Et puis faudrait que je vois la version sous-titrée. J’aime bien ce qu’il fait, il est technique, qu’on le veuille ou pas, il s’adapte à tout, il sait tout faire de toute façon… Il a sa place au panthéon aussi ce gars-là. Il se fait vieux, mine de rien. Je suis choqué, les artistes qu’on a écoutés petits, on se rend pas compte mais ils prennent de l’âge…

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T’es tu déjà réveillé en sueur à cause d’un cauchemar où tu faisais de la zumba ?
Tous les jours. C’est horrible, je m’imagine en train de taper des chorés et tout. Je laisse ça aux gens qui savent faire. Moi si je danse t’as l’impression de voir un asticot qui se débat. C’est vraiment pas pour moi.

Quand tu vois un rappeur devenir grand public, est-ce que tu te dis « s’il veut de l’argent il a qu’à retourner vendre du shit » ?
[Rires] S’il est devenu mainstream, c’est pour vendre sa musique. Et s’il y arrive c’est que ça parle à des gens. Donc je suis pas de ceux qui peuvent dire « faut qu’il arrête » dès que ça me parle moins. Non, qu’ils continuent à faire leurs affaires, après la question c’est : quel est ton but ? Perso faut d’abord que ça me plaise à moi, et je fais de la zic qui me plaît, donc pour moi j’ai gagné.

Quand MC Jean Gab’1 a sorti « J’t’emmerde », as-tu été choqué au point de devoir suivre une thérapie ?
Bon, il avait clashé tout le monde. Je suivais de très loin et j’étais pas du tout dans le milieu. Ça me faisait marrer, je comprenais pas le pourquoi du comment, ça partait dans le physique après. Ça créait ce petit côté Secret Story du rap mais ça pisse pas loin, au final, c’est terminé tu vois.

Penses-tu que le retour de NTM peut sauver le rap français ?
Non, ils ont leur tampon, ils sont forts, mais j’attends rien de spécial. Je pense pas que ça puisse sauver quoi que ce soit. Ils se sont tellement éteints pendant un moment que la nostalgie ça va être d’attendre ce qu’ils faisaient avant. C’est pour ça que c’est un risque de refaire de la nouvelle musique. Surtout qu’ils ont déjà fait des classiques, l’album Suprême NTM pour moi ça suffit amplement, si on devait en garder qu’un. Ceci dit quand Kool Shen est revenu en solo j’ai trouvé qu’il se démerdait pas si mal que ça, qu’il s’adaptait plutôt bien à la nouvelle époque. Les anciens qui reviennent c’est qu’ils ont toujours des choses à dire. Et on vous écoutera.

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Tu as donc sauté de joie en apprenant le retour de Solaar ?
Pas plus que ça. Parce que je me suis pas retrouvé dans les derniers extraits. Mais lui aussi a fait suffisamment de classiques pour avoir son tampon, moi en tout cas je m’y retrouve. Je préfère toujours garder les bons souvenirs.

Après avoir enregistré le morceau « Egotrap » qui flirte avec les tendances actuelles, tu t’es désinfecté ?
[Rires] Non, c’est plus hybride, de la trap mais pas électronique, y’a un sample. Ça donne le sentiment et la rythmique que je voulais. Et faut être VTT, savoir kicker sur n’importe quel beat. Donc non, je me suis pas désinfecté, à part si boire une bouteille de vodka ça compte.

Si tu perces et que tu pètes le score, tu comptes changer ton pseudo en Dachampagne ?
Si je perce vraiment au niveau supérieur… Non, je crois que je m’appellerai pas. Du tout. Pour moi, y’a pas de niveau supérieur, j’ai pas envie de faire un gros truc et me casser la gueule après. Et je pense pas pouvoir, j’arrive pas à faire des choses dans la tendance. Faut un talent pour ça : savoir se vendre, c’est un talent en vrai. Je préfère faire des sons qui me ressemblent.

Tu as continué d’aller les concerts d’IAM dans les années 2010 ?
Non. Dernièrement, j’ai moins accroché. J’ai pas suivi leurs derniers projets. Je suis peut-être trop nostalgique. Mais ça reste des gens qui ont un pur talent. IAM c’est L’Ecole du micro d’argent, ça me suffit. On peut pas tout aimer dans une discographie, y’a toujours un projet qui ressort plus. Je vais pas faire le mytho, j’ai jamais aimé 100 % des sorties de qui que ce soit.

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Quand ton backeur se plante sur scène, est-ce que tu lui fais un sermon sur l’importance des valeurs du hiphop ?
Non, on est humains ! Et surtout on s’éclate, avant tout. Il se vautre, tant pis, le public est là pour chanter à sa place. En plus mes backeurs sont des potes d’enfance, on va pas finir sur un malentendu à cause de ça.

Tu as déjà dit « pas grave on va partir en impro » après avoir foiré un couplet en live ?
Non. Franchement je l’ai jamais fait, trop risqué [Rires] À une époque, je tenais un peu la route en impro mais maintenant, je suis une bille. Si j’arrive à te faire une multisyllabique en impro faut péter le champagne pour le coup. Manque d’entraînement. J’ai fondé une famille, je fais pas encore freestyler mon fils, il a que deux ans. Et puis chaque rappeur a toujours une astuce comme dire ou épeler leur blase au début pour avoir le temps de réfléchir à la phrase suivante. C’est marrant.

Si ton fils devient fan de Young Thug, tu le renies ?
Nan nan [Rires] J’essaierai de lui faire partager ce que j’aime mais chacun ses goûts, c’est pas parce qu’untel aime une émission télé qu’il doit forcer sa famille à la mater tous les jours avec lui. Non, il fera ce qu’il veut. Je l’aurai peut-être saoulé avec ma musique ! [Rires] « Ouais, papa ta gueule ».

Lors des hommages aux rappeurs morts, est-ce que tu as l’habitude de systématiquement rayer les noms des rappeurs du Sud ?
Je raye rien du tout. J’entoure [Rires].

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En tant que mec à l’ancienne, tu as un avantage sur les autres : on peut pas t’accuser d’acheter des vues, parce que t’as pas d’argent.
[Rires] Je vois déjà que les vues ont grave augmenté, c’est positif même si tout ne se joue pas sur les vues. Je préfère que les gens se déplacent en concert. Par contre les commentaires c’est un fourre-tout. Des haters, des mecs qui viennent te faire la pubs de trucs qui n’ont rien à voir « hé la baguette de ma boulangerie elle tue » mais on parle de rap, on en a rien à foutre. Ce que les gens disent je m’en fous un peu en général.

Tu n’as jamais pensé à un partenariat avec Red Bull ?
Pas du tout. Que ce soit eux ou Poliakov ça n’a pas vraiment d’intérêt. C’est pas très hiphop le Red Bull…

C’était juste pour faire Davodka-Redbull en fait.
Ouais mais les T-shirts que je fais actuellement sont déjà sous forme Absolut niveau logo. L’idée d’un pote à moi, pour me rendre alcoolique jusqu'au bout, sûrement [Rires]

Es-tu nostalgique de trucs que tu n’as pas connu, comme la grande époque des freestyles radio ?
Moi je kiffe ça. Il n’y a pas de triche, tu te vautres, tu te vautres. Et c’est pas grave ! Ça fait partie de l’exercice. Aujourd’hui, on a les freestyles face caméra, ça me convient, j’en fais de temps en temps, des vidéos one-shot. Pour prouver que y’a pas de triche.

Tu penses qu’un jour tu seras capable de faire un morceau sans que le titre soit un jeu de mot ?
Je l’ai déjà fait, t’abuses [Rires]. « Insomnie » c’est pas un jeu de mot. Mais c’est vrai que j’aime ça. Ça ajoute un truc, c’est une sorte de Kinder Surprise. Certains percutent tout de suite, d’autres un peu plus tard, c’est marrant.

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Tu es un grand amateur du fast-flow, quand tu as vu Hayce Lemsi débarquer, tu t’es dit « il me pique mon travail » ?
[Rires] Non, je me suis dit qu’il était fort. C’est un voisin en plus. On s’est jamais croisés parce que je suis de Guy Moquet, il y a la frontière XVII-XVIIIe, mais on est à côté. Le mec est fort, je lui souhaite la réussite.

En parlant de réussite, tu es bousillé au point de ne jamais avoir eu de taf en dehors du rap ?
Si, y’a 8 mois je travaillais encore d’ailleurs, j’étais serveur. Faut subvenir aux besoins de ma famille quand même !

Attends, serveur ? Mais c’est pas très street-cred ça.
Pas grave, la street-cred c’est éphémère [Sourire]. Être street-cred à 50 ans, viens on se marre, je sors les pop corn. Je pensais pas pareil à 20 ans qu’à 30, etc. À une époque, tu m’aurais jamais fait écouter un son tendance, je t’aurais dit « éteins moi cette merde ». Aujourd’hui, je suis plus ouvert et je comprends les goûts de chacun. Jul et PNL je comprends par exemple, même si c’est pas pour moi. Mais que ce soit eux ou de la trap, je fais pas une allergie quand ça passe.

J’imagine que tu n’as jamais dabbé de ta vie.
Un dab pour moi c’est le commando Ginu dans DBZ. Je suis trop old school pour ça [Rires]. Je peux te le faire pour rigoler tiens [il dabbe]. Ce qui me plaît pas j’écoute pas mais c’est bon c’est fini les guéguerres. Faut capter aussi que des gens veulent juste s’enjailler, sans t’écouter raconter ta vie.

Par souci d’honnêteté envers ton nom de MC et donc l’esprit hip hop dans sa globalité, tu te forces à enregistrer sous tise ?
Les 3/4 du temps je suis plus fier des morceaux que j’enregistre sous alcool que du reste.Ça reste à boire par exemple c’est ça, du coup ça s’entend un peu au niveau articulation.

Mais… Tu ré-enregistres pas ?
En fait, je fais presque jamais de maquette. La première fois c’est la bonne en général, le sentiment est là, moins il y a de délai entre l’écriture et la pose, mieux c’est, sinon on tombe dans la récitation.

Garder l’authenticité du premier jet.
T’as tout dit.

Pris hors contexte ça peut avoir une connotation sexuelle mais ouais c’était bien résumé de ma part. Un dernier mot ?
Moi à chaque fois je termine par « santé » : na zdrowie!

D’ailleurs, tu te verrais rapper dans la langue de tes origines juste pour tester un jour ?
Je parle pas russe, niet. C’est triste. J’aimerais bien tester un jour, je sais pas si ça rime bien comme langue. Rap russe, rap allemand, rap serbe, ça kicke de fou. Mais très à l’ancienne. D’ailleurs y’a un site, rap.ru, qui est à mort sur le rap français, moi ça fait des années que je retrouve mes projets dessus le jour de leur sortie. Ils sont aux aguets.

Et niveau beatmaking ?
Ma famille avait des vinyles russes, j’ai plus les noms mais j’avais samplé quelques trucs. Mais c’est jamais sorti. En fait je fais énormément d’instrus que je coffre de côté. À une époque je les vendais, mais plus maintenant, donc ça dort dans un disque dur à la maison. Yérim Sar est sur Noisey.