Miley Cyrus, Mark Ronson, country pop
Illustration : Esme Blegvad

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Music

Et si, en 2019, Miley Cyrus arrêtait enfin les conneries ?

Après des années à twerker n'importe comment et à enregistrer avec n'importe qui, la popstar vient peut-être, en cette fin d'année, de sortir son meilleur morceau.
Daisy Jones
London, GB
EB
illustrations Esme Blegvad

En 2012, le jour de Noël - quelques mois avant qu'elle ne fasse soulever par un boulet (de démolition) dans le clip de « Wrecking Ball » - Miley Cyrus sortait une vidéo d'une reprise de « Jolene » de Dolly Parton enregistrée dans son jardin. C'était la dernière d'une série de trois dans lesquelles la chanteuse reprenait certains de ses morceaux préférés, en version acoustique et réduits au strict minimum. La version de « Jolene » est sans aucun doute la meilleure du lot ; la voix de Miley y est riche et naturelle, pleine de nuances et de profondeur, rehaussée par cet accent country nasillard caractéristique. Elle y chante comme si elle n'avait pas seulement grandi au son de la chanson, mais elle se l'approprie comme si elle avait vécu elle-même ce dont parle le morceau.

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Deux ans auparavant, alors qu'elle avait 18 ans, Miley Cyrus chantait déjà « Jolene », cette fois en duo avec Dolly Parton dans le Tennessee. Parton étant sa marraine, et les deux ont partagé une amitié particulière depuis la naissance de Miley. Leur duo était charmant, leur harmonies se mêlant parfaitement l'une à l'autre. Près d'une décennie plus tard, elles se retrouveraient ensemble sur le morceau « Rainbowland » de l'album Younger Now - même si on vous pardonne d'être passé à côté. « Je pense que celle-là peut fonctionner, tu ne penses pas ? », entend-on Dolly demander à Miley à travers le combiné au début du morceau. « Sinon, comme je t'ai dit, je t'écrirai une chanson d'amour… »

La raison pour laquelle je parle de tout ça, c'est parce que Miley a eu maintes fois l'occasion de nous montrer de quoi elle était capable durant sa carrière. Ou, plus précisément, de nous montrer les signes extérieurs de son talent, mais sans jamais vraiment concrétiser ce dernier. Elle sait chanter, ça on l'a plus ou moins toujours su, mais c'est comme si elle avait rechigné à utiliser sa voix à bon escient - tout du moins jusqu'à la semaine dernière, où elle sortait « Nothing Breaks Like a Heart », nouveau morceau enregistré avec Mark Ronson.

Et pour une fois tout fonctionne - enfin pas tout de suite. Le morceau débute assez péniblement, comme tout un tas de dégueulasseries du genre, puis se dévoile peu à peu sans crier gare. « This world can hurt you / It cuts you deep and leaves a scar», commence-t-elle à chanter, sa voix grave glissant sur des cordes disco, le tout agrémenté de paroles à la fois sages et mélancoliques, comme toute bonne vieille chanson de country pop qui se respecte : « Things fall apart, but nothing breaks like a heart / Nothing breaks like heart… » Puis la ligne de base apparait, le rythme se déploie lentement, et d'un seul coup l'auditeur se retrouve transporté sans vraiment s'en rendre compte. Le morceau pourrait presque être vu comme un décalque de « Jolene », mais c'est tout autre chose : une fois passé le refrain, on ne sait plus trop sur quel pied danser, verser une larme ou commencer à danser le quadrille.

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Le sentiment d'authenticité qui traverse le morceau est quelque chose que les fans de Miley Cyrus attendent sûrement depuis des années. Mais il faut dire que le chemin pour y parvenir a été un peu ardu. Vous vous souvenez quand elle se servait de Mike WiLL Made-It, qu'elle twerkait n'importe comment et avec n'importe qui, avant de faire des remarques hyper gênantes sur la culture afro-américaine ? Ou quand elle enregistrait un album de 23 morceaux mi-potables mi-inutiles avec Wayne Coyne ? Ou quand elle l'a enfin sorti, son album country, et que son délire de « pureté » a foutu la honte à à peu près tout le monde ? Et si certains morceaux comme « Miss You So Much » étaient à peu près ok, ils faisaient bien pâle figure face aux disques de Kacey Musgrave, ou justement Dolly Parton.

Mais Mark Ronson, quoiqu'on pense du mec, a pour lui cette qualité de tirer le meilleur de ses interprètes. Dans le passé, on a eu droit à la cover de « Valerie » des Zutons par Amy Winehouse (bien que son talent n'ait jamais vraiment eu besoin d'être boosté). Il y a aussi eu « Uptown Funk» avec Bruno Mars, un morceau atroce certes, mais que pas mal de gens semblent avoir apprécié. Il y a aussi eu tous les trucs qu'il a faits avec Lady Gaga, son album Joanne, ou plus récemment son morceau « Shallow ». Donc le fait que sa collaboration avec Miley fonctionne n'est pas vraiment une surprise. Elle y présente ses plus brillants atours, avec cet accent nasillard caractéristique du Tennessee, et Ronson donne une inflexion triste à l'ensemble, une production teintée de country qui sied à merveille au timbre de Miley Cyrus.

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« Nothing Breaks Like a Heart » apparaitra sur le prochain album de Mark Ronson aux côtés de Lykki Li, KIng Princess, Yebba and plein d'autres. Apparemment le disque a été influencé par son récent divorce, ce qui est toujours pas mal pour ceux qui, comme moi, trouvent ses premiers morceaux, leurs clappement de mains et leurs trompettes guillerettes absolument insupportables. Et aussi pour ceux qui pensent que la musique triste soit le seul type de musique valable.

Plus intéressant : c'est sûrement le meilleur truc que Miley ait fait depuis un bout de temps - depuis toujours ? Dans cette collab', elle s'y présente comme une femme qui vient de se débarrasser de son bon à rien de mari, et s'échappe à travers la nuit, de motel en motel, vêtue d'une robe de mariée et d'une étincelle dans le regard. Je sais, c'est une image très spécifique, mais j'aimerais en voir plus du même genre de la part de Miley Cyrus en 2019. Beaucoup plus.

Cet article a d'abord été publié sur Noisey UK.

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